Bienvenue à Boboland – Avis +

Résumé

Paris, 10e arrondissement.
Les enfants de Don Quichotte ont focalisé l’attention sur un quartier qui regroupe de nombreux jeunes couples ou trentenaires possédant un coeur en or, comme leur compte en banque…

Avis de David

Plus qu’une bande-dessinée, les auteurs de Monsieur Jean et de Henriette nous livre ici une enquête de terrain « sérieuse » pour reprendre leur expression.

Effectivement, on se demande s’ils ne sont pas mis à un bistrot près du canal Saint-Martin pour croquer les passants et nous livrer ici les travers de ce qu’on appelle les Bobos. Appellation qui englobe beaucoup de personnes mais jamais ceux qui l’utilisent, évidemment. Il est vrai que le bobo est une espèce en plein boum, adepte de la pédale (je parle du Vélib’ .. à quoi croyez-vous que je fasse allusion ?) dans Paris, soucieux de santé, de design hype et des bars tendances.

Les auteurs décortiquent le mouvement de leurs plumes trempées dans du sang de Bobos, fort acide comme chacun le sait. De l’achat d’appartement à celui d’objet hors de prix, inutile mais tendance, de l’éducation laxiste et égoïste des enfants, les bobos sont écorchés pour notre plus grand plaisir. Leur paternalisme empreint de fausse compassion envers les sans-abris est montré de même avec cruauté et réalisme. Les textes sont superbes d’ironies et les dialogues font mouche à chaque coup.

Le plus intéressant est de rire à l’idée de ces bobos qui riront d’eux-mêmes sans s’en rendre compte à la lecture de ce pages. Car finalement, nous ne pouvons que tous nous reconnaitre dans cette bande-dessinée très intelligente.

Avis de Valérie

Les bobos sont les enfants de la gauche caviar, qui après avoir vécu dans le faste se sont découvert une conscience en crise. Ils se sont jetés sur toutes les causes hypes afin de vivre dans le compromis de la bonne action gratifiante et du plaisir égotique.

Loin de la légende que des gens comme le chanteur Renaud véhiculent, les bobos existent. Ils utilisent le Velib pour sauver la planète mais écrasent l’imprudent passant qui souhaite traverser dans les clous et qui obligerait cet orgueilleux modeste à ralentir. Ils donnent aux bonnes oeuvres tout en méprisant l’inculture du pauvre. A la fois pompeux et attendrissants, les bobos ne sont pas seulement une tribu essentiellement parisienne, mais plutôt une phase post-adolescence attardée ou périmée.

Dupuy et Berberian l’ont si bien compris que pour peu que vous connaissiez le fameux quartier près du canal Saint-Martin, vous avez l’impression de reconnaître les protagonistes. Acides et humoristiques, les dialogues frappent forts et biens. Intelligent et hilarant, on se moque d’un comportement, mais pas d’une personne. Contrairement à mon confrère David, en tant que quadra, je ne suis pas concernée par cette phase et je peux donc rire sans arrière pensée en me moquant même de lui.

Fiche Technique

Format : album
Pages : 56
Editeur : Fluide Glacial
Sortie : 28 mai 2008
Prix : 11, 95 €