Interview avec Catherine Jacob

Onirik : Votre biographie est aussi riche de projets au cinéma et à la télévision avec également du théâtre, quoique un peu moins…

Catherine Jacob : Ça dépend ! Actuellement, je suis d’ailleurs en train de travailler sur un projet Théâtre. Mais c’est toujours plus long lorsqu’on accepte une pièce, et c’est surtout une question de projets que l’on me propose et que je choisis.

Onirik : Comme les Katz ?

Catherine Jacob : Pascale Breugnot m’en a parlé courant 2011, alors qu’ils n’étaient qu’encore dans le pitch, les affres de la production et les accords avec la chaîne. A ce moment là, il n’y avait pas d’acteurs… Puis il y a eu Julie Depardieu, nom important pour la chaîne, sans elle, ils refusaient de s’engager.

Onirik : C’est Julie Depardieu qui vous a motivé à accepter ce rôle ?

Catherine Jacob : Non, j’avais déjà accepté avec Pascale. Je savais qu’avec elle, ce ne serait pas du baby food.

Et Julie a également été importante pour nous, elle est tellement le rôle… Lisette Katz, ce n’est pas moi… mais Théa c’est tout à fait elle !

Onirik : Mais tout le casting semble être au diapason, même les petits jeunes qui n’ont pas encore de carrière cinématographique étaient très bons

Catherine Jacob : Oui tout à fait. Personnellement j’ai aussi été très honorée de travailler avec les ‘Cohen’ (NDR : les grands parents dans la série), Claire Maurier et Jacques Boudet. Ils sont les grand-parents de Lenny (Serge Hazanavicius) et Théa (Julie Depardieu) et les ont élevés après le suicide de leur fille. L’époux de cette dernière, Samuel Katz, en a profité pour s’enfuir et a refait sa vie avec mon personnage. Ensemble ils ont un fils de 19 ans, Ben (Alexandre Tacchino).

A la mort de Samuel (déguisé en Père Noël et dans les bras d’une prostituée), elle va apprendre qu’elle hérite de 27 % des parts de la société de sécurité familiale. Elle va alors se battre pour monnayer l’héritage pour son fils. Lisette Katz, c’est un peu mon fils, ma bataille !

Onirik : Le personnage de Lisette a été présenté dans la presse comme négatif, comme une traitresse, pourtant…

Catherine Jacob (interrompant la question) : Ce n’est pas un personnage négatif, c’est une femme qui arrive dans une famille soudée, comme un chien dans un jeu de quilles. Et il ne faut pas oublier qu’elle a reçu un choc, que la mort de son mari dans les conditions que l’on a décrites a de quoi rendre marteau. Et je ne crois pas que ce soit un personnage négatif.

C’est aussi une femme qui a beaucoup d’heures de vol, elle va apporter aux Katz son expérience et son bon sens. Elle a le culot de s’incruster chez eux, et constater qu’ils sont un peu mous du genou. Elle n’a pas fait d’études mais avec l’aide de Bruno (Alain Bouzigues), l’ami de Lenny et père du bébé de Théa, elle va booster la société pour la revendre au meilleur prix.

Et c’est aussi une bosseuse et elle n’hésite pas à utiliser le ‘petit’ Alzheimer flottant de Ozie Katz qui la prend pour sa fille décédée pour avancer ses avantages.

Vis à vis du personnage de Julie (Théa), je n’ai aucun souci car c’est une femme bienveillante avec moi. Ce qui n’est pas le cas de Lenny.

Onirik : Un petit peu quand même, à la fin ?

Catherine Jacob : Non pas du tout bienveillant… le ‘rapprochement’ de la fin je pense que c’est une erreur. Et puis Lisette va ranger ses armes, elle n’est pas là pour faire la guerre mais pour gagner l’héritage de son fils. D’ailleurs le jeune Alexandre Tacchino procure un plaisir à jouer avec, avec lui c’est du papier de soie.

Onirik : La série est présentée comme une série comique, c’est pourtant tout autant tragique que comique

Catherine Jacob : C’est pour attirer le chaland (sourire en coin)… Mais cela reste très drôle, acide – on peut dire tragi-comique – et c’est très enlevé. Il n’y a pas de pathos, je n’aurais pas supporté. Chaque acteur fait poser des questions au spectateur…

Onirik : Pourriez-vous accepter de vous engager dans une mini-série comme on en voit de plus en plus et dont les moyens et les scénarios sont bien meilleurs qu’auparavant ?

Catherine Jacob : Je ne peux pas vous dire, je n’ai pour l’instant rien vu de particulier. Je viens de tourner dans un film à mi-chemin de la fiction et du documentaire 3 Mariages et 1 coup de foudre de Gilles de Maistre. C’était à la limite du conceptuel, pas de chef op’, pas d’électro, pas de machino… des plans à l’arrache, d’autres très préparés, et en même temps j’ai fait un beau voyage, l’aventure était là. Le tournage se déroulait en Israël et à Paris. Je tournais avec Helène Noguerra, Elisa Tovati et Mylène Demongeot.

Onirik : Et une deuxième saison des Katz peut être envisagée ? Car à la fin du sixième et dernier épisode, le spectateur attend une suite !

Catherine Jacob : Ah, je ne sais pas encore, on en parle mais ça dépend du bilan. Mais si le spectateur attend une suite, c’est mieux ! Je pense qu’on serait partants, bien que les décisions se prennent au-dessus, avec la chaîne, selon les taux d’audience…

Onirik : Avez-vous un secret de longévité ?

Catherine Jacob : L’idée, c’est de tenir. J’ai connu des acteurs qui sont apparus et ont disparu comme des comètes ! Les gens évoluent également. Auparavant, il était rare qu’une actrice de plus de 25 ans puisse continuer à tourner.

Onirik : Ça tient sûrement aussi de votre personnalité ?

Catherine Jacob : Oui, peut-être des deux. A plus de cinquante ans, je continue de beaucoup tourner et c’est la preuve que les mentalités changent un petit peu (sourire).

Onirik : En tout cas merci, c’était un plaisir de vous rencontrer

Catherine Jacob : Merci, mais attention, je ne veux pas entendre que Lisette est un personnage négatif (sourire) !

Il reste deux épisodes aux téléspectateurs pour se faire une idée, mais il est sûr que Lisette Katz est comme le sel : un véritable exhausteur de goût qui révèle les autres ingrédients et peut également piquer… un peu !

Crédit photo : Valérie Revelut pour Onirik