16 Lunes – Avis +

Présentation de l’éditeur

J’ai longtemps rêvé de cette fille. Elle apparaissait dans un cauchemar où, malgré tous mes efforts, elle tombait sans que je ne puisse la sauver. Je me savais lié à elle d’une façon particulière. Et puis un jour, elle est arrivée en chair et en os au lycée de Gatlin, notre petite bourgade du Sud des Etats-Unis. Elle était belle et mystérieuse.

Si j’avais su qu’en même temps que cette fille, dont j’allais tomber éperdument amoureux, surgirait aussi une malédiction… Nous étions menacés. Et cette fois, j’allais devoir la sauver…

L’amour sera-t-il plus fort que le destin ?

Avis de Francesca

Editeur du phénomène Twilight, la maison Hachette croit beaucoup en 16 lunes pour éventuellement prendre la relève et mise donc depuis des mois sur cette nouvelle série à renforts de choix de la couverture, d’extraits en avant première et même d’une rencontre avec l’un des deux auteurs pour quelques chanceux. Vu le succès rencontré par la saga de Stephenie Meyer, nul doute qu’il sera difficile d’y parvenir. Et pourtant, l’ère des vampires s’éteint doucement pour laisser place à d’autres créatures fantastiques, telles que les fées, les sorcières ou… les Enchanteurs.

Ethan est un garçon de 16 ans tout ce qu’il y a de plus banal, qui est né et vit dans la petite ville provinciale de Gatlin, comme son père et tous ses ancêtres d’ailleurs. Gatlin est une ville sudiste, qui ne se remet toujours pas de la Guerre de Sécession, et dont tous les habitants se connaissent depuis des générations et qui vivent en vase clos et ne supportent pas les étrangers. L’arrivée d’une nouvelle au lycée, Lena, est donc un bouleversement qui va rapidement se transformer en lynchage lorsqu’on apprend sa filiation avec un vieil excentrique vivant en marge de la bonne société de Gatlin, et que des évènements étranges se produisent autour d’elle. Cependant, Ethan se sent relié à elle depuis le début, à travers ses rêves et tente d’entrer en contact avec elle, au risque de se couper de ses amis et ses connaissances de toujours. Commence pour lui une étrange plongée dans un monde magique et étrange où le danger provient du passé.

Ce roman a donc l’originalité de parler d’une espèce encore rare dans la littérature et surtout d’avoir un garçon comme narrateur. En effet, il est assez probable que ce livre sera lu en grande majorité par des filles, mais avoir un point de vue masculin, et ce de bout en bout de l’histoire, est assez révolutionnaire pour qu’on le mentionne. Néanmoins, l’innocence et la naïveté de ce garçon de 16 ans (réels) font qu’il n’y a pas vraiment de transgression dans la description de ses pensées ou même ses actions. On pourrait parler d’un jeune garçon en fleur sans exagérer, la sensualité, sans parler de la sexualité, étant totalement absente de ce roman. Dommage. Mais peut-être que dans 17 lunes, la suite qui paraitra dès qu’elle sera écrite, sera-t-elle développée pleinement, confirmant le cliché des hormones qui bouillonnent chez les adolescents ? En tout cas, ce n’est pas encore le cas pour l’instant.

Et pourtant, l’histoire est tout ce qu’il y a de plus enchanteur avec les émois d’un premier amour innocent et puissant, dont les deux adolescents ne peuvent et ne veulent se défaire, malgré tous les obstacles qui les séparent. Ils sont tellement liés l’un à l’autre qu’ils peuvent communiquer simplement par la pensée et chacun est prêt à faire un pas vers l’autre et à entrer dans le monde de l’autre, sans filet, par amour. Ethan est un garçon très amoureux, qui fait fi de tous les préjugés et est prêt à tout pour que sa belle soit heureuse, y compris braver ceux qu’il aime le plus, en particulier, Amma, la gouvernante qui l’a élevée et qui est la seule qui se soucie de lui depuis la mort de sa mère et la dépression de son père. Le récit parle également du poids des traditions et de la famille avec une existence réglée comme sur du papier à musique dans une petite ville conservatrice et peu tolérante avec ce qui est différent. Ethan rêve depuis le départ d’échapper à cet étouffement lent mais insidieux, ce qui le place surement comme le candidat idéal pour accepter toute cette aventure étrange.

Car en dépit de tous ces thèmes finalement très banals, la dimension fantastique est présente et se développe au fil de l’évolution de l’histoire et de la découverte de cet univers insoupçonné par Ethan et donc par le lecteur par ricochet. Lena est une jeune fille de 15 ans qui s’est toujours sentie en marge des autres adolescents et n’aspire qu’à une vie normale auprès d’eux bien qu’elle soit différente et que toute sa famille la surveille avec tendresse mais inquiétude. Ses pouvoirs sont réels et la terrifient car elle ne les contrôle pas parfaitement et peuvent devenir dangereux. Son amour pour Ethan la ravit mais l’angoisse à cause des différences qui les séparent. La magie flotte partout dans cette atmosphère féérique, certains passages entre Ethan et Lena sont très beaux, et même s’il y a des éléments perturbateurs alors que le Bien et le Mal s’affrontent, les manifestations sont belles mais peu violentes textuellement. Magie, vaudou, croyances légendaires et histoires adolescentes très contemporaines se mélangent dans ce roman très joli mais avec peu d’aspérités, excepté de la part de certains personnages secondaires comme Link, le meilleur ami d’Ethan, ou un membre de la famille de Lena.

Une menace plane tout le long du livre sur Lena et Ethan, mais finalement cela retombe un peu comme un soufflé à la fin, ce qui permet de penser logiquement à une suite. Avec un buzz savamment orchestré sur Internet, la sauce peut prendre, mais mieux vaut attendre la suite, 17 lunes, dont la date de sortie n’est pas encore annoncée, afin de savoir si l’engouement sera vraiment au rendez-vous.

Avis d’Elaura

Voilà, d’après l’éditeur, le Black Moon le plus attendu de l’année, et force est de constater… que ce livre le mérite amplement. Prés de 600 pages d’une grande intensité, dans la tête d’un ado de 16 ans, amoureux de littérature au sein d’un lycée qui ne jure que par son équipe de basket et ses cheerleaders.

Ethan est un jeune homme un peu à part dans l’univers feutré de Gatlin, petite ville du sud des Etats-Unis où l’on célèbre la Guerre de sécession comme si sa vie en dépendait. Déjà, il est fils d’enseignant et d’historien. Ce qui, en l’occurrence n’a rien d’extraordinaire, sauf à Gatlin où parler de Bukovski ou de Harry Potter revient au même, c’est-à-dire se vouer à l’enfer. L’enfer étant bien sûr les âmes bien pensantes du coin, qui veillent à ce que sa jeunesse dorée ne croise aucuns étrangers susceptibles de leur mettre des idées folles en tête.

Ethan se sent donc très étriqué dans cette petite ville d’où son père est originaire. En parlant de son père, il passe toutes ses nuits enfermé dans son bureau à écrire et ses journées à dormir depuis que sa femme est morte. Ethan, quant à lui, fait d’étrange rêve depuis le décès de sa mère. Il rêve d’une jeune fille qu’il doit sauver et d’une douce mélodie, entêtante, persistante qui l’accompagne tout au long de la journée, même éveillé, jusqu’au jour où il l’a voit, la fille de son rêve, au volant d’un corbillard noir : Lena, la nouvelle du lycée. Dés lors, Ethan n’a plus qu’une idée en tête, lui parler de ses rêves étranges et faire sa connaissance, elle, cette fille si belle et si mystérieuse dont il se sent si proche !

Kami Garcia et Margaret Stohl nous offrent une romance originale, nimbée de fantastique qui vous ensorcelle dés les premières phrases. Point de vampires ni de garous ici, juste de la magie à l’état pur, qu’elle soit naturelle ou surnaturelle. Elle vous transporte dans une histoire d’amour telle que les ados sont capables de les vivres, passionnante, intense et sans concessions.

Vivre cette idylle à travers le regard d’Ethan est jubilatoire car assez nouveau dans le paysage fantastique actuel. Chaque chapitre est un plaisir, chaque moment partagé avec lui n’est que bonheur, que ce soit le récit de ses rencontres avec ses vieilles tantes sudistes, ses rendez-vous secrets avec Lena, ou ses balades en voitures avec Link, son meilleur ami, tout est bon tant ses émotions sont si bien retranscrites, les mots justement employés, les dialogues bien pensés.

Faire l’analogie avec la saga de Stephenie Meyer serait facile ici et pourtant bien infondée. Même s’il est aussi question d’un amour impossible entre un mortel et un être surnaturel, rien dans le récit ne s’apparente à la quadrilogie Twilight. Le contexte et les personnages sont bien différents, même la narration se distingue. Elle est plus masculine, plus sombre aussi.

Accessible à un jeune public (à partir de 12 ans), ce livre est une véritable réussite et nous lui souhaitons un succès aussi retentissant que ces illustres prédécesseurs chez Black Moon. Une lecture pleine d’émotion et de rebondissements, jamais ennuyeuse et captivante du début jusqu’à la fin.

Laissez-vous porter par la mélopée envoutante de 16 Lunes, vous ne le regretterez pas …

« Seize lunes, seize années,
Seize de tes pires peurs,
Seize songes de mes pleurs,
Tombent, tombent les années… »

Fiche technique

Format : broché
Pages : 656
Editeur : Hachette
Collection : Black Moon
Sortie : 13 janvier 2010
Prix : 18 €