A tort ou à raison – Avis +

Présentation officielle

Berlin, 1946. Le commandant américain Steve Arnold se retrouve face au célèbre chef d’orchestre, Wilhelm Furtwängler. On reproche à ce dernier d’avoir continué à diriger la Philharmonie durant le régime hitlérien et d’avoir fraternisé avec le dictateur.

Le commandant, convaincu de la culpabilité de Furtwängler, va enfin avoir l’occasion de lui poser « la question », celle à laquelle le Maestro n’a jamais répondu clairement. A-t-on raison ou tort d’accuser Wilhelm Furtwängler, chef d’orchestre renommé, de malversation avec le régime nazi ? L’art peut-il serrer la main à la barbarie ?

Ronald Harwood est l’auteur, entre autres, de Collaboration, L’habilleur et le scénariste (Oscar 2003) du film Le Pianiste.

Avis d’Artémis

Voici venues les dernières représentations de cette pièce excellente, qu’il ne faut pas manquer, autant pour la pièce en elle-même que pour ses comédiens, au premier rang desquels Michel Bouquet. Son jeu est sobre, fin, subtil. Le comédien français y est tout simplement magistral. Sa simple présence vaut le détour.

Il interprète Wilhelm Furtwängler, chef d’orchestre réputé. Dans la pièce, on est au lendemain de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il est accusé d’avoir fraternisé avec Hitler. Au contraire, le chef met en avant son indépendance, sa liberté, et sa résistance par l’art. Le texte met en scène une sorte de combat d’esprits entre l’artiste et Steve Arnold, l’Américain qui cherche à prouver la culpabilité du premier. Ce face-à-face entre Michel Bouquet et Francis Lombrail est somptueux, fascinant et intellectuellement intéressant.

Chacun a ses arguments, sa manière de voir : l’un défend la place particulière de l’art d’autant plus en période de guerre, l’autre est plus ancré dans la réalité quotidienne du conflit. Autour d’eux, un jeune militaire juif ainsi que la fille d’un résistant défendent le chef d’orchestre, ce qui révolte Steve Arnold.

A leurs côtés, Juliette Carre, Margaux Van Den Plas, Damien Zanoly et
Didier Brice complètent avec talent la distribution. Notons que Didier Brice a été récompensé du Molière 2016 du comédien dans un second rôle, pour son rôle d’un ancien second violon de l’orchestre. Il donne du relief à ce personnage plutôt pathétique, représentant d’une certaine veulerie, que Steve Arnold n’hésite pas à « utiliser » pour atteindre Furtwängler.

Ce huis-clos est donc une joute verbale fascinante, un choc entre deux personnalités opposées et surtout deux manières de voir le monde. Aucune n’écrase l’autre, et le texte de Ronald Harwood propose ainsi au spectateur les arguments des uns et des autres, et lui laisse se faire sa propre opinion.

Il faut aussi souligner la mise en scène de Georges Werler qui réussit à instaurer une atmosphère post-guerre, et à mettre en valeur les personnages et les enjeux avec intelligence.

A voir !

Fiche technique

Théâtre Hébertot, 78 bis boulevard des Batignolles, 75017 Paris

Représentations du mercredi au samedi à 21h, le dimanche à 17h

Jusqu’au 19 juin 2016

Prix : de 17 € à 50 €

Réservations : 01 43 87 23 23

Site officiel du théâtre

Copyright photos : Photo Lot – Théâtre Hébertot