Arte – Le promeneur du champ de Mars

Le film décrit les derniers jours d’un vieil homme, appelé respectueusement dans le film « Le président » sans le citer (mais tout le monde l’a reconnu) interrogé par un jeune journaliste, Antoine (inspiré de Georges-Marc Benamou).

C’est Michel Bouquet qui donne vie à ce « président ». Il est grandiose (récompensé très justement par le César du meilleur rôle en 2006). Sans vouloir singer Mitterrand, il lui donne une dimension épique. Jalil Lespert (découvert en 2000 dans Ressources humaines de Laurent Cantet) lui donne la réplique avec brio. Il est, comme le spectateur, à la fois fasciné et horrifié par le cynisme de ce personnage, mais qui restera dans l’histoire (et il le sait). Le film décrit la relation entre les deux hommes, faite de répulsion et de fascination, troublante et passionnante.

La couleur dominante est le gris, comme la couleur de la France (selon le « Le président ») et est formidablement bien écrit. On aimerait apprendre par coeur chaque réplique.

Ainsi, dans le cimetière breton (lieu prédestiné !), « Le président » dit à Antoine : « Vous êtes trop sentimental. Il faut apprendre la passion de l’indifférence ! »

François Mitterrand était un grand littéraire, un homme du XIXe siècle, et il le dit lui-même dans le film, donnant à celui-ci un côté suranné séduisant. On dirait même un film en costume d’époque, alors qu’il se passe au milieu des années 1990 !

Bref, un grand film, à ne pas rater.