Aux malheur des dames – Avis +

Présentation de l’éditeur

La tension monte au Marché Saint-Pierre, temple du tissu au mètre. Lettres anonymes, menaces, étranges poupées de chiffon clouées aux portes, persistante odeur de brûlé dans les étages… Et bientôt des employées manquent à l’appel. Alors que la peur envahit les pentes de Montmartre, le brouillard s’épaissit. Qui peut bien être à l’origine de ces agressions : un concurrent malveillant, une communauté rivale, des prédateurs liés au Milieu, un fou… ? La police piétine, l’étau d’une construction implacable se resserre sur le Marché.

Dans la psychose générale, Rebecca Levasseur prend l’enquête en main, arpentant les ruelles de la Butte, sondant les âmes et les consciences à la recherche des disparues. Saint Pierre, priez pour elles !

Avis de Marnie

Lalie Walker a du talent… même beaucoup, un style, des idées, un rythme… un vrai écrivain qui prend à bras le corps le polar, se rapproprie certains thèmes récurrents et nous offre alors une histoire originale, capturant l’air parisien en évitant totalement la nostalgie façon Nestor Burma ! La seul écueil dans lequel elle tombe, c’est que si elle nous propose un récit franchement brillant et acéré, au ton persifleur pour ne pas dire cynique, la plupart de ses personnages souffrent du fait qu’elle ne prend pas le temps de s’attacher à eux…

Deux caractères se détachent de cette généralité : Violette qui vient de se faire enlever par un fou et dont l’introspection évolutive est aussi profonde que poignante, et l’héroïne, Rebecca, sociologue qui décide d’aller étudier « au plus proche » les statistiques qu’elle doit classer et qui se jette dans l’enquête comme une étude qui doit être menée à bien… Ce sont ses analyses, ses démarches, ses coups de tête, ses envies et ses rejets qui déterminent le rythme, et l’intensité de l’histoire. Le « méchant » dont nous ignorons l’identité avec sa folie vertigineuse et son jusqu’auboutisme est à la hauteur de nos espérances…

L’histoire est riche de petites idées foisonnantes, et une des plus passionnantes, c’est de prendre comme personnage vivant le fameux marché Saint-Pierre… comme Zola avait bâti toute son intrigue autour du » Bon Marché », alias Au bonheur des Dames ! Pour ceux qui comme moi ont passé, enfant, un après-midi entier à se choisir des tissus de princesse dans ce magasin pittoresque, où régnaient des monceaux de pièces aux couleurs chatoyantes, mordorées, paillettes, russe ou orientales, éclectiques et hors du temps, il est infiniment émouvant de lire un roman qui nous fait revivre une atmosphère plutôt qu’un passé nostalgique.

Nous nous laissons séduire par les multiples résonances parisiennes, une sorte de fantôme de l’opéra où la folie théâtrale plus que cinématographique s’empare de l’assassin, alors que de multiples personnages se croisent, témoins, suspects, victimes, employés, simples badauds, policiers… un quartier où l’on parle dans la même phrase de poupées vaudou comme de soie, de lin, de coton…

Si Lalie Walker construit avec une maîtrise indéniable son intrigue aux multiples ramifications, il lui manque juste une vague émotionnelle une sorte de tsunami qui emporterait le lecteur au passage !

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 271
Editeur : Parigramme
Collection : Noir 7.5
Sortie : 5 novembre 2009
Prix : 15 €