Bellamy – Avis +

Résumé

Le commissaire Bellamy est en vacances dans sa maison familiale près de Sète. Il n’aime pas voyager. Il est heureux avec sa femme jusqu’à la visite insistante d’un homme qui épie le couple dans le jardin. Celui-ci l’invite dans sa chambre d’hôtel et s’accuse d’un meurtre. Cela intrigue l’inspecteur. Mais une autre visite le perturbe, l’arrivée inopinée de son demi-frère, raté et alcoolique. La cohabitation sera tendue.

Avis de Luc

Ce qui est bien avec Claude Chabrol, c’est qu’il nous fait entrer dans le
monde, hélas peu dépeint au cinéma, de la province et c’est un délice. Il nous fait visiter les beaux endroits, la cuisine, les bons vins et, d’emblée, on est à l’aise, confortablement installé. Dans son dernier opus, il nous emmène à Sète, dans le cimetière où est enterré Georges Brassens et l’ombre du poète plane partout, même la vendeuse du magasin de bricolage sifflote un air de Brassens…

Mais revenons au commissaire Bellamy (Gérard Depardieu). C’est un bon vivant (comme Chabrol lui-même). Le premier soir, il invite le dentiste de sa femme et lui prépare une pintade au chou et cela sent bon ! Le dentiste invite le couple à son tour. Il est en couple avec un autre notable de la région et ils leur ont préparé des huîtres chaudes à se damner.

Le cadre est donc mis. Nous sommes prêts à suivre les méandres de l’enquête que mène, juste pour le plaisir, le bon inspecteur Bellamy (au nom prédestiné). Il finit par s’attacher à l’inconnu (Jacques Gamblin) qui l’a dérangé dans son jardin et il a toutes les peines du monde à démêler le vrai du faux dans son récit bourré de contradictions. Bellamy découvre que cet inconnu a une double vie, partagée entre sa femme (qui connait la femme de Bellamy) et sa maîtresse, podologue (pour sa vitrine qui cache d’autres activités). Tout cela est complexe mais Bellamy découvre la vérité alors que l’inspecteur officiel ne voit rien. « L’inspecteur est le plus con que je connaisse » dit-il à sa femme !

L’enquête policière est donc, pour Bellamy, une routine. Les choses se compliquent avec l’arrivée de son demi-frère, alcoolique, qui foire tout ce qu’il entreprend, alors que Bellamy a réussit sa vie. La femme de Bellamy (Marie Bunel) lui demande pourquoi ils se détestent autant. Bellamy lui répond : « C’est pire que ça, mon frère, c’est un peu de moi-même« .

Dès lors, le ton, léger au début, prend des allures psychanalytiques et sombres inattendues. La petite musique du début a des allures de drame et la fin nous laisse une impression de mélancolie. Le film est beaucoup plus profond qu’il n’y parait et on se sent impliqué et touché par tous les personnages du film.

Il faut dire les acteurs sont pour beaucoup dans l’émotion qui nous envahit. Les deux demi-frères sont interprétés par les plus grands acteurs de leur génération : Gérard Depardieu, à la fois énorme (il remplit l’écran !), pétri de certitudes et incroyablement fragile, très amoureux de sa femme (Marie Bunel, formidable et elle aussi très présente). Quant à Clovis Cornillac, son interprétation d’un raté alcoolique, exactement l’inverse de son grand frère qui a tout réussi, est à la fois pitoyable et attachante. Quel grand acteur, aussi bon dans la comédie (Astérix 3) que dans le drame. Les personnages secondaires sont eux aussi très attachants, le plus « tordu » étant celui interprété par Jacques Gamblin, torturé et complexe.

Bref, touts ceux qui trouvaient que Claude Chabrol baissait en intensité devraient aller voir Bellamy. Ce nouvel opus est un grand cru, à déguster sans modération.

Fiche technique

Scénario : Odile Barski et Claude Chabrol

Genre : drame

Durée : 110 minutes

Sortie : 25 février 2009

Avec Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin, Marie Bunel, Vahina Giocante, …