Belle-fille – Avis +

Présentation de l’éditeur

« J’ai retrouvé une photo de ces années-là. C’est une photo en noir et blanc, nous y figurons tous les trois, Olga, toi et moi. Assis au centre sur la moquette blanche, tu regardes droit dans l’objectif avec une sorte de détermination joyeuse dans les yeux. À genoux à côté de toi, indifférente au photographe, j’ai le visage tourné vers le chat que tu tiens dans tes bras. Sur la gauche de la photo, adossée à des coussins, Olga sourit, la tête renversée en arrière.

Au premier plan trône Oxana, le vieux berger belge et son museau blanchi. Derrière nous, le paysage lacustre de la tapisserie d’Aubusson. Je détaille la jeune fille agenouillée à tes côtés, vêtue d’une blouse blanche brodée et d’un jean. Elle a le regard songeur. Je me demande à quoi elle pense, ce dont elle rêve. Je l’ai perdue de vue.  »

Avec Belle-fille, Tatiana Vialle signe un récit romancé adressé à celui qui fut son beau-père. D’une écriture aérienne, elle livre le portrait sensible d’un monstre sacré du cinéma et celui d’une femme courageuse qui n’a eu de cesse de se réinventer une famille. Une lettre en forme d’hommage qui interroge la figure paternelle.

Avis de Valérie

Ce livre fait partie de la collection Les affranchis qui demande à l’auteur d’écrire la lettre qu’il n’a jamais écrite.
Tatiana Vialle adresse la sienne à celui qui devient le compagnon de sa mère lorsqu’elle a 4 ou 5 ans, Jean Carmet (dont le nom n’apparaît jamais dans le livre), qui n’était à l’époque qu’un jeune acteur sans succès et qu’elle déteste instantanément. Les prénoms de la plupart des personnages sont modifiés, mais il n’est guère difficile de les identifier, si on en a la curiosité.

Pas facile à cette époque d’être la seule enfant de sa classe dont les parents sont divorcés. Pas facile d’avoir deux pères et parfois l’impression de n’en avoir aucun. D’une écriture parfois rageuse, parfois tendre, parfois nostalgique, Tatiana Vialle nous raconte la relation qui va se tisser entre cet homme et cette enfant au fil des années, passant de détestation à complicité, dans un amour pudique qui ne dira jamais son nom.

Elle nous fait découvrir un Jean Carmet bien souvent différent du personnage public. On partage avec elle sa rencontre avec le succès et la façon dont cela le transforme, notamment son personnage de Dupont Lajoie. Au fil du texte, Tatiana Vialle raconte Jean Carmet, mais elle l’interpelle aussi, lui pose les questions qu’elle ne lui a pas posées et qui resteront à jamais sans réponse. Elle s’interroge, elle l’interroge.

Un livre/lettre à l’image de son destinataire : un homme simple, mais complexe, un bon vivant souvent solitaire, une grande gueule très angoissée.

Un texte rempli des souvenirs de l’auteure, qui réveillera les souvenirs de certains lecteurs.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 160
Editeur : Nil
Collection : Les affranchis
Sortie : 3 janvier 2019
Prix : 15 €