Présentation de l’éditeur
Comme le rapporte la mystérieuse lady Whistledown dans sa chronique mondaine, on a vu, lors du fameux bal masqué des Bridgerton, le cadet de la famille, Benedict, en compagnie d’une ravissante inconnue vêtue d’une robe argentée. Mais à minuit, la belle s’est enfuie. Depuis la haute société se perd en conjectures sur son identité. Benedict a beau la chercher dans tout Londres, elle semble s’être évaporée à jamais.
Qui pourrait savoir que sous le masque de soie noire se cachait Sophie Beckett, la fille illégitime du comte de Penwood, haïe par sa marâtre qui la cantonne à l’office ? Quand Benedict croisera de nouveau Sophie, saura-t-il la reconnaître sous ses vilaines nippes de domestique ?
Avis de Marnie
Il faut oser dans la romance, et Julia Quinn ne s’en prive pas ! Ici, elle n’hésite pas, de façon totalement assumée à mettre en scène le conte de Cendrillon, sans que nous montrions un seul signe d’agacement. C’est comme toujours la fraîcheur de ton qui fait toute la différence chez cet écrivain, et bien évidemment un second degré évident.
Elle brode autour du merveilleux, tout en évitant la mièvrerie avec une aisance digne d’éloge. C’est notamment dû au caractère fort et opiniâtre de l’héroïne. Sophie est une jeune femme, issue d’une liaison illégitime, dont le père est un duc et la mère une simple femme de chambre. Le fait qu’elle soit une « bâtarde » détermine toute son existence et la place dans une situation plus que précaire. Bien évidemment, notre héros, comme tout prince charmant qui se respecte viendra à son secours, mais peut-il, lui qui est un des membres les plus appréciés de l’aristocratie anglaise, se mésallier ?
Julia Quinn nous offre une nouvelle romance historique de grande qualité, peut-être d’une certaine façon plus profonde et plus sombre que la précédente. Si Sophie est intéressante, c’est le personnage « du second fils » de la fratrie Bridgerton, Benedict, qui retient notre attention. N’étant pas l’héritier du titre, les gens le confondent souvent avec son frère cadet de quatre ans, Colin. Il déambule tranquillement dans la haute société, sans jamais se trouver. Artiste dans l’âme, mais n’ayant jamais montré son travail, il passe son temps à fuir les tentatives de Violet Bridgerton, sa mère, pour le marier.
Violet trouvera ici un rôle majeur, ce qui nous la fait mieux connaître. Mère aimante, capable de la plus grande des tolérances, elle est même trop parfaite pour être réelle. Julia Quinn prend aussi le temps de soigner les caractères d’Eloise, Francesca et Hyacinthe, différentes les unes des autres ce qui enrichit le récit. Le point fort de l’auteur, ce sont ses délicieux dialogues piquants qui rythment l’histoire et nous divertissent une fois de plus !
Avis de Callixta
La famille Bridgerton ne manque pas de membres séduisants. Après Daphne et Anthony, voici Benedict, le deuxième des frères, tout aussi séduisant et charmant que tous les membres de la famille. Pour écrire son histoire, Julia Quinn va tout simplement, comme le font régulièrement les auteurs de romance, utiliser le schéma du conte de fées. Et c’est une Cendrillon qui va tomber dans les bras du Prince Charmant, Benedict.
Sophie Beckett est la fille bâtarde d’un aristocrate, le comte de Penwood, qui a peut-être fait son malheur en l’accueillant sous son toit. Élevée avec les filles de sa belle-mère, elle est devenue le souffre-douleur des deux jeunes femmes et de leur mère et tente de mener sa vie malgré tout. Évidemment, notre Cendrillon-Sophie va avoir droit à son bal, auquel elle assiste à l’insu de tous grâce à la complicité d’une domestique de la maisonnée et va tomber dans les bras du beau Benedict. Le bal masqué a été organisé par sa mère et il comptait s’y ennuyer ferme avant de repérer cette femme mystérieuse vêtue d’une robe argentée datant du siècle précédent. Comme dans le conte de fée, la soirée va finir trop vite et Sophie va abandonner non pas un soulier de vair mais un gant avant de disparaître.
Julia Quinn en reprenant une trame plus que connue et en la suivant scrupuleusement surtout dans sa première partie ne peut surprendre son lecteur. Mais son talent est si grand qu’elle réussit pourtant par enchanter en décrivant la rencontre attendue entre les deux héros lors d’une soirée follement romantique. Elle sait de plus innover au fil du roman pour apporter des touches personnelles au scénario du conte et Sophie va connaître un sort difficile qui lui permettra toutefois de croiser de nouveau le chemin du beau Benedict.
Nous retrouvons dans ce livre tout ce qui rend la lecture des romans de Julia Quinn si agréable : l’histoire est délicieusement romantique et traditionnelle. Elle pourrait même être un peu naïve si l’auteur ne semait ici et là des marques d’humour et des scènes sensuelles. Elle sait aussi merveilleusement introduire de l’émotion. Comment ne pas être ému par Sophie, petite fille malmenée par la vie et qui adulte doit encore lutter contre l’adversité ? Nous sommes bien près du mélo alors mais il est impossible de succomber à la tristesse quand c’est Julia Quinn qui en parle. Et que dire du beau Benedict Bridgerton qui a tout pour plaire et être heureux mais qui a pourtant du mal à trouver sa place dans une famille où il n’est pas l’aîné et où il confondu avec certains de ses frères ?
Un roman de la série des Bridgerton implique bien évidemment d’apercevoir d’autres membres de la famille ce qui ne manque pas ici. Violet, observatrice mère de famille est là mais aussi Eloise, une des sœurs cadettes qui aura son histoire et d’autres encore. Et puis, il y a toujours les en-têtes de chapitre signés par Mrs Whistledown, cette délicieuse langue de vipère qui semble en savoir tellement sur les Bridgerton. Le mystère sera-t-il levé sur son identité ?
Évidemment, le conte de fées se conclut dans un très joli happy end et quand le lecteur ferme le livre, il a souvent un sourire ému aux lèvres tellement le style pétillant et brillant de Julia Quinn est irrésistible. La bonne nouvelle est que ce roman sera suivi d’un quatrième et que nous retrouverons alors cette famille turbulente.
Avis de Valérie
Actualiser et adapter l’un des plus célèbres conte de fées, Cendrillon, était un pari osé, même s’il pouvait paraître simple à première vue. Il s’avère ici plus que réussi par Julia Quinn, puisqu’il s’agit du plus joli roman des cinq publiés en français (3 chez J’ai Lu et 2 chez Gutenberg), à ce jour.
Si le premier tiers est pratiquement copié sur le conte, à partir du second tiers, l’auteur s’éloigne au fur et à mesure des marques précédentes pour donner une véritable identité à son récit et une personnalité riche à chacun de ses personnages.
Benedict et Sophie sont particulièrement attachants, indépendamment l’un de l’autre et de la jolie histoire qui se construit sous nos yeux. Le jeune homme a une position peu enviable dans une fratrie comptant 4 filles et 4 garçons, dont il n’est pas l’aîné, mais le second. Il a donc tous les inconvénients d’un aîné, mais aucun des avantages, comme le titre ou les possessions immobilières. Mais ce qui lui pèse le plus c’est ce numéro, 2, qui est son rang parmi les enfants et par lequel on le définit. Lorsqu’il rencontre Sophie alors déguisée, il y a un voile qui se déchire, il se découvre lui-même face à celle qui est son âme sœur. Cette révélation, Sophie la ressent à l’identique. Mais sa position de bâtarde d’un compte et traitée comme la pire des soubrettes l’empêche même de penser à un avenir commun. Alors, elle se sauve du bal, comme Cendrillon, laissant un gant derrière elle et est renvoyée le lendemain par sa marâtre, qui a découvert sa manigance.
Il va se passer du temps avant qu’ils se retrouvent. Un temps où Benedict va peu à peu mettre de côté ce rêve de félicité mais sans jamais totalement l’oublier, un temps où Sophie va devoir survivre par la force de sa volonté en évitant les pièges réservées aux femmes de chambre trop jolies.
Sophie porte toute la misère du monde sur ses épaules, au point où elle nous rappelle quelques fois une autre Sophie rendue célèbre par une comtesse d’origine russe. Mais c’est aussi une combatante, un esprit libre et optimiste qui ne se laisse pas écraser.
Tout en délicatesse, en émotion, ce troisième tome supplante par sa profondeur les deux précédents et il n’apporte pas seulement un bon moment de lecture, mais une réflexion délicate sur l’Amour, la destinée, l’âme sœur…
En « guest-star« , la toujours mystérieuse lady Whistledown, qui se personnalise de telle sorte que l’on commence à avoir de sérieux indices sur son identité. D’ailleurs le roman termine sur l’envie de la mystérieuse chroniqueuse de passer à autre chose. Ce livre est aussi l’occasion pour Violet Bridgerton, matriarche, de se dévoiler un peu plus et nous faire entrevoir sa sagesse et son bon cœur.
Si vous ne connaissiez pas cette série, débutez par ce roman qui vous attachera au style de Julia Quinn sans coup férir.
Fiche Technique
Format : poche
Pages : 443
Editeur : J’ai Lu
Collection : Aventures & Passions
Sortie : 7 octobre 2009
Prix : 7,40 €