Braguino – Avis +

Présentation officielle

Au milieu de la taïga sibérienne, à 700 km du moindre village, se sont installées 2 familles, les Braguine et les Kiline. Aucune route ne mène là-bas. Seul un long voyage sur le fleuve Ienissei en bateau, puis en hélicoptère, permet de rejoindre Braguino. Elles y vivent en autarcie, selon leurs propres règles et principes. Au milieu du village : une barrière. Les deux familles refusent de se parler.

Sur une île du fleuve, une autre communauté se construit : celle des enfants. Libre, imprévisible, farouche.

Entre la crainte de l’autre, des bêtes sauvages, et la joie offerte par l’immensité de la forêt, se joue ici un conte cruel dans lequel la tension et la peur dessinent la géographie d’un conflit ancestral.

Avis d’Anna

Tel un conte, on nous amène sur une terre peu connue où résident en autarcie deux familles que tout oppose. Au beau milieu de la taïga sibérienne, sur un territoire nommée Braguino, les familles Braguine et Kiline règnent en maître près de la rivière Sim.

Ce documentaire met en avant une communauté auto-suffisante. En suivant les faits et gestes des Braguine, le réalisateur sublime la banalité de leur quotidien. Les parties de chasse nous plongent au cœur des paysages magnifiques de la taïga, où des bêtes sauvages réveillent l’héroïsme mais aussi la violence des chasseurs.

Une brutalité qui contraste avec la candeur de ces petites têtes blondes qui déplument des oiseaux morts et portent fièrement des pattes d’ours.
À l’exception des réunions de famille autour de repas, c’est une insonorité déstabilisante qui s’impose dans ce cadre naturel. Ce silence est un conducteur dans une narration particulièrement esthétique.

Emprunt d’innocence, de beauté et de poésie, Braguino illustre la défaite d’une utopie. Dans un paradis sur terre, Braguine et Kiline réalisent une prophétie sartrienne : « Alors, c’est ça l’enfer. Je n’aurai jamais cru…Vous vous rappelez : le souffre, le bûcher, le gril… Ah ! Quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l’enfer c’est les Autres » (Huis clos, Jean-Paul Sartre, 1972).

Sacha Braguine voit son rêve de nature et son idéal de vie s’effondrer progressivement avec la multiplication de ceux qu’il appelle les Corrompus. Ce sont des propriétaires terriens russes qui, en envahissant et en s’appropriant la taïga et ses richesses, déstabilisent l’équilibre de cette collectivité.

Pour lui : « dans la taïga le plus dangereux c’est l’homme. Un homme c’est imprévisible ». Et cette coexistence forcée avec les Kiline et les intrus voit son paradis se changer en enfer. Et c’est ce que met en image Clément Cogitore. Il transpose magnifiquement ces juxtapositions pendant 49 courtes minutes que l’on aurait voulu prolonger.

Si c’est votre cas, vous pourrez explorer davantage le travail de Cogitore sur cette communauté dans l’exposition Braguino ou la communauté impossible, visible au BAL, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, jusqu’au 23 décembre 2017.

Fiche technique

Sortie : 1er novembre 2017
Durée : 49 minutes
Genre : documentaire
Distributeur : Bluebird Distribution