Carl Larsson, l’imagier de la Suède – Avis +

Présentation officielle

Grâce aux prêts exceptionnels consentis par le Nationalmuseum de Stockholm et la maison de Larsson à Sundborn, le public découvrira les différentes facettes de son art. Travaillant aussi bien la peinture, l’aquarelle et la peinture murale, c’est surtout pour son travail d’illustration que Carl Larsson (1853-1919) a connu de son vivant une gloire internationale qui s’est maintenue jusqu’à nos jours.

L’artiste eut pourtant une toute autre ambition. A l’issue de sa formation académique à Stockholm, il séjourna à partir de 1877 et pour plusieurs années en France, d’abord à Paris en quête d’une reconnaissance qu’il tarda à obtenir, puis à Grez-sur-Loing à partir de 1882. Il prit tout de suite une place déterminante dans la colonie d’artistes anglo-saxons et scandinaves qui s’y était implanté non loin de la forêt de Fontainebleau.

Il y découvre une autre vision de la nature et explore avec sensibilité la technique de l’aquarelle pour rendre les effets de lumières vaporeux et le travail paisible des paysans dans les potagers. De retour en Suède en 1889, il obtient de réaliser des décors monumentaux important, dont celui du grand escalier du Nationalmuseum de Stockholm. Cette production très importante est évoquée dans l’exposition par des dessins et esquisses préparatoires d’une grande vivacité.

Larsson sut finalement s’imposer dans un registre inédit : la description de sa vie familiale dans l’univers coloré de sa maison du village de Sundborn, dans la région pittoresque de Dalécarlie. L’album Notre maison et les suivants qui connurent une grande diffusion, ont inspiré les jeunes couples sur le point de fonder un foyer. Ils firent de lui le porte-étendard d’une nation fière de son confort domestique et de ses valeurs humanistes.

Ces aquarelles continuent d’ailleurs d’influencer la décoration intérieure en Suède. Mais le caractère fascinant de ces images repose également sur une science du cadrage moderne qui distingue sa production de celle de ses suiveurs. Le Petit Palais est heureux de présenter, pour la première fois en France, toute la force et la séduction de son invention graphique exceptionnelle.

Avis de Claire

Première grande rétrospective française pour Carl Larsson (1853-1919), ce peintre suédois formé en France, notamment à Grez-sur-Loing, que d’aucuns voient comme le précurseur de l’art de vivre à la suédoise, à l’instar d’une certaine marque de mobilier bon marché et bien connue.

Ce qui marque le plus dans cette exposition, au-delà de la qualité des toiles, c’est la lumière, la gaieté, la joie de vivre qui en débordent. Bien loin de l’image d’une Suède sombre et maussade, nous assistons ici à la célébration d’un bonheur domestique érigé en art de vivre.

Il y a d’abord le couple, Carl et Karin, qui se sont connus et aimés en France, comble du romantisme, et qui se complètent si bien. Si Karin mettra au monde 8 enfants et abandonnera sa carrière de peintre pour privilégier celle de son mari, elle n’aura de cesse de sublimer son quotidien en décorant sa maison, en imaginant des fonctionnalités inédites, en peaufinant son intérieur comme un petit bijou.

De très nombreuses aquarelles témoignent de ce bonheur de tous les jours, où la banalité touche au sublime. Ici un repas en famille, avec le clin d’oeil espiègle d’une fillette, une représentation de Karin à table, mais on ne voit que les mains, par contre son visage se révèle dans un portrait peint sur une porte. Et encore cet autre, où le peintre nous montre sa chambre, tout de blanc, de rouge et de bois, mais quand on y regarde d’un peu plus près, il est caché derrière l’un des poteaux du baldaquin de son lit, en train de se raser, c’est donc un autoportrait…

Chaque oeuvre, chaque dessin, chaque croquis révèle au regard curieux sa part de tendresse et de surprise. Peindre sa famille ne l’a pas éloigné des grands de son époque, il a peint ses contemporains, comme Selma Lagerlof ou August Strinberg, son ami, avec lequel, cependant, il se fâchera de nombreuses années.

La scénographie reprend les couleurs tendres et chaudes de l’iconographie suédoise, faisant de cette balade au Musée du Petit Palais un véritable dépaysement, et même plus, une invitation au voyage.

La dernière salle fera le bonheur des enfants. Une marque suédoise de mobilier (encore elle) a offert quelques meubles à leur taille, sur des petites tables rouges et blanches, les enfants trouveront des jeux à partir des dessins de Larsson, et des petites fenêtres à ouvrir pour découvrir son monde intime, avec les différentes pièces de la maison, tandis que les parents pourront s’affaler dans deux fauteuils (royaux!) et feuilleter tranquillement le catalogue de l’exposition. Parfait !

Informations pratiques

Musée du Petit Palais
Avenue Winston Churchill
75008 Paris
Du mardi au dimanche de 10h à 18h
nocturne le jeudi jusqu’à 20h
Fermé le lundi et les jours fériés

De 4 à 8 euros