Casino Royale – Avis +

L’odeur d’un casino, mélange de fumée et de peur, devient nauséabonde à trois heures du matin. L’usure nerveuse causée par le jeu – complexe de rapacité, de peur et de tension – devient insupportable, les sens se réveillent et se révoltent.

Dans le roman original rédigé en 1952, le Chiffre n’est pas le financier de terroristes. Plus prosaïquement il exerce le poste de Trésorier des syndicats ouvriers d’Alsace, communistes et en toute logique susceptibles de servir de 5° colonne lors d’un conflit avec l’Union Soviétique.

Ces syndicats bénéficient d’un apport financier non-négligeable venant de Moscou. Le Chiffre l’investit dans l’hexagone. Mais suivant ses penchants, il l’a investit dans un réseau d’hôtels où se pratique le plus vieux métier du monde. Ce placement aurait pu s’avérer rentable. Or cette vénérable institution française vient d’être décrétée illégale. Bref les finances du Chiffre se sont effondrées, de même que son espérance de vie. Ses maîtres soviétiques risquent fort de vouloir châtier le spéculateur incompétent. Le seul espoir du Chiffre consiste à réunir ce qui lui reste des fonds pour se refaire rapidement par l’intermédiaire du jeu, et ceci avant que ne soit mis en oeuvre son exécution.

Pour les services secrets britanniques il suffit d’empêcher la remise à flot financière du Chiffre et de son syndicat, discréditant ainsi les valets de Moscou et neutralisant cette menace de sympathisants rouges à la frontière Est de la France. Pour cela il suffit de lui opposer au casino le meilleur joueur dont disposent les services secrets. Ce sera un certain James Bond.
Ce premier roman de Ian Fleming (chez qui on remarque une certaine influence de Mickey Spillane, le créateur de Mike Hammer) nous présente le personnage de James Bond: un agent compétent mais qui, à la fin du roman, aura acquis une fantastique détermination basée sur la haine. Le déroulement suppose un peu d’action. Mais l’essentiel est consacré aux parties de baccara d’une grande tension nerveuse (surtout quand Bond doit prendre une décision cruciale alors qu’il se retrouve avec une arme à feu à silencieux tout contre sa colonne vertébrale). Signalons deux chapitres consacrés à la séance de torture du héros.

La précision ethnographique donné aux origines des protagonistes peut surprendre. Certes cela correspond à une époque. En tout cas cela a pour effet d’expliquer au lecteur que toute personne n’appartenant pas à la très respectable race anglosaxonne est vraiment très bizarre.

Selon la légende, l’idée de l’affrontement entre deux agents secrets autour d’une table de jeu reposerait sur un fait historique. Durant la seconde guerre mondiale un jeune officier des services secrets britanniques aurait pris une initiative. Utilisant les fonds des services secrets de son pays, il défia au jeu dans un pays neutre un espion allemand, ceci afin de lui faire perdre ses ressources financières. Il se lança dans l’affrontement en utilisant l’arme des cartes, ainsi que son immense talent de joueur et…bref, le désastre expliquerait pourquoi Ian Fleming n’a pas poursuivi sa carrière dans les services secrets après la fin du conflit.

Ce texte parut en 1953 dans la patrie de James Bond. En France, il fut tout d’abord refusé par Gallimard avant de connaître le succès sous le nom de Espions, faites vos jeux (Presses internationales, 1960)

Le titre de Casino Royale fut par la suite utilisé pour les éditions suivantes: Plon (1964, 1970), Union générale d’éditions (1966), Fleuve Noir (1979,1986), Edito-services (1983), Robert Laffont (1986,1996), Bragelonne (2006).

Fiche Technique

Format : broché
Editeur : Bragelonne
Sortie : 16 novembre 2006
Prix : 9,80 €