Choron dernière – Avis +/-

Présentation officielle

Georges Bernier est mort le 10 janvier 2005 à 75 ans. Les quelques articles nécrologiques parus dans la presse française ont insisté sur le caractère scatologique de son humour et l’aspect provocateur du bonhomme. Personne ne rappelait l’essentiel, à savoir qu’avec lui, c’est non seulement l’un des grands patrons de la presse française qui disparaissait mais également un artiste à part entière, unique en son genre : le professeur Choron.

Avis de Valérie

Pendant une heure et demi, on revoit ou découvre cet hurluberlu qui n’a eu de cesse de remuer la pulpe qui s’enlisait au fond des cerveaux. Pas obligatoirement toujours d’une manière fine, il avait une vue très réac’, franchouillarde des événements, vue qui a remué la politique et la France dans les années 70.

Avec le dessinateur et écrivain François Cavanna, il créa Hara-Kiri, qui devint par la suite Charlie Hebdo où tout, vraiment tout, était permis. De scandales en excès de trésorie, le magazine dût s’arrêter pendant presque 10 ans et le titre fut repris par Philippe Val, Cabu et Wolinski (entre autres), mettant de côté le professeur, empêcheur de tourner en rond et surtout partisan du travail en équipe ce qui manque à Val (affirmation validée par lui et ses subordonnés durant le long métrage).

On ne peut pas qualifier cette œuvre de documentaire, car il n’y a pas même une volonté de donner un point de vue objectif. L’idée de départ est de démontrer à quel point le talent de Choron faisait Charlie Hebdo et à quel point son éviction lors de sa reprise a été injuste et fatale pour l’hebdomadaire. La trame nous conduit à suivre Georges Bernier, alias Pr Choron, dans ses excès, ses coups de génie ou sa vindicte dirigée contre les repreneurs de son bébé.

De nombreux moments sont jouissifs, comme d’autres choquants, certaines personnes seront dérangées par la liberté de ton qui n’est absolument plus de mise de nos jours. La marque de Choron est de toujours exagérer. Là où son point pouvait être marqué, il faut absolument qu’il en rajoute ! Les réalisateurs ont inclus de nombreux passages d’interviews de l’équipe actuelle de Charlie Hebdo, et c’est frappant de noter le malaise à chaque question mentionnant Choron. C’est hilarant aussi de voir le visage de Val se décomposer à chaque fois qu’il entend ce nom honni. Un personnage se détache nettement des entretiens et nous le fait apprécier : Marc-Édouard Nabe. Excepté une ressemblance peu à son avantage avec Christian Clavier (jeune !), il s’avère que cet homme souvent présenté comme incompris par les média est très clair, et sa fidélité (ainsi que celle de Vuillemin) est belle à voir.

Le but des réalisateurs est totalement atteint, on perçoit sans efforts l’autoritarisme de Val comme la folie créatrice de Choron. Il est dit que Choron a mis à mal les caisses du journal, laissant sur le carreau les employés. Pierre Carle et Eric Martin ne nous cachent rien. Chacun se fait son avis. Et si on peut déduire du négatif des réactions à l’emporte-pièce de Choron sur la jeunesse, par exemple, de sa vulgarité outrageante ou de sa mégalomanie, on voit aussi l’égocentrisme de Val, sa censure constante, et sa morale gauchisante toujours dirigée selon ses propres valeurs. Au final, le match est gagné au point par Georges Bernier, homme brisé par la mort d’un père alors qu’il était très jeune, par la guerre, par la pauvreté et habité par une intelligence créatrice qui a marqué son époque, et empli d’une générosité touchante.

Pour autant, bien que le film ne soit pas interdit à une catégorie de personnes, nous recommandons aux parents d’éviter d’y amener des enfants trop jeunes. Non pas dans un but de censure, cela serait un comble, mais plutôt parce de nos jours nous ne sommes plus habitués à voir certaines images.

Plus d’infos : http://bibliobs.nouvelobs.com/2008/08/13/cabu-et-val-duettistes

Fiche Technique

Sortie : 07 janvier 2009

Avec Georges Bernier, François Cavanna, Cabu, etc.

Genre : biographie

Durée : 98 minutes

Distribution : Tadrart Films