Conférence avec les scénaristes de Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir

Le dimanche 8 juillet à Japan Expo, les alentours de la scène Kuri ont été envahis de Chat Noir ainsi que de Ladybug, les héros de Miraculous, les aventures de Ladybug et Chat Noir. Une série très populaire et dont Thomas Astruc est le réalisateur. Pour cette conférence la concernant, Thomas Astruc n’est pas venu seul !

Retranscription de la conférence par Hiro pour Onirik.net

Thomas Astruc (réalisateur) : Ça fait plaisir de voir à quel point vous êtes nombreux, et nous aussi, on l’est ! On vous présente ici toute l’équipe d’écriture, les cinq cerveaux derrière toutes les histoires de Miraculous. Je vous présente notre chef, notre grand vizir, notre gourou, Sébastien Thibaudeau. Notre grand grain de folie, vous pouvez constater qu’elle est grande, Mélanie Duval. Le légendaire Fred Lenoir qui a travaillé sur plein de séries que vous connaissez tous. Et enfin Matthieu Choquet.

Je voulais profiter de cette conférence pour vous parler de quelque chose de particulier qui concerne Miraculous, notre façon d’écrire. On fonctionne différemment de la plupart des autres séries. Ça ne se pratique pas du tout en France où on a l’habitude de fonctionner avec un seul scénariste par histoire, ce qui fait que pour une série où il y a beaucoup d’épisodes, il peut y avoir beaucoup de scénaristes. Ainsi, plus il y a de monde qui écrit, plus il y a d’histoires différentes et c’est difficile de garder la cohérence. Pour Miraculous, tout a été écrit à cinq et ce n’est pas chacun son épisode, c’est vraiment tous les cinq sur chaque épisode. On ne peut donc pas dire que tel épisode a été écrit par untel, c’est collectif. Cela nous tenait beaucoup à coeur. C’est Sébastien qui en a eu l’idée, donc je lui laisse la parole.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Bonjour, c’est exceptionnel. Y’a un Papillon là-bas, en fait, j’ai l’impression que ce qu’on a écrit est sorti de l’ordinateur et nous fait face. Merci à tous d’être là. En fait, on a commencé à écrire Ladybug avec Thomas il y a longtemps. Enfin, c’est une idée qu’il avait depuis longtemps et je suis arrivé au bon moment en 2011. Il y a sept ans, cela a commencé de manière classique. Quand on écrivait des histoires, on cherchait des auteurs et chacun écrivait son scénario. Mais on s’est rendu compte avec Thomas qu’on était tout le temps obligé de revoir l’écriture de l’épisode pour tenir les cohérences mythologiques, mais aussi les personnages, etc. Et à un moment, je me suis dit : « Faisons comme les Américains. », c’est-à-dire qu’on se met tous dans une pièce et on écrit ensemble les histoires de Ladybug et Chat Noir. Après la première saison, où il y a eu beaucoup de scénaristes, j’ai repéré les plus investis et talentueux d’entre eux. Depuis 2015, on fonctionne donc ainsi, on est tout le temps ensemble pour l’écriture. Donc Ladybug, c’est à la fois une belle histoire que vous pouvez voir, mais aussi une belle aventure humaine, et je pense que c’est la raison pour laquelle les gens aiment cette série.

C’est une série qui est faite avec le coeur. Nos plus beaux jours de la semaine, c’est quand on s’enferme dans ce bureau le jeudi et le vendredi. Une fois qu’on a écrit ensemble, l’un d’entre nous prend l’histoire pour rédiger la version scénario qu’on enverra aux chaînes de télé qui nous disent ce qu’elles en pensent. Puis on écoute… Ou pas. Et enfin ça devient un épisode de Ladybug. C’est comme ça, car je voulais qu’il y ait tout le temps le réalisateur, les auteurs et le directeur d’écriture que je suis. Je suis celui qui est toujours en train de faire en sorte que la série puisse être diffusée à la télévision et qu’on respecte certaines règles d’écriture. Il y a aussi la folie des auteurs, la folie de la mythologie. Et dès ce moment, on prend aussi en compte le visuel de ce que vous, vous allez voir. Car si vous lisez un scénario de Ladybug, c’est une histoire bien racontée, bien structurée où on pense à l’image.

Thomas Astruc (réalisateur) : On se retrouve donc autour d’une table tous les jeudis. Puis on se raconte une histoire. Quand on arrive, on ne sait pas encore quelle aventure va se créer. Mais Miraculous est une série qui doit aller vers une fin précise, un endroit qu’on s’est déjà tous raconté, mais on ne sait pas comment on y va. C’est un peu au feeling. L’histoire se bâtit donc pendant deux jours, et on ne rentre pas chez nous tant que ce n’est pas fini.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Je pense qu’ici personne ne comprend vraiment cette phrase. Quand il dit qu’ils ne rentrent pas chez eux, je ne les laisse vraiment pas partir.

Thomas Astruc (réalisateur) : On dort là-bas. Sinon, on a chacun son rôle, ce qui fait que ça marche bien. On apporte chacun quelque chose avec Sébastien qui nous coordonne. On a nos spécialités. Moi, j’apporte tout ce qui est visuel, les idées de la mythologie, comment fonctionnent les super-pouvoirs, etc. Mais je m’occupe aussi des Lucky Charm1

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Le Lucky Charm est une des choses qui nous fait dormir le plus tard. Vous ne vous rendez pas compte. On finit d’écrire l’histoire puis on se dit « Ah, ben il nous reste plus que le Lucky Charm. », ça a été dit des dizaines de fois.

Mélanie Duval (scénariste) : C’est même une phrase qui porte malheur. À chaque fois qu’on l’a prononcée, ça veut dire qu’en général on va finir à minuit.

Thomas Astruc (réalisateur) : L’écriture du Lucky Charm, c’est-à-dire la façon dont Ladybug va battre le méchant et utiliser un objet ridicule, rien que ça c’est un quart de notre travail d’écriture.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Ça veut dire qu’on est beaucoup moins intelligent que Ladybug, on a besoin d’être cinq pour être à sa hauteur. Bravo Ladybug !

Thomas As truc (réalisateur) : Sinon, moi je dessine beaucoup lorsqu’on écrit. Ça ressemble souvent à n’importe quoi et ça me libère l’esprit. Je faisais aussi beaucoup ça à l’école, je n’écrivais jamais mes cours. Je dessine d’une manière automatique, dans une sorte de transe. Parfois, je fais des armes, parfois des vilains. Le design change au final et ce sont des croquis. Mais c’est aussi quand on a besoin de nouveaux objets, gadgets. Il faut vraiment qu’on voit tous le fonctionnement pour qu’on parte tous sur les mêmes bases. On prend donc un peu de temps pour les concevoir.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : C’est vraiment formidable car quand on est devant son ordi et qu’on imagine des choses, on ne sait pas si ça peut marcher. Ou si les gens vont comprendre avec la description seulement. Là, on a le visuel directement.

Thomas Astruc (réalisateur) : On a ainsi les images dans la tête. C’est plus facile d’écrire après, car on peut dessiner des personnages, mais aussi des situations. On arrive à visualiser les lieux et c’est vraiment utile quand on fait les Lucky Charm.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Et puis parfois, ce que disent les personnages c’est ce qu’on dit.

Fred Lenoir (scénariste) : On écrit ce qu’on n’ose pas dire.

Thomas Astruc (réalisateur) : On a reconstitué sans le savoir la méthodologie de travail en groupe d’Isaac Asimov2. Il disait qu’il était important qu’on ne soit pas trop nombreux car tout le monde doit avoir la parole, être un max de cinq. Et on s’est retrouvé à cinq avec chacun un rôle très précis et chacun amène ses compétences sans être redondant.

Fred Lenoir (scénariste) : * à Mélanie * Toi, tu es la méchante, les personnages les plus méchants viennent de toi. Moi, je pense que je fais les trucs sirupeux d’amour et les côtés magical girl. Et là * désigne Matthieu Choquet * , vous avez le vrai visage de Chloé Bourgeois.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : C’est pour ça qu’il ne dit rien depuis tout à l’heure, ça le démange. C’est lui qui a fait les premiers dialogues de Chloé dans l’épisode « Le dessinateur »3. C’est lui qui lui a donné son ton, et lorsque je l’ai lu, je me suis dit que c’était parfait.

Matthieu Choquet (scénariste) : Ce qui était génial avec le personnage de Chloé, c’est que comme c’est un personnage assez méchant et arrogant, il peut blesser. J’ai trouvé ça génial, car ce sont en général les dialogues les plus sympas à écrire et les plus drôles. Et c’est ça qui est bien dans Ladybug, c’est que c’est une série d’action, hyper romantique, mais aussi une comédie, donc on se retrouve dans des situations intéressantes. Dans la même pièce, on rit ensemble, on pleure ensemble et on voit ce qui marche.

Thomas Astruc (réalisateur) : Le plaisir qu’on a à écrire ensemble, je pense qu’il se voit à l’écran. Je pense que vous avez vu la différence entre la saison 1 qui était écrite de manière assez indépendante et donc avec des épisodes assez détachés les uns des autres. Puis la saison 2 où on sent que ça commence à décoller. Il y a une vraie passion communicative.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : En tout cas, on parle tous les jours de vous, tous les jeudis et vendredis. On essaye de vous faire plaisir, alors sachez-le, vous êtes avec nous, même si je ne pensais pas que ça représentait autant de monde.

Thomas Astruc (réalisateur) : Vous avez peut-être envie de nous poser des questions. Je vais faire passer le micro dans le public.

Question du public : D’après ce que j’ai compris, la manière d’écrire est une improvisation totale. Mais sinon, en général, vous partez d’une idée ? D’une situation ? Des personnages principaux ou à partir des méchants qu’il faudra combattre ?

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : On ne part jamais du vilain, jamais. C’est la règle n°1 quand on écrit. En réalité, ce n’est pas nous qui écrivons la série, ce sont les personnages. Nous, on fait le script, c’est tout. On est les médiums. Et ce n’est pas tout à fait vrai qu’on improvise. Avant de commencer Ladybug, avec Thomas, on s’est mis d’accord sur le bout du chemin, donc on sait où on va précisément. On a commencé par écrire la scène de fin.
Donc quand on écrit une saison, on sait où l’arc nous emmène et quel ton émotionnel on recherche. Vous verrez, selon les saisons, les thématiques qui se détacheront. Et du début à la fin, on arrive à raconter une histoire globale. Mais chaque épisode raconte une petite histoire dans la grande qu’est Ladybug.

Mélanie Duval (scénariste) : C’est comme un puzzle qui se met en place. Chaque épisode est une pièce et à la fin vous verrez toute l’image.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Je vais donner un exemple sur des faits qui ont déjà été diffusés. Dans la saison 2, il y a un vrai arc sur Chloé, et si vous regardez bien, cet arc a débuté pendant la saison 1. Quand on a écrit l’épisode de « Lady Wifi »4, il y a un plan où on voit Chloé qui s’amuse à se déguiser en Ladybug, ainsi petit à petit vous allez avoir des informations sur cette dernière et sur sa vie intime. Dans la saison 2, ça se précise avec l’épisode « Zombizou »5 et cela va continuer dans les épisodes qui arrivent.

Fred Lenoir (scénariste) : Ce qui conduit Miraculous, ce sont vraiment les personnages principaux, la collectivité de copains qui tournent autour d’eux, leur vie, leurs problèmes et leur évolution. Le méchant, ce n’est jamais ce qui construit un bon épisode. Ce qui construit un bon épisode, c’est ce qui va se passer au niveau des émotions entre les personnages qu’on suit.
En atelier, on a déjà fait l’erreur de commencer un épisode par le méchant, et on peut dire que ce sont des épisodes qui au final ne se sont jamais faits. Car ce n’est pas ça qui nous intéresse. Sinon pareil pour l’improvisation, on voulait dire qu’on arrive sans appréhension. Car ce n’est pas comme aller au bureau, c’est plutôt comme retrouver des copains et on voulait surtout dire qu’on n’a pas d’inquiétude quant à l’écriture de Miraculous. C’est une grande récréation et beaucoup de plaisir.

Mélanie Duval (scénariste) : Oui, on ne se dit pas « Oh mon dieu, mais qu’est-ce qu’on va pouvoir faire ?! ». C’est plutôt l’inverse tant on a de choses à raconter, et donc qu’est-ce qu’on va raconter ?

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : À la rigueur, la seule chose dont on pourrait avoir peur, c’est de ne pas avoir assez d’une vie pour raconter tout ce qu’on a à dire. Le nombre de pages qu’on a déjà sur Ladybug est énorme, on s’éparpille. Donc on espère que vous avez le même plaisir que nous lorsqu’on écrit ses aventures, car nous, on les aime depuis des années et on espère que ça va durer longtemps. On en est à l’épisode 84.

Les questions du public

Question du public : Apparemment dans la saison 1, les épisodes étaient indépendants. La saison 2 l’est aussi un peu, mais vu ce qui se rajoute, les informations, les nouveaux personnages, etc. Est-ce que vous allez réussir à garder des épisodes indépendants et garder en même temps le fil rouge ?

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Je vais parler comme directeur d’écriture, quand on écrit un épisode, on fait une forme d’écriture quantique. L’idée est que quand un enfant ou même un spectateur lambda regarde un épisode de Ladybug, il doit pouvoir tout comprendre. Indépendamment de ce qu’il sait, il comprend l’épisode, celui qui aura tout vu de Ladybug, le comprendra aussi, mais il aura cette petite information supplémentaire. Essaye de faire l’exercice intellectuel la prochaine fois que tu vois un épisode. Pense comme si tu n’en avais jamais vu, si tu comprends ce qu’il se passe, alors ça veut dire que j’aurai bien fait mon travail.

Question du public : Je voulais savoir si vous validez les théories des fans.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Alors nous, on n’a pas besoin de valider des théories car on sait ce qu’on va écrire jusqu’au dernier jour. Donc ces théories nous amusent beaucoup, car on voit ce que nos écrits provoquent chez vous. Ça nous amuse, mais ça nous intéresse beaucoup. C’est notre métier de vous frustrer un peu quand on écrit. Vous attendez quelque chose et nous, on vous donne autre chose, ou des variations de ce que vous attendiez.

Mélanie Duval (scénariste) : Ou même lancer des fausses pistes, on est diabolique.

Question du public : J’aimerais savoir si vous regardiez les fanarts, les choses des fans ?

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Ils sont même exposés dans les bureaux.

Thomas Astruc (réalisateur) : Les murs en sont tapissés, on travaille vraiment sous la surveillance de nos fans.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Quand je dis que vous êtes avec nous dans la salle d’écriture, c’est réel. Vous êtes physiquement sur les murs.

Question du public : Félicitations à l’équipe. Quel a été le parcours de chacun pour en arriver là ? Est-ce que vous vous appuyez sur des techniques d’écritures particulières, etc ? Enfin, quel conseil donneriez-vous à des personnes qui aimeraient bosser sur une série d’animation en petit comité, un peu comme sur votre série ?

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Pour être scénariste ça prend beaucoup de temps. Au début, c’est un parcours assez classique, il y a des cours, des livres, tu vas écrire sur des séries tout seul ou à plusieurs. Puis c’est un long chemin pour arriver jusqu’à quelque chose comme Ladybug.

Mélanie Duval (scénariste) : On a tous des bases en scénario. Mon parcours est par contre un peu différent car j’ai commencé par l’animation, à faire bouger des personnages. Puis j’ai été story-boardeuse et enfin, je suis arrivée au scénario. J’ai fait des formations tout au long de mon parcours.

Matthieu Choquet (scénariste) : Perso, j’ai commencé par une fac de cinéma, puis j’ai rencontré Sébastien dans une soirée. On a bien rigolé, puis il m’a rappelé.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : En fait, j’ai littéralement formé Mélanie et Matthieu, ils étaient dans la même formation. Enfin, je les ai déformés.

Mélanie Duval (scénariste) : Non, il nous a plutôt transformés.

Matthieu Choquet (scénariste) : Donc, il m’a rappelé, il m’a dit qu’on avait bien déconné ensemble. Puis il m’a demandé si ça m’intéresserait d’écrire sur une série. Ce n’était pas Ladybug, mais Kobushi6, une série qui, je crois, passe encore sur Gulli. On a donc créé un rapport qui tenait professionnellement. Et avec Ladybug, j’ai enchaîné.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : On s’est testé en fait. Je teste les gens petit à petit, ils ont essayé d’écrire ensemble un épisode.

Fred Lenoir (scénariste) : Je suis un vieux cow-boy. Et plutôt que dire ce que j’ai fait ou pas fait, travailler sur Miraculous est une sorte d’aboutissement. Si je ne devais plus rien faire après, ce n’est pas grave, car c’est vraiment super de travailler avec des gens merveilleux et talentueux comme vous.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Sinon, quant à savoir ce qu’il faut faire pour travailler sur une série comme Miraculous, il faut commencer par regarder les épisodes et non les chiffres de ventes. Il faut savoir que dans les saisons 2 et 3, il y a des premiers épisodes de scénaristes qui n’avaient jamais écrit de scénario. Et il y en a un qui est ici, il s’appelle Wilfrid7 et il est normalement co-réalisateur. Lui il est juste arrivé un jour et il a dit « Vous avez pensé à faire un épisode blablabla ? » et Thomas a tout de suite réagi. On a alors dit « Wilfrid vient ! », il a dit qu’il n’était pas scénariste, alors que si.

Wilfrid Pain (co-réalisateur) : Ca s’est exactement passé comme ça. On était au resto avec Thomas et en sortant, j’ai dit « Et s’il se passait ça ? C’est bizarre que ça se soit jamais passé. ». Thomas a alors appelé Séb et j’ai été convié dans la semaine.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Il y a donc lui, mais aussi un autre scénariste, Jean-Rémi Perrin(Directeur de production chez Sumaponks.) qui lui venait de la production et qui avait regardé toute la série. Mélanie est également arrivée comme ça, en ayant vu toute la saison 1 et avec plein d’idées émotionnelles intéressantes. Jean-Rémi arrive donc un jour avec 5/6 feuilles où il avait gratté des idées dessus. Il n’avait jamais écrit avant et vous avez eu « Capitaine Hardrock »8. C’est lui qui en a eu l’idée et on ne l’avait pas encore eu, donc j’ai dit bah « Viens donc ! ». Fred a été son mentor et ils se sont débrouillés tous les deux. Il est donc devenu scénariste sur Ladybug. Il n’avait jamais écrit, mais il a montré de l’engagement et de la volonté.

Mélanie Duval (scénariste) : Ce qui fait la différence, c’est vraiment l’amour profond de la série. On adore vraiment tous les personnages, l’univers, c’est pourquoi on est arrivé à toi (Sébastien) comme des petits pèlerins.

Matthieu Choquet (scénariste) : Pour en revenir à la question. Je suis à l’école, j’aime écrire, je vais à l’école de cinéma. Mais c’est comme les personnes qui aiment dessiner. Tu aimes écrire ? Eh bien écris. Il faut le faire d’abord pour toi, et quand tu as écrit quelque chose qui te plaît, tu l’envoies à des directeurs comme Séb. Même si ce n’est pas directement pour une série ou autre. C’est un peu comme un book graphique. Pour qu’ils puissent se faire une première idée sur le style d’écriture, les idées amenées. Ainsi, tu vas réussir, que tu fasses une école ou non, y’a pas de chemin tout tracé. Je ne connais personne autour de moi qui a eu le même parcours. Après, c’est la vie qui nous amène à rencontrer des gens. C’est la rencontre qui fait vraiment la différence.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Par contre par rapport à Ladybug, la seule chose qui est compliquée pour vous, c’est que vous avez vu la série jusqu’à l’épisode 40 environ et nous on était en train d’écrire l’épisode 84. C’est cette différence qui pose maintenant problème pour rejoindre une série en cours. Il y a un trop grand gouffre.

Fred Lenoir (scénariste) : C’est comme sauter dans un train en marche et comme on n’est pas censés inciter les gens à le faire, il vaudrait peut-être mieux commencer par un train qui commence à rouler plutôt qu’un qui roule déjà très vite.

Question du public : Comme les épisodes sont diffusés à la télé, est-ce que vous vous attendiez au succès auprès des adultes et est-ce que vous avez changé votre façon d’écrire en réalisant ce fait ?

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Jamais. On n’a jamais changé notre façon d’écrire. Quand on a commencé la saison 2, vous n’aviez pas encore vu la saison 1. Dès le départ nous l’avons écrite pour tout le monde. Pour vous, pour des gens qui sont ailleurs dans le monde, mais on ne savait pas qu’elle aurait ce succès. On travaille de la même façon sur de nombreuses autres séries qui n’ont pas forcément eu cette chance. Là, la diffusion a été extraordinaire, ce qui vous a permis de la voir.

Mélanie Duval (scénariste) : On écrit pour les enfants, mais aussi pour les enfants qui sont devenus des adultes. On est tous des enfants à l’intérieur qui ont besoin d’histoires.

Question du public : J’adore Miraculous et les livres, avez-vous pensé à la faire en BD ?

Thomas Astruc (réalisateur) : A la base, je voulais que Miraculous soit plutôt un univers de comics, il s’avère qu’on en a fait un dessin animé. Mais on garde dans un coin de notre tête cette possibilité. Et ça pourrait même arriver assez vite.

Question du public : Est-ce que les noms des personnages ont une signification ?

Thomas Astruc (réalisateur) : Tous les noms ont une signification. Parfois ce sont des jeux de mots pour rire, après il y a d’autres noms que vous ne pouvez pas comprendre. Il n’y a que moi et la personne à qui je rends hommage à travers la série.

Question du public : Vous parliez d’émotions dans les épisodes, quel personnage vous donne le plus d’émotions ?

Matthieu Choquet (scénariste) : Par exemple ce que je préfère écrire chez Chloé, c’est le rapport qu’elle a avec Marinette. Et honnêtement, vous n’êtes pas au bout de vos surprises.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : J’ai un exemple avec l’épisode de « Reflekta »9. On avait eu une proposition de deux filles sur cet épisode. Et quand je l’ai imprimé, j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai trouvé que cette histoire était vraiment très belle.

Question du public : Sur la mythologie des Miraculous, d’où vient l’inspiration, est-elle chinoise ? Et jusqu’où ira l’étendue de la mythologie.

Thomas Astruc (réalisateur) : Le côté chinois, c’est quand j’ai créé Miraculous, j’étais à fond dans la culture chinoise. Et quand j’ai créé le personnage, la personne dont je me suis inspirée était aussi d’origine chinoise. Après, j’ai tiré, et ça a donné Miraculous.

Question du public : Quel est le kwami qui vous ressemble le plus ?

Thomas Astruc (réalisateur) : Les kwami sont des sortes de petits dieux avec des pouvoirs. Et chacun représente une facette d’un être humain, et donc en principe, on est censé pouvoir se reconnaître dans chaque kwami.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : J’en profite pour répondre à la question de tout à l’heure sur le personnage qui m’émeut le plus. C’est souvent Adrien, car sa vie n’est pas toujours facile et il me touche beaucoup. Marinette essaye d’améliorer tout ça.

Fred Lenoir (scénariste) : Moi je ne peux pas choisir, ça serait comme choisir entre mes enfants.

Question du public : Vous avez dit que vous aviez déjà la fin, mais aussi beaucoup d’idées. Comment faites-vous pour choisir quelle voie prendre ?

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : On a la fin, mais la fin d’un arc. On a une idée d’arc qui nous amène à un point. Et cet arc amène à la fin de cette histoire-là, mais ça ne veut pas dire qu’à la fin, il n’y a plus de Ladybug. Donc plus vous aimez la série, plus il y a de chances qu’elle continue d’exister.

La dernière question du public concernait les relations entre Adrien et Marinette.

Fred Lenoir (scénariste) : Les relations entre Adrien et Marinette sont le coeur de la série. Le coeur du concept de la série, c’est ce quiproquo amoureux. Les relations entre Marinette et Adrien, ainsi qu’entre Ladybug et Chat Noir, ça restera ce coeur et on ne brisera pas cela. Si on enlève ça, ce n’est plus Miraculous. En ce qui concerne l’évolution des relations entre les personnages, vous ne la connaitrez jamais car on veut que vous soyez frustrés.

Sébastien Thibaudeau (directeur d’écriture) : Je ne vais rien dire non plus, sinon vous n’aurez plus envie de suivre la série. Donc ne vous inquiétez pas, les aventures continuent et vous nous en reparlerez dans quelques années.

Thomas Astruc (réalisateur) : Je suis vraiment désolé pour ceux qui n’ont pas pu poser leur question. Et je vous remercie encore de suivre notre série et d’être venus aussi nombreux. Merci à vous.



  1. Le Lucky Charm est le super pouvoir du yoyo de Ladybug. Le yoyo crée aléatoirement un objet qui sera utile à la résolution de la situation dans laquelle Ladybug se trouve. ↩︎
  2. Auteur de science-fiction et de livres de vulgarisation scientifique. ↩︎
  3. Épisode 7 de la saison 1 ↩︎
  4. Épisode 4 de la saison 1. ↩︎
  5. Épisode 13 de la saison 2 qui a été diffusé le 27 mai 2018. ↩︎
  6. c’est une série télévisée d’animation française en 104 épisodes de 7 minutes ↩︎
  7. Wilfrid Pain a également doublé le kwami Trixx ↩︎
  8. Épisode 12 de la saison 2 de Miraculous. ↩︎
  9. Épisode 19 de la saison 1. ↩︎