Confessions d’un barjo – Avis +

Présentation de l’éditeur

Jack est un gentil garçon, mais à 33 ans il est incapable de garder un travail stable et de s’occuper de lui. Il préfère passer son temps le nez dans ses revues de phénomènes insolites, faire ses bizarres expériences et collectionner à peu près tout ce qui lui tombe sous la main.

Désespérée, sa soeur Fay l’emmène vivre avec elle et sa famille à la campagne, mais la cohabitation s’annonce difficile, surtout avec Charley, le mari violent de Fay…

Avis d’Emilie

Bien que ce roman ne puisse pas se classer en science fiction, comme la majorité des autres œuvres de l’auteur, on y retrouve le style et les sujets qui préoccupent Philip K. Dick.

Le héros, Jack, est un peu benêt. Il croit à tout ce qu’il lit, et il lit principalement des magazines de pseudo-sciences. Il est par exemple fasciné par le mystère du triangle des Bermudes, où il est persuadé que des centaines de bateaux y errent, depuis la Grèce antique.

Il pense que les extraterrestres sont des foutaises, mais qu’il existe des intra-terrestres, qui vivent au cœur de la planète. Il se demande également quand la Terre s’écroulera sous le poids de la lumière. Un jour, Jack vole des fourmis au chocolat, dans l’idée de les faire revivre, car il est bien connu que des mammouths gelés ont été secrètement ramenés à la vie.

Fay, sa sœur, décide alors de faire déménager son frère chez elle, à la campagne, où elle vit avec avec son mari et ses deux filles. La cohabitation est difficile, mais chaque personnage a des choses à apprendre de l’autre, et curieusement, le plus barjo de tous n’est pas forcément celui qu’on croit.

Les situations ubuesques s’enchaînent, et chacun a un regard assez juste sur la folie, y compris la sienne. Mais il faudra bien entendu attendre le dénouement final pour s’en rendre compte…

Philip K. Dick a le chic pour s’interroger et nous faire nous interroger sur l’univers et notre façon de l’appréhender. Il pose la question cruciale : qu’est ce qui est réel, et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Et si c’était nous qui ne l’étions pas ?

Les thèmes chers à K. Dick ne sont pas absents du roman. Dans ce livre, La question se pose à travers ses personnages : Fay se demande si finalement, son frère n’a pas une vision moins étriquée, pas forcément plus juste, mais plus ouverte de la vie.

Jack, lui, s’interroge sur les actes de Charley, le mari de sa sœur, et sur ceux de sa sœur bien sûr. Son influence sur leur deux petites filles est capitale, ce qui déplaît aux parents. Tout cet embarras n’est pas sans saveur pour le lecteur. Certains dialogues sont délectables ! On frôle régulièrement la quatrième dimension de l’argumentation.

Le style est très travaillé, la narration est complexe. En effet, le point de vue change régulièrement, parfois très brusquement. C’est Jack qui commence par raconter l’histoire. Il est naïf et un brin paranoïaque, mais cette façon d’entamer le livre, par son vécu et sa parole le rend très attachant, et nous le présente comme lucide.

Quelques fois, c’est Fay qui parle, et d’autres fois encore, on enchaîne sur une narration extérieure. C’est parfois un peu embrouillé, mais ça l’est à l’image de nos personnages, qui se débattent avec leur vie.

C’est un roman tout à fait intéressant, qui change complètement des fabuleuses anticipations que nous livre habituellement l’auteur. Ce récit est très personnel, mais mieux vaut le lire tout en ayant déjà plongé dans l’univers Dickien.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 283
Editeur : J’ai lu
Sortie : 2 juillet 2014
Prix : 6 €