Conor’s way – Avis +

Résumé de l’éditeur

Determined to save her post-Civil War plantation, stubborn Olivia Maitland reluctantly enlists the help of ex-boxer Conor Branigan, whose bitterness over the destruction of his Irish home has made him swear to remain independent forever.

Avis de Callixta

Je ne cesse d’explorer le talent de cet excellent auteur qu’est Laura Lee Guhrke et j’en viens à m’étonner qu’elle ne soit pas plus connue parce qu’elle a un talent indéniable pour créer des héros hors norme dans des romans doux-amers.

Conor’s way est un roman dur et difficile. Laura Lee Guhrke a choisi de mettre en scène ses héros dans la Louisiane de l’après guerre de sécession. Dans cet état du Sud, il est difficile de se relever et de tourner la page de la guerre. La pauvreté est grande et toutes les familles sont marquées par la perte d’un ou de plusieurs proches. C’est ce que vit Olivia Maitland. Elle vit seule avec ses trois filles adoptives. Elle a recueilli les enfants de son amie morte durant le conflit et a perdu tous les membres de sa famille. Malgré la douleur, elle a reconstruit une vie modeste dans l’ancienne demeure familiale autour des trois enfants. Le roman commence lorsqu’Olivia croit que l’un de ses voeux va être exaucé : elle qui a tant besoin de bras masculins pour entretenir sa maison branlante découvre un homme inanimé sur la route du village. Convaincue qu’elle va le regretter, Olivia ramasse l’homme et va le soigner. Il va complètement bouleverser sa vie.

Conor Branigan est un boxeur. Il passe sa vie sur les routes, vivant seulement des combats qu’il gagne. C’est un homme dur, extraordinairement fier, solitaire. Le roman va permettre de comprendre pourquoi et comment il est devenu cet homme là. Et rarement une romance est allée aussi loin dans la crudité et le réalisme du passé d’un héros.

Conor est irlandais. Il est issu d’une famille de paysans fauchée par la terrible famine qui a frappé le pays dans les années 1840. Une série de flash-backs effrayants nous livre ce que fut son passé jusqu’à ce qu’il rencontre Olivia. La scène qui raconte la fin d’une des sœurs de Conor est bouleversante. On ne peut s’empêcher d’éprouver de l’empathie pour cet homme brisé.

Le roman n’est pas follement original. Les héros brisés par la vie qui retrouvent goût au bonheur ne sont pas rares mais Laura Lee Guhrke, comme à chaque fois, met un soin méticuleux à analyser les sentiments humains, à montrer comment l’irréparable peut parfois être soigné, comment un homme traumatisé peut marcher vers la résilience, comment un homme dont les rêves ont été saccagés peut de nouveau espérer. Le tout sonne juste. Tout simplement. On parvient à croire à ce retour vers le bonheur parce qu’il est réaliste et vrai. Il y aura toujours des traces dans la vie de Conor, mais il va se donner la possibilité d’être heureux, de rêver.
On oublie presque la propre douleur d’Olivia. Et elle-même trouve en Conor une raison d’avancer et d’espérer aussi.

La présence des filles d’Olivia dans le roman apporte un peu de légèreté mais aussi du réalisme. Elles ont quatorze, neuf et six ans et sont très bien campées. Leur attitude correspond à leur âge et elles vont largement contribuer à rapprocher Conor de leur « mère ». L’évocation de la Louisiane est aussi loin des clichés habituels. Pas de bayous suffocants, ni d’exotisme facile autour de ce Sud des Etats-Unis pittoresque mais la description d’une terre dure et âpre, loin de tout, à peine raccordée aux grandes lignes de chemin de fer. D’ailleurs, il faut noter l’extrême variété de ses choix de thème et de cadre et le grand soin qu’elle apporte à leur évocation. Elle peut passer de l’Angleterre de la Régence aux Etats-Unis de la guerre d’Indépendance en passant par le Londres du début vingtième !

Il y a de la profondeur dans les romans de Laura Lee Guhrke et un vrai souffle. Elle est capable de faire des romans durs et dramatiques comme celui-ci ou plus légers avec le même brio. Je ne saurais trop conseiller de surveiller la sortie de ses prochains écrits : c’est un grand auteur qui peut ménager encore bien des surprises.

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 416
Editeur : Harpercollins
Sortie : 25 janvier 1996
Langue : anglais