Corps manquants – Avis +

Présentation de l’éditeur

1965. Connecticut. Au centre de recherche neurologique d’Holloman, deux employés découvrent, dans la chambre froide où l’on dépose les animaux de laboratoire avant incinération, un sac contenant un corps sans tête, coupé en deux…

Chargé de l’affaire, le lieutenant Carmine Delmonico établit rapidement le lien avec des meurtres sadiques récemment perpétrés. Toutes les victimes – des femmes – ont en commun leur jeune âge et leur couleur de peau.

L’enquête piétine. Seule certitude, le coupable travaille au centre de recherche. La tension monte en ville sous la pression des activistes noirs, convaincus qu’il s’agit de crimes racistes. Vite, un coupable, avant que d’autres corps ne manquent à l’appel…

Avis de Francesca

Lorsque l’auteur des Oiseaux se cachent pour mourir décide d’écrire un polar, on pourrait s’attendre au pire. Fort heureusement, le talent ne se décline pas par genre, et Colleen McCullough sait aussi bien s’y prendre pour raconter une grande fresque tragique ou un thriller à l’atmosphère sombre et étouffante.

Dans les années 1960, l’inspecteur Carmine Delmonico est chargé d’une affaire sordide de cadavres décapités de jeunes filles métisses, dont l’une a été retrouvée en morceaux dans un centre de recherche, le Hug. Très vite, les meurtres se succèdent sans qu’aucune piste soit privilégiée afin d’attraper l’assassin surnommé le Fantôme. Alors que l’enquête stagne et se concentre sur le Hug, les tensions raciales montent et les esprits s’échauffent.

L’intrigue proposée est originale dans le sens où le contexte est historique, dans les années 60, avec les conditions de vie et les mœurs de l’époque qui imprègnent l’atmosphère rendue si particulière par une série de meurtres. Bien qu’il y ait des détails macabres, cela ne consiste pas l’essentiel du roman, l’auteur s’attachant davantage à l’évolution de l’enquête, personnifiée par le personnage principal, Carmine, qui se plonge totalement dans l’affaire, au point de s’obstiner sur des points précis que d’autres auraient laissé passer sans les voir. Le récit est efficace avec un tempo assez rapide malgré l’ambiance pesante et la galerie de personnages secondaires est un atout pour maintenir le suspense avec des évènements précipités et une belle brochette de suspects potentiels à surveiller.

Toutefois, l’auteur n’a pas résisté à immiscer une relation amoureuse pour Carmine, mais il faut préciser qu’elle ne tient pas de place vraiment importante et qu’il ne faudrait pas se méprendre sur le caractère réellement policier de ce roman.

L’intrigue est déroulée de manière implacable et précise, les jours, puis les mois défilant, et les disparitions s’enchainant dans cette affaire, l’auteur prenant visiblement son temps, et avec raison, pour faire évoluer son récit jusqu’à un dénouement qui est probablement trop rapide, défaut largement répandu dans le genre policier. Mais les dernières pages sont somptueuses car elles laissent entrevoir un retournement de situation que même le lecteur le plus chevronné n’aurait pas pu deviner. Un coup de maitre réussi pour un premier essai dans ce genre de littérature.

Fiche technique

Format : poche
Pages : 394
Editeur : L’Archipel
Collection : Archipoche
Sortie : 4 juin 2008
Prix : 7,50€