D’ors et d’oreillers – Avis +

Présentation de l’éditeur

C’est un lit vertigineux, sur lequel on a empilé une dizaine de matelas. Il trône au centre de la chambre qui accueille les prétendantes de lord Handerson. Le riche héritier a conçu un test pour choisir sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, sans parent, ni chaperon, dans ce lit d’une hauteur invraisemblable.

Pour l’heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication. Mais voici que lord Handerson propose à Sadima de passer l’épreuve. Robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n’a pourtant rien d’une princesse au petit pois ! Et c’est tant mieux, car nous ne sommes pas dans un conte de fées mais dans une histoire d’amour et de sorcellerie où l’on apprend ce que les jeunes filles font en secret, la nuit, dans leur lit…

Avis de Claire

Cela commence comme dans un roman de Jane Austen… Les ladies des environs sont toutes émoustillées d’apprendre qu’un jeune lord, nanti de 80 000 livres de rente (là où un Monsieur Darcy n’en avait que 10 000 !) cherche à se marier. Apparemment, il est jeune et plutôt bien fait de sa personne, ce qui ne gâche rien, bien au contraire. Il est également orphelin, ce qui est fort commode pour ne pas avoir de belle-famille sur le dos.

Non, la seule chose qui cloche est l’étrange demande qu’il fait à chacune de ses prétendantes. Mais à ce prix là, 80 000 livres de rente, pensez-donc ! Elles peuvent bien fermer les yeux sur le fait de passer une nuit entière dans la maison de ce célibataire, et sans chaperon, s’il vous plaît ! C’est en effet la seule et unique exigence de ce lord excentrique et mystérieux. Au petit matin, il renvoie inlassablement les jeunes femmes chez elles, visiblement, il est toujours à la recherche de la perle rare… Jusqu’à Sadima.

Moitié égyptienne, la jolie jeune fille de 17 ans est la femme de chambre de trois demoiselles gâtées et odieuses. Elle est aussi un peu magicienne, très intuitive, dégourdie, et se dit que pourquoi pas, et oui pourquoi ne pourrait-elle pas elle aussi tenter la nuit au manoir et voir de quoi il retourne ? Quant à épouser un lord, c’est un autre problème, sauf si… Sauf si l’amour pointe le bout de son nez. Sadima décide de jouer le jeu, mais surtout de garder toutes les cartes en main.

Flore Vesco aime écrire et cela se sent dans sa manière de manier les mots, la langue, la grammaire, les références littéraires. Du début à la fin, son roman est un véritable délice, du genre que l’on commence à dix heures du soir, en se disant qu’on va en lire un petit bout, et que l’on dévore jusqu’au bout de la nuit. Sadima est une héroïne forte, comme on aimerait en voir encore plus dans la littérature jeunesse, à l’opposé de la demoiselle en détresse, au contraire, c’est elle le preux chevalier.

Si l’on reconnait sans peine le paradigme des contes de fées, en particulier celui de La Princesse au petit pois, Flore Vesco imagine pourtant un univers unique, presque indescriptible, d’une intelligence féroce, qui tétanise tout sur son passage. Le conte est aussi le prétexte de l’évocation de la naissance de la sensualité, et c’est merveilleusement décrit, d’une poésie et d’une originalité folles, débridées, obsédantes.

Un récit d’une force et d’une puissance rares.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 240
Editeur : L’école des loisirs
Sortie : 3 mars 2020
Prix : 15 €