DVD : Les étendues imaginaires – Avis +

Présentation officielle

À Singapour, dans un chantier d’aménagement du littoral, l’inspecteur de police Lok enquête sur la disparition d’un ouvrier chinois, Wang. Après des jours de recherches, toutes les pistes amènent Lok dans un cybercafé nocturne, tenu par une fascinante jeune femme que Wang fréquentait pour lutter contre ses insomnies et sa solitude.

Avis de Chris

À Singapour sur un chantier d’aménagement du littoral, une entreprise emploie des clandestins. Wang, un ouvrier chinois, est insomniaque, malgré le travail harassant qu’il effectue chaque jour. Alors qu’il ramenait des ouvriers au dortoir, la roue de sa camionnette crève. Il sera alors aidé des ouvriers bangladais, dont Ajit. Naît alors entre eux, une amitié.

Un soir, le patron demande à Ajit de l’aider. Cependant, le Bangladais ne revient plus. Persuadé qu’il s’est passé quelque chose de grave, le Chinois part à sa recherche et disparaît à son tour. L’inspecteur Lok enquête donc sur la disparition de Wang.

Wang est insomniaque, ainsi que l’inspecteur Lok. Au cours de ses insomnies, il passera de nombreuses nuits chaudes dans un cybercafé où il y fera la rencontre de Mindy, une jeune employée énigmatique. A travers la vision de Wang, de Ajit, de l’inspecteur Lok et de Mindy, le film fait la part belle à l’insomnie et ses conséquences. Yeo Siew Hua réalise une séquence psychédélique où le virtuel se confond avec la réalité. Wang semble peu à peu dévoré jusqu’à ce que le spectateur soit dans l’incapacité de se situer entre le vrai et le faux.

Entre imagination et réalité, Les étendues imaginaires mène le spectateur dans un décor poussiéreux, celui du sable malaisien, cambodgien ou encore vietnamien. En effet, le littoral singapourien est façonné depuis des décennies par l’homme. Des ouvriers étrangers sont les maîtres d’oeuvre de ces chantiers à ciel ouvert, aussi gigantesques que l’ambition singapourienne à étendre son territoire.

Le réalisateur Yeo Siew Hua dénonce rapidement les traitements infligés aux migrants qui n’ont d’autres choix que de subir pour subvenir aux besoins de leurs familles. Dépossédés de leur seul bien, leur passeport, les migrants affrontent inlassablement des conditions de vie dégradantes et inhumaines. Et l’amitié, la fête sont pour eux une bouffée d’air frais. Parfois, des événements viennent altérer leur quotidien, comme un accident ou une grève à demi déclarée. Quoi qu’il en soit, une entraide entre migrants existe, peu importe la nationalité de chacun. Le film est peut-être utopiste sur ce fait, mais il met en avant des valeurs universelles dans un long-métrage pourtant sombre et mélancolique.

Quelques scènes paraissent, toutefois, confuses dont une où l’on se demande pourquoi elle a été filmée de cette manière. Comme tout bon film indépendant qui se respecte (ceci est de l’ironie), nous avons une scène de nudité qui semble sortir de nulle part et qui n’apporte pas grand chose au film, si ce n’est de la nudité.

Néanmoins, les musiques et les quelques chansons qui accompagnent le film sont plutôt bien choisies. Elles sont toutes assez douces, excepté celle de la fête bangladaise. Parfois, elles immergent encore plus le spectateur dans cette ambiance presque d’illusion où l’on a du mal à se situer. Rêve ou réalité ?

Les étendues imaginaires est un bon film qui reste lent à démarrer, mais qui se révèle à partir de la seconde moitié de l’histoire. Avec un casting international, le long-métrage s’ancre dans une réalité sur les conditions de vie des ouvriers, et a fortiori, des migrants à Singapour, sur leurs maux, mais aussi leurs rêves et espoirs. L’insomnie est également un thème central, celui de deux êtres que tout oppose, mais qui recherchent tous deux la paix intérieure.

Bonus du DVD

A l’intérieur du DVD, en plus du film en vostfr, quelques bonus l’agrémentent. On y trouve un entretien avec le réalisateur et un second avec Yue Guo (Mindy). On y apprend notamment pour quelle raison l’histoire se déroule à Singapour ou encore quel est le lien qui unit ce petit pays grandissant au réalisateur. Enfin, la bande annonce, la biographie du réalisateur et une galerie photos concluent les bonus qui durent une vingtaine de minutes.

Fiche technique

Sortie du DVD : 3 septembre 2019
Durée : 95 minutes + 20 minutes (bonus)
Avec Peter Yu, Linda Kwok, Liu Xiaoyi, Ishtiaque Zico…
Genre : drame, polar
Langue : mandarin, anglais, bengali
Sous-titre : français, anglais
Son : Stéréo, 5.1
Distributeur : Épicentre Film
Prix : 19,99 €