Dalton Trumbo – Avis +

Présentation Officielle

Hollywood, la Guerre Froide bat son plein.

Alors qu’il est au sommet de son art, le scénariste Dalton Trumbo est accusé d’être communiste.

Avec d’autres artistes, il devient très vite infréquentable, puis est emprisonné et placé sur la Liste Noire : il lui est désormais impossible de travailler.
Grâce à son talent et au soutien inconditionnel de sa famille, Il va contourner cette interdiction.

En menant dans l’ombre un long combat vers sa réhabilitation, il forgera sa légende.

Avis de Valérie

Il n’y a rien de plus cruel qu’un pays s’en prend à une partie de ses citoyens pour une raison de religion, de couleur de peau, de genre, ou de politique. Après la victoire des Alliés en 1945, l’URSS communiste et puissante inquiète énormément les Etats-Unis libéral et parano.

L’angoisse du nucléaire terrifie le pays, et l’idée que des espions ou sympathisants aux doctrines marxistes puissent renverser l’opinion publique également. C’est alors que la chasse aux sorcières débute. Le bureau des Huac (House Un-American Activities Committee) s’intéresse de près à Hollywood avec la peur de la puissance du septième art pour maîtriser l’opinion publique.

C’est alors que des personnes influentes (John Wayne, Hedda Hooper ex-vedette du cinéma devenue échotière) s’en prennent à leurs collègues acteurs, réalisateurs ou scénaristes pour les exclure des studios de cinéma au nom de la nation. Cette lutte fraticide ne peut-être que douloureuse, les pressions faites sur les plus faibles afin qu’ils dénoncent leurs petits « camarades », de véritables drames.

Dans cette lutte pour ses convictions, le talentueux scénariste Dalton Trumbo va détonner par sa manière originale de résistance. Il ne cède rien, perd tout mais demeure en phase avec ses convictions humanistes. Il n’est ni grand ou costaud comme John Wayne, ni mauvaise langue bien qu’ayant beaucoup d’éloquence comme la vipère Hooper, mais il se lève et résiste, et ne concède rien.

De plus, là où va résider son ultime talent est sa flexibilité pour travailler. Malgré les chantages touchant tous les producteurs qui emploieraient l’un des dix inscrits sur la liste noire, il va placer des scénarios d’une qualité incroyable sous des noms d’emprunt ou des prêtes-noms, et finira même par gagner deux Oscar ! Aidé et soutenu par sa famille, il va récupérer son nom grâce à l’acteur-producteur de l’époque Kirk Douglas et son Spartacus.

L’interprétation est excellente, Bryan Cranston a été nommé aux Oscar pour ce film et même s’il n’a rien gagné, il fait toute la saveur du film. Même chose pour Helen Mirren ou Diane Lane, mais ce qui est hypnotisant c’est l’évocation du passé et des stars d’hier. Des images d’archives sont récupérées avec certaines scènes rejouées par les acteurs du film, la ressemblance physique est bluffante et nous donne le sentiment d’avoir remonté le temps.

Très émouvante, l’histoire nous montre les gagnants et les perdants de cette persécution avec au centre ceux qui n’avaient rien demandé mais ont trahi pour garder leur privilège ou pour continuer de vivre. On peut avoir le coeur serré par le destin de grands acteurs déchus, et même si des personnalités comme Trumbo ont vu leur honneur redoré, d’autres ont été pardonnés, mais n’ont jamais retrouvé leur estime d’eux-même.

Ce film magnifique est cohérent, intelligent et beau. Mais c’est aussi du grand spectacle comme sait le faire Hollywood. C’est un moment historique qui nous amène à réfléchir sur la délation (et la France peut se le permettre), sur l’importance de tenir bon face à l’oppression des idées, des valeurs ou de la liberté… et aussi sur la loyauté.

Ne quittez pas la salle trop tôt, des images d’archives sont ajoutées au générique, et c’est passionnant !

Fiche Technique

Sortie : 27 avril 2016

Durée : 124 minutes

Avec Bryan Cranston, Diane Lane, Helen Mirren, etc.

Genre : biopic