De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites – Avis +

Présentation officielle

Dans la société américaine en pleine mutation des années 70, Béatrice Hundsdorfer rêve d’ouvrir un salon de thé élégant alors qu’elle élève seule, et non sans peine, ses deux filles. Deux adolescentes au caractère opposé : Ruth, 17 ans, est fantasque et rebelle, Mathilda, 13 ans, est introvertie et passionnée de sciences, étudie l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites…

Avis d’Artémis

De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites est la première pièce écrite en 1964 par l’auteur américain Paul Zindel (1936-2003), pour laquelle il a reçu le prix Pulitzer en 1971, dans la catégorie théâtre. Elle est adaptée ici par Manèle Labidi-Labbé et remarquablement mise en scène par Isabelle Carré, qui interprète aussi le personnage de la mère.

Même si l’époque est évoquée par les costumes colorés et baba cool et par les décors (représentant l’intérieur du logement des personnages), cette pièce qui a déjà plus de 50 ans frappe par ses problématiques contemporaines. En effet, elle donne à voir une famille monoparentale dans laquelle la mère est marquée par son échec social, qu’elle vit très mal et qu’elle fait payer à ses filles, surtout sa cadette.

Cette pièce est en effet plutôt déstabilisante. Bien loin de l’image lumineuse et sympathique que transmet la talentueuse Isabelle Carré, son personnage est ici antipathique, plein d’amertume et de regrets. Devant Mathilda, sa fille studieuse et brillante de 13 ans, elle l’écrase, l’empêche d’étudier.

Mathilda est une jeune fille réservée, et plutôt optimiste et opiniâtre. Elle ne s’oppose jamais à ma mère, lui obéit respectueusement, mais toujours revient à sa passion des sciences, son envie d’étudier, son enthousiasme devant les expériences qu’elle peut mener. Ce rôle est interprété en alternance par Lily Taïeb (en photo sur l’affiche) et Armande Boulanger (sur les photos de l’article, et qu’Onirik a vu sur scène ce soir-là). La jeune comédienne nous a impressionné par son approche du rôle, pleine de finesse et de maturité.

La famille – quelle distribution excellente, car on croit vraiment aux liens entre les comédiennes – est complétée par Ruth, l’adolescente, extravertie, dans laquelle sa mère semble plus se retrouver. Elle est interprétée par Alice Isaaz [[On a pu voir la comédienne au cinéma notamment dans La crème de la crème ou encore Les yeux jaunes des crocodiles.]] pleine d’énergie et très juste elle aussi. Car derrière cette apparence fantasque d’adolescente insouciante, la jeune femme souffre de cauchemars et de crises d’épilepsie.

Cette pièce raconte plus une tranche de vie qu’une histoire avec un début et une fin. Il n’y a pas d’intrigue à proprement parler (même si l’on suit l’expérience de Mathilda de l’influence des rayons gamma sur la croissance des marguerites, qui est une sorte de fil rouge), mais il s’agit plutôt de la chronique d’une famille très particulière, et des personnalités et des rapports de force entre ses membres.

Tout au long de la représentation, on voit la mère s’enfoncer de plus en plus dans une forme de folie, même si elle a de douloureux moments de lucidité sur sa situation, quitte à emporter ses filles avec elle dans sa chute. C’est ça le plus désespérant et poignant de la pièce : au lieu de tout faire pour aider ses filles à réussir, elle les freine (surtout Mathilda), comme si elle avait peur qu’elles lui échappent… Alors que par son attitude, elle ne peut que les éloigner encore plus d’elle…

Vous l’aurez compris, c’est une pièce marquante, qui reste en tête et dans le cœur bien après l’avoir vu…

Fiche technique

Adresse : Théâtre de l’Atelier – 1, place Charles Dullin – 75018 Paris

Horaires : du mardi au samedi à 19h, le samedi à 17h00

Tarifs : de 17 € à 37 €

Informations et réservations : 01 46 06 49 24 ou sur le site officiel du Théâtre de l’Atelier

Copyright photos : Christophe Vootz – Théâtre de l’Atelier

Bande-annonce du spectacle