Présentation officielle
Avril 2001. Dans la cave d’une ferme miteuse, au creux d’une vallée isolée couverte d’une forêt dense, un homme est enchaîné. Théo, quarante ans, a été capturé par deux frères, deux vieillards qui ont fait de lui leur esclave.
Comment a-t-il basculé dans cet univers au bord de la démence ? Il n’a pourtant rien d’une proie facile : athlétique et brutal, Théo sortait de prison quand ces vieux fous l’ont piégé au fond des bois.
Les ennuis, il en a vu d’autres. Alors, allongé contre les pierres suintantes de la cave, battu, privé d’eau et de nourriture, il refuse de croire à ce cauchemar. Il a résisté à la prison, il se jure d’échapper à ses geôliers.
Avis de Chris
Théo sort enfin de prison, après y avoir séjourné de longs mois durant. Son envie de reprendre une vie normale est palpable. Il aura un peu de mal, mais s’y fera avec le temps. A peine l’aura-t-il retrouvée qu’il va terminer une nouvelle fois en cage, mais cette fois-ci sans l’espoir d’en sortir un jour en un seul morceau.
Considéré comme un chien, un esclave, privé d’eau et de nourriture, battu, Théo va devoir apprivoiser les deux vieux cinglés qui l’ont séquestré. Tous deux à la retraite, ils vivotent dans une maison isolée de tous les regards indiscrets où ils tiennent déjà en laisse un autre chien malade. Luc, le premier pensionnaire de leur cave froide et humide, est un bon chien obéissant, mais il est surtout cassé, comme sa jambe. Pas de doute, si Théo est là, c’est que Luc est bon pour finir dans un trou.
Sandrine Colette mène le lecteur dans un profond désarroi pour l’avenir de Théo. Il est présenté comme un homme à fort caractère, qui n’a pas peur d’en venir aux mains s’il le faut. Et pourtant, Théo va être poussé dans ses derniers retranchements. La soif, la faim, les douleurs vives qui ne cessent jamais réellement, le froid, la brutalité psychologique et physique, tout ça amplifie la sensation que rien ni personne ne pourra le sortir de là. C’est bien là, la force de l’écriture de l’auteure, celle de réussir à nous faire plonger dans l’abîme, comme Théo qui, petit à petit, se résigne à une survie rongée par le travail éreintant et par une angoissante solitude.
Quant aux deux kidnappeurs, ils sont réellement terrifiants. Impossible de se dire qu’à la place de Théo ou de Luc, on aurait agi d’une manière différente. Même s’ils sont âgés, un fusil en main, ils deviennent très dangereux. Leur folie quotidienne en devient presque banale, comme si, au bout du compte, c’était normal d’agir ainsi. Et c’est cela qui rend cette histoire d’un réalisme qui fait froid dans le dos. Ce n’est même pas une question de chance ou de malchance, c’est juste la vie, telle qu’on nous la présente, avec des personnages résignés dans leurs habitudes.
Des nœuds d’acier est un thriller noir qui ne laissera pas indifférent le lecteur. Beaucoup, lorsqu’ils verront une maison isolée près d’une forêt, penseront sans doute à cette histoire glaçante. Et si, là, maintenant, il y avait un Théo, enchaîné dans une cave qui n’attendait qu’une chose : l’espoir de retrouver la liberté ou de trouver la mort, la paix…
Fiche technique
Format : poche
Pages : 264
Éditeur : Le livre de Poche
Sortie : 29 janvier 2014
Prix : 7,40 €