Désirs et volupté à l’époque victorienne – Avis +

Présentation officielle

À l’automne 2013, le Musée Jacquemart-André met à l’honneur la peinture victorienne (1860-1914). Durant le règne de la Reine Victoria (1837-1901), les grands peintres comme Sir Lawrence Alma-Tadema, Sir Frederic Leighton, Edward Burne Jones, mais aussi, John Strudwick, John William Waterhouse ou Albert Moore, qui font pour la plupart partie de la prestigieuse Royal Academy, rencontrent un immense succès en développant une esthétique sensuelle et poétique.

Dans leur univers inspiré de l’Antiquité ou du Moyen Âge, la femme, à la fois muse, nymphe ou héroïne, est le sujet principal d’une peinture où le culte de la beauté et du corps féminin s’exprime amplement. Loin du grand essor économique et industriel qui caractérise cette période de l’histoire anglaise, les artistes s’attachent à rompre avec la trivialité du quotidien et de la vie contemporaine pour mettre à l’honneur un âge d’or, monde imaginaire et idéal principalement inspiré de l’Antiquité gréco-romaine.

Ils développent ainsi une esthétique sensuelle, loin du discours moralisant de l’ère victorienne. Les découvertes réalisées sur les grands sites archéologiques antiques, au premier rang desquels Pompéi, contribuent à nourrir la créativité d’artistes qui ne tardent pas à rencontrer un succès considérable, à l’image d’Alma-Tadema qui fut l’artiste le plus côté de son époque.

Nourris de littérature, les peintres trouvent également dans l’univers médiéval, la légende arthurienne ou le théâtre de Shakespeare une vaste source d’inspiration et un décor propice à la représentation des passions amoureuses. Des figures majeures de cette période, comme Millais, Strudwick ou Waterhouse, réinventent un univers unique et inspiré dédié à la séduction et à l’amour.

Avis de Claire

Le Musée Jacquemart-André, véritable joyau architectural du Second Empire, est un magnifique écrin pour cette exposition de toute beauté, la collection anglaise Pérez Simón, du nom du collectionneur mexicain, Juan Antonio Pérez Simón. Sa fondation, nantie de plus de 1000 peintures, sculptures, dessins, objets d’art et d’une riche bibliothèque, est considérée comme l’une des plus importantes d’Amérique latine.

Parmi les oeuvres rares en sa possession, une impressionnante collection de peintures victoriennes, ou plus précisément préraphaélites. Né en Grande-Bretagne en 1848, ce mouvement artistique, initié notamment par William Holman Hunt, John Everett Millais et Dante Gabriel Rossetti, avait pour but de contrer le conformisme académique et de retrouver les tonalités chatoyantes, vivantes et colorées des maîtres italiens.

Les préraphaélites, vite regroupés sous l’appellation Preraphaelit Brotherhood (confrérie préraphaélite) ont connu un véritable triomphe lors de l’Exposition universelle de Paris, en 1855. Il est donc justice que Paris leur rende un hommage à travers une exposition digne de leur talent.

Si l’on est encore loin d’une grande rétrospective, telle que pourrait l’envisager le Musée d’Orsay par exemple, le cadre très intime, presque « précieux » du Musée Jacquemart-André donne une connotation sensiblement secrète, voire mystérieuse à ces oeuvres encore trop souvent méconnues de ce côté-ci de la Manche.

Dans ce musée aux allures de parcours fléché, il faut passer par la cour intérieure, puis par le jardin d’hiver et par sans doute l’un des plus majestueux escaliers de Paris, pour arriver enfin au coeur du sujet : les peintures. Les salles sont petites (elles sont au nombre de 8), les oeuvres finalement peu nombreuses (50 en tout), mais cette collection offre un panorama assez représentatif du mouvement préraphaélite.

Les différentes thématiques proposées (« Désirs d’Antique », « Beautés classiques », « Burne-Jones Muses et modèles », « Femmes fatales », « Héroïnes amoureuses », « L’Harmonie rêvée », « La Volupté du nu », « Le Culte de la beauté »), rendent parfaitement compte de l’éclectisme artistique de cette époque.

La collection Pérez Simón n’est pas de celle que l’on voit dans les musées habituellement, ces oeuvres sont rares, si vous aimez cette période, ces peintres au talent qui laisse rêveur, comme John William Waterhouse (dont on peut admirer trois peintures dont le merveilleux La Boule de cristal (1902), Sir Lawrence Alma-Tadema, Sir Frederic Leighton, Edward Burne Jones…

Un petit d’air d’Angleterre victorienne en France, sous le signe subversif des désirs et de la volupté, cette exposition est inoubliable et immanquable ! N’oubliez pas de faire un petit détour par le splendide café du Musée et sa boutique merveilleusement garnie !

Informations pratiques

Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann 75008 Paris
01 45 62 11 59
Ouvert de 10h à 18h
Nocturnes les lundis et samedis jusqu’à 21h en période d’exposition
De 11 à 9,5 €

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Crédit photos : Musée Jacquemart-André