Destruction Babies – Avis +

Présentation du film

Mitsuhama, port du Shikoku, sud le plus rural du Japon. Là vivent deux frères orphelins, Taira et Shota Ashiwara. L’aîné, Taira, est obsédé par l’idée de se battre. Un jour où il a été passé à tabac par un groupe, il rejoint Matsuyama, la grande ville la plus proche, à la recherche d’adversaires forts à qui se mesurer. Débute alors dans son sillage une escalade de violence.

Avis de Hiromichi

« Shota ! Je quitte la ville. »

Ce sont les derniers mots prononcés par Taira à son petit frère, de l’autre côté d’une rive, avant de se faire prendre par un gang du quartier et de disparaître dans la nature.

Shota et Taira sont deux orphelins, ils vivent ensemble dans des vieilles tentes au-dessus d’un hangar à bateaux que leur prête gracieusement un vieil homme du quartier. L’un est sage et gentil, l’autre ne cherche que les ennuis tant les combats le font se sentir vivant. C’est pour cela que Taira va abandonner son frère, ce besoin de tension, de sang, il ne peut le faire avec Shota à ses côtés.

Taira est au long des premières minutes un être qui ne semble pas être humain, il erre dans les rues, l’aspect sale, un comportement étrange et le visage bien souvent ensanglanté. Il ne communique pas, il ne parle pas et ne fait que des bruits d’animaux. Dans les rues, il choisit ses proies, il la frappe et tel un prédateur hargneux, il ne la lâche pas même s’il se fait mettre à terre. À chaque fois, il retrouve sa victime lorsqu’il se fait maîtriser dans un premier temps, le goût du sang semble toujours plus fort.

Taira possède une force et une résistance hors norme, son endurance est également angoissante, car on a l’impression de ne jamais pouvoir s’échapper de son emprise. Il s’amuse, change de coin et reproduit le même processus.

C’est dans ces rues qu’il va croiser Yuya, un lycéen pleutre et grande gueule qui utilise les autres pour se divertir. C’est un garçon faible et malsain que Taira va accepter à ses côtés.

Et puis, pour clore ce groupe, il y a Nana, une hôtesse arrogante et voleuse qui ne vie que pour elle et sa survie. Malheureusement, elle va se faire embarquer malgré elle dans cette histoire.

Au début de ce film, lorsqu’on suit la progression de Taira qui enchaîne les combats de rue sans motivation apparente ou simplement pour tromper son ennui, on ne comprend pas bien le message qu’on essaye de nous transmettre. Mais plus on avance, plus il y a du public et cela devient un spectacle. On laisse les animaux se battre contre le bitume, les gens se massacrer, le public observe, filme, applaudit, passe son chemin. Les réactions sont banalisées face à cette bête curieuse et font froid dans le dos. On voit le phénomène prendre de l’ampleur et l’impunité fait que ça dégénère, que Taira prend goût à ce sang qu’il fait couler, toujours plus.

Et de l’autre côté il y a Shota, abandonné, mais également identifié comme étant son frère. Il subit les conséquences des actes de Taira qui est insaisissable et suit impuissant cette descente aux enfers.

C’est un film qui met mal à l’aise, car on est confronté ici à de la violence brute, de la violence qui est sans limite et qui se fiche des conséquences. Taira s’amuse, frappe des hommes et s’en délecte. Du côté du spectateur, on se rend compte que la violence et cette folie se transmettent. C’est malsain et bien réalisé, mais il n’est pas surprenant qu’on puisse également se trouver complètement hermétique à ce comportement tant nos vies s’éloignent de la sienne.

Fiche technique

Sortie : N.C
Avec : Yûya Yagira, Masaki Suda, Nana Komatsu, Murakami Nijiro…
Genre : drame