Deux soeurs pour un roi – Avis +

Résumé

Quand la rumeur se répand que le roi Henry VIII ne partage plus la couche de la reine Catherine, son épouse incapable de lui donner un héritier mâle, Sir Thomas Boleyn rêve de gagner la faveur royale grâce à sa fille aînée. La belle Anne Boleyn devra séduire le roi et lui donner enfin le fils tant attendu.

L’ambitieux projet de Sir Thomas est cependant quelque peu contrarié quand le roi lui préfère sa soeur cadette, Mary.

Avis de Valérie

Cette reconstitution de la vie du roi Henry VIII au travers de ses relations avec les deux soeurs Boleyn, Anne et Mary, dépoussière l’image d’Epinal qui en a fait un Barbe-bleue ayant véritablement existé.

En montrant la complexité des relations entre Anne et Henry, mais aussi la raison d’état qui réclame un héritier mâle, on s’approche alors d’une réalité qui pourrait presque être d’actualité.

Au point de vue historique, peu de libertés ont été prises et chacun des personnages évolue dans le cadre des textes et rapports d’époque. La psychologie des protagonistes est très correctement déduites, notamment pour Anne Boleyn, qui est présentée comme une femme impétueuse et intelligente, féministe avant l’heure, qui séduit son roi en le défiant. Son audace, n’étant pas accompagnée d’une assurance sereine, fera sa perte.

Le beau personnage de Mary semble parfait. Alors qu’on la met pratiquement de force dans le lit du roi pour l’occuper, elle en tombe amoureuse tout comme Henry qui voit en elle la seule personne en qui il peut avoir confiance. Il est brillamment interprété par Scarlett Johannson, tout en sensibilité et émotion.

Le réalisateur a su utiliser les impondérables historiques sans les trahir, mais en romançant les détails plus flous. Il s’est entouré d’artisans de grands talents pour les décors (l’intérieur de la Tour de Londres, notamment, reconstitué d’une manière impeccable), les costumes (un détail qui a son importance, les sœurs Boleyn sont toujours magnifiquement habillées, mais pas d’une manière irréaliste puisqu’on les voit plusieurs fois avec les mêmes robes) ainsi que l’équipe technique au service de l’image.

Cette très belle réussite penche peut-être vers une présentation idéale des événements, mais offre un long métrage magnifique pour les amoureux de l’Histoire d’Angleterre comme ceux du grand cinéma.

Avis de Marnie

Comment intéresser les amateurs d’histoires, mais aussi de films sentimentaux, jeunes, âgés, femmes ou hommes… surtout lorsque l’on nous raconte la liaison fatale mais archi-connue entre le roi Henry VIII et celle qui fut sa deuxième épouse, Anne Boleyn, qui eut des répercussions qui changèrent la face de l’Europe et l’histoire des religions ? En 2008, l’entreprise semble plutôt difficile à atteindre et peu dans l’air du temps. Pourtant à voir le résultat, c’est une totale réussite, et notamment en ce qui concerne les aspects suivants :

– En premier lieu, il faut souligner le scénario d’une chronologie d’une implacable clarté, extrêmement bien amené. Tiré du roman au même titre de Philippa Gregory, il met en lumière, les relations complices, chaleureuses, enjouées des deux soeurs Boleyn et de leur frère, lorsqu’ils vivent une existence paisible dans leur manoir à la campagne, avant d’être corrompues et irrémédiablement gâchées à cause de la soif du pouvoir et de l’ambition, celle de leurs proches mais aussi la leur.

– C’est ainsi que nous apprécions le rythme plus que soutenu de cette histoire. En fait, c’est un drame historique tourné comme un film d’action. Nous passons de péripéties en morceaux de bravoure, sans temps mort, sans avoir le temps de respirer, sous un feu de répliques percutantes et passionnées. En effet, l’émotion prédomine pendant les deux heures que dure le film… minutes que l’on ne verra jamais passer !

– L’intensité et la passion, nous la devons à l’interprétation impressionnante des deux soeurs Boleyn. D’un côté, nous avons Natalie Portman, qui incarne Anne. Peu fortunée, mais en femme de la noblesse du 16e siècle, pour elle, la question d’un mariage d’amour ne se pose même pas. Ambitieuse, calculatrice, elle tente d’être l’instigatrice du destin qu’elle s’est forgée… S’oppose à elle, son double ? Non, sa soeur, à qui on ne laisse pas le choix de refuser l’offre empoisonnée qu’elle accepte pour le bien de sa famille. Là ou l’une y trouve une opportunité grandiose, l’autre n’y voit qu’une humiliation… Mary (Scarlett Johansson) est toute en émotion et sensibilité, et y jouera son coeur !

De fous rires en affrontements, de gestes tendres en blessures amères, les deux soeurs envahissent l’écran, beautés très différentes, présences éclatante pour l’une et discrètement émouvante pour l’autre, et pourraient nous faire oublier le reste de la distribution, mais celle-ci se révèle tout à fait à la hauteur, avec en tête Eric Bana (Hulk) qui montre ici un registre étendu, très loin de l’image du capricieux, cruel et terrifiant souverain que l’histoire nous a transmise… En fait, le roi est perçu à travers les yeux des deux jeunes femmes, soit d’abord un homme, séduisant, intelligent, mais à qui personne ne résiste… et nous observons son évolution au fur et à mesure qu’il se laisse posséder et dominer par ses passions… et les conséquences que ses choix entraîneront pour le royaume !

Les seconds rôles sont attrayants, aussi bien David Morissey (Les châtiments) qui interprète l’oncle des deux soeurs, le cynique et manipulateur Duc de Norfolk (qui n’arrêtera pas là ses manigances, puisqu’une autre de ses nièces, Catherine Howard deviendra la cinquième épouse de Henry VIII et sera également exécutée…) et dont la présence inquiétante impressionne, que Kristin Scott Thomas, mère protectrice, Cassandre impuissante, amère et glacée, voyant se dessiner un destin tragique pour ses trois enfants. Tous ces personnages se fondent dans les décors naturels et architectures Tudor, les costumes mettant en valeur la personnalité des héros, le tout dans une lumière fortement inspirée du portraitiste Hans Holbein.

Au final, si vous n’avez pas apprécié plus que ça Elizabeth (Cate Blanchett) avec qui il serait intéressant de le comparer… si vous aimez la grande rigueur, l’émotion et la perfection des films historiques britanniques comme eux seuls savent les maîtriser, se mêlant à l’efficacité, au dynamisme et au rythme américain… ce superbe drame flamboyant est pour vous !

Fiche Technique

Sortie : 02 avril 2008

Avec Natalie Portman, Scarlett Johansson, Eric Bana, Kristin Scott-Thomas, etc.

Genre : drame historique

Durée : 115 minutes

Titre original : The Other Boleyn Girl