Digibook : Utu – Avis +

Présentation de l’éditeur

Nouvelle-Zélande, 1870. Te Wheke, un éclaireur des troupes coloniales, retrouve sa tribu massacrée par l’armée pour laquelle il travaille. Trahi et étreint par la douleur, il jure d’infliger le même châtiment – Utu – aux Pakeha (les Néo-Zélandais d’origine européenne)…

Avis de Chris

UTU Redux[[UTU est tiré du roman de James Cowan intitulé Tales of the Maori Bush.]] est une version restaurée du film UTU réalisé par Geoff Murphy, et qui sort en Blu’Ray en France le 6 mars 2018 chez La Rabbia. En effet, la version originale, pourtant présentée au Festival de Cannes en 1983, ne trouvait pas de distributeur à l’étranger. Il a donc été nécessaire pour le réalisateur de sortir une version remontée moins violente pour que le film soit diffusé à l’international. Avec cette version restaurée, la censure a disparu, et certaines scènes ont été raccourcies. Cette version perd ainsi 10 minutes par rapport à l’originale afin de donner un peu de dynamisme au montage. Premier film néo-zélandais à très gros budget, il a connu également un énorme succès à sa sortie, notamment grâce aux Maoris qui vinrent en masse, souvent pour la première fois, au cinéma. Cette version révisée était donc autant un moyen de ressortir ce film de l’oubli que de l’embellir.

Sur fond de guerre coloniale qui divise les tribus néo-zélandaises, le film s’ouvre sur le massacre d’un village maori. Lorsque Te Wheke découvre cela, il se retourne contre l’armée britannique. Furieux, il agira de telle façon qu’un groupe de plus en plus grand se joindra à lui, dans l’espoir de retrouver leurs terres volées par les Pakehas et par pure vengeance. Il fera alors la rencontre de Williamson, un homme qui lui aussi va être animé d’une grande vengeance à son encontre, mais aussi du Lieutenant Scott, un jeune naïf dont les idées novatrices ne marcheront pas toujours, mais qui garde de l’espoir en l’être humain. Trois destins qui se relient en un seul : du nom de Te Wheke.

La musique joue un rôle des plus importants puisqu’elle donne le ton face à tant de violence. Le début, avec des instruments occidentaux couplés de chants maoris présente la personnalité de Te Wheke, alors encore tiraillé entre les deux cultures, celle des Européens à la barbarie facile et la sienne où la vengeance est sacrée. Mais cette musique très présente tout du long du film, joue parfois l’ironie avec brio. Certaines mélodies guillerettes accompagnent des séquences pourtant très violentes, comme pour montrer la stupidité des conflits, d’autant plus que les troupes britanniques ont en leur sein pas mal de Maoris. Ceux-ci se retrouvent alors à combattre les uns contre les autres sans vraiment en connaître les raisons, se détruisant mutuellement.

De plus, malgré cette violence omniprésente où l’arme à feu en est presque l’héroïne, il y a beaucoup d’humour, surtout noir. Ces quelques scènes qui font sourire permettent aux spectateurs de ne pas être dans une ambiance trop anxiogène. Il y a des comiques de situation, mais aussi des répliques bien senties comme, par exemple, le moment où un Maori se grime en Pakeras et se retrouve confronté à un Te Wheke, pas vraiment d’humeur à plaisanter. On peut également noter le « gag récurrent » de Kura, une jeune femme, qui semble apparaître un peu partout dans n’importe quelle circonstance.

Enfin, étant donné qu’il s’agit d’une restauration, l’important ici est le rendu de l’image et du son. Pour le coup, le pari est réussi puisqu’il est difficile de remarquer que UTU est sorti il y a plus de trente ans, tant la qualité est au rendez-vous. Le Dolby 5.0 permet une bonne immersion dans cette épopée sauvage aux multiples paysages grandioses. Quant à la photographie, elle est vraiment sublime et la restauration rend un très bel hommage à ces images déjà sans doute très belles à l’origine.

Mené par une réalisation dynamique et des acteurs très justes (alors que paradoxalement Anzac Wallace qui joue le rôle-titre est totalement novice), ce film historique se conclut d’une manière qui permet au spectateur de réfléchir sur les situations exposées ici. Le colonialisme est montré du point de vue de plusieurs personnes intègres qui pourtant choisissent une façon différente de le mener à bien ou à mal.

C’est un petit bijou, trop rare pour être perdu. La restauration était donc un mal nécessaire afin que les nouvelles générations apprennent ce qui s’est passé durant le XIXe siècle en Nouvelle-Zélande. L’Histoire ne doit pas être oubliée.

Et concernant les bonus :

Le DVD/Blu’Ray offre la possibilité de regarder le film en version audio 5.0 ou 2.0. Il propose également les sous-titres français, mais pas de VF. Quant au menu, il est sobre, mais laisse entrevoir quelques scènes fortes du film, ce qui donne très envie de commencer.

Il comporte également des bonus dans lesquels on retrouve un making-of d’une quarantaine de minutes et la bande-annonce du film.

Dans ce making-of on y apprend notamment que le film est basé sur l’Histoire, mais dont la trame est totalement inventée. Certains aspects concernant la culture Maoris ont été repris pour enrichir le scénario.
Nous avons aussi l’explication de certaines scènes, des commentaires du réalisateur et des acteurs, les secrets de fabrication des costumes, maquillages et tournage, quelques scènes entièrement décortiquées…
Enfin, le choix de ne pas avoir restauré le matériel pour créer le making-of permet de bien voir tout le travail qui a été nécessaire afin de rendre à ce film toute sa noblesse. La différence entre le film restauré et le making-of est assez flagrante.

Fiche technique

Avec : Anzac Wallace, Bruno Lawrence, Wi Kuki Kaa, Kelly Johnson…
Audio : Maori et Anglais
Sous-titre : français
Son : Dolby Digital et DTS-HD Master Audio 5.1 & 2.0
Image : 16/9 – 1.85 – Couleur
Durée : 1H48
Suppléments : Le making of de 1983 (47 min) + bande annonce restaurée
Sortie du Digibook (Blu-ray + DVD)/VOD : 7 mars 2018
Distributeur : La Rabbia
Prix : 24,99 €