Du classement qualitatif des genres littéraires

Lecteur, vous voilà prévenu !

Cette brève est un véritable coup de gueule envers l’élitisme (français ?) qui attribue à la littérature des degrés de qualité. Si vous êtes de bonne humeur, passez votre chemin. Si vous êtes déprimé aussi !

Lorsque j’étais à l’université, j’ai voulu écrire ma maîtrise sur la sémantique appliquée à la littérature de fantasy et de science fiction. Cela m’a semblé une approche différente et intéressante plutôt que d’écrire un énième mémoire sur la sociologie selon Zola ou les rapports hommes/femmes dans Proust.

Sans entrer dans les détails, j’avais dans l’idée de comparer les univers de Dune (Frank Herbert) et de la Terre du Milieu (JRR. Tolkien) d’un point de vue purement sémantique.

Réponse unanime de tous les possibles tuteurs que j’ai rencontrés : « Vous êtes étudiante en littérature appliquée, mademoiselle et ça, ce n’est pas de la vraie littérature. »

Je suis tombée de haut.

C’est aussi la réaction première de pas mal de monde. « Quoi, tu aimes ça ? Mais ça ne vaut rien ! ». Je ne lis pas de romance mais j’imagine que les lecteurs de ce genre doivent obtenir sensiblement le même genre de réactions. Sans parler des rictus et des ricanements lorsqu’on « avoue » lire des fanfictions !

Ce qui est tout de même épatant c’est que les personnes qui se permettent de juger ces textes ainsi sont également celles qui n’en n’ont jamais lu. C’est le cas pour de nombreux autres sujets j’imagine, mais en ce qui concerne la littérature, ça me fait enrager.

Qu’est ce qui est de la « vraie » littérature à ce compte ? Je rappelle que Zola a été décrié lorsqu’il a publié ses premiers romans, que Molière n’était bon que pour le peuple quand il commencé et qu’Aristophane n’était qu’un bouffon…

Ne serait-il pas temps de prendre en considération des genres qui sont certes récents à l’échelle humaine, mais qui datent tout de même du début du 19e siècle ?

Pourquoi penser que des textes sublimes, comme la saga de Dune, l’univers de Tolkien, ceux de Brent Weeks, d’Anne Robillard, de Robin Hobb, de Heinlein, d’Asimov et j’en passe de si nombreux… ne seraient-ils pas de la vraie littérature ?

Pourquoi les romans d’amour, parfois si beaux comme ceux de Nora Roberts, ou simplement de Marc Levy, d’Anna Gavalda ne seraient pas de littérature ?

Parce que c’est accessible ? Parce que ça ne se passe pas dans le « monde réel » ?

Alors pourquoi considérer Jules Verne ou Conan Doyle ou encore H.G Wells ou Orwell comme des auteurs classiques bien que ce qu’ils ont écrit n’était rien d’autre que les débuts de la littérature fantastique et de science-fiction ?

Certes, c’est à la mode, les jeunes aiment ça, et il y a de bien piètres publications dans ce domaine. Et ? Qui n’a jamais lu un mauvais roman, ou simplement un qui ne nous a pas plu ? Alors qu’il n’était absolument pas classé en littérature dite « de l’imaginaire ? ».

On en vient même à culpabiliser les lecteurs. J’ai récemment lu un article qui disait que les liseuses, c’est formidable car ça permet de cacher ce qu’on lit.

Mais pourquoi le cacher ? De quoi avoir honte ? Pour moi qui ai lu les romans érotiques d’Anaïs Nin dans les transports en commun, ça parait invraisemblable.

Donc, en conclusion, on dit qu’il ne faut pas juger un livre à la couverture. Il serait bon d’appliquer ce fabuleux précepte.

A bon entendeur…