E-ciné : La mémoire assassine – Avis +

Présentation officielle

Byung-su est un ancien tueur en série souffrant de la maladie d’Alzheimer. Lorsque de nouveaux meurtres sont commis près de chez lui, il décide de mener l’enquête, persuadé de savoir qui se cache derrière ces atrocités. Le danger est d’autant plus grand qu’il en vient à soupçonner le nouveau petit ami de sa fille. À moins que tout ceci ne soit que le fruit de son imagination et que le seul tueur en liberté ne soit personne d’autre que lui-même…

Avis de Chris

Le Pays du Matin calme nous livre un thriller haletant pour lequel les spectateurs vont être amenés à réviser sans arrêt leurs jugements sur les situations qu’on leur montre. Ainsi, le réalisateur Won Shin-Yun invite à entrer dans un jeu du chat et de la souris entre deux hommes qui ont en commun l’amour d’une jeune femme envers eux.

Le film s’ouvre sur Byung-su (Seol Kyung-gu), dos à un tunnel sans fond, reflet de sa vie remplie de trous, due à la maladie d’Alzheimer dont il souffre, qui le plonge dans un désespoir sans fin. Alors qu’il se rendait à son endroit favori (un champ de bambous), il a un accrochage routier avec Tae-ju (Kim Nam-gil), un individu qu’il soupçonne fortement d’être impliqué dans l’affaire dont la presse se fait l’écho : un tueur en série sévit dans les alentours, assassinant des jeunes femmes. Persuadé qu’il a raison, et aidé d’un ami policier (Oh Dal-su), Byung-su va tout faire pour prouver ses dires, en essayant de protéger Euh-nee (Kim Seol-hyun), sa fille, du mieux qu’il le peut. Et si, finalement, ses pertes de mémoire cachaient des faits commis dont il n’a plus conscience ? Après tout, lui aussi était un tueur en série…

Cette histoire sud-coréenne, qui est l’adaptation libre du roman de Kim Young-ha[[Le livre Ma mémoire assassine de Kim Young-Ha est publié en France aux éditions Philippe Picquier.]], est aussi touchante qu’angoissante. Outre les pertes de mémoire incessantes de Byung-su, quelques scènes les rappellent dans sa vie quotidienne donnant à ce thriller une profondeur qu’il aurait pu, par facilité, laisser de côté tant l’histoire en elle-même se suffit. On s’attache alors plus facilement à cet antihéros qui a pour prison sa mémoire. Les trente dernières minutes nous révèlent ce qu’on a peut-être manqué, si les événements montrés sont fondés ou si, au contraire tout n’est que fabulation.

La réalisation et le montage jouent un rôle prépondérant. Les blackouts représentés par une musique aussi stressante que dérangeante, nous donnent une fine notion de temps. Le seul fil conducteur provient d’un magnétophone dont se sert le personnage principal pour mentionner tout ce qu’il considère comme important, afin de garder un semblant de contact avec la réalité. Le scénariste Hwang Jo-Yoon nous mène alors par le bout du nez tout au long du film.

De plus, les personnages sont remarquablement joués par des acteurs investis dans leurs rôles. D’ailleurs, on peut noter un travail de maquillage sur l’acteur Seol Kyung-gu dont le visage a été beaucoup vieilli (il n’a que 49 ans !). Sans son jeu de père de famille désemparé et profondément perdu, le film n’aurait pas eu autant de saveur. Les autres acteurs, Kim Seol-hyun et Oh Dal-su, apportent un peu de fraîcheur et d’espoir. Quant à Kim Nam Gil, l’antagoniste, son jeu reste assez froid, mais accompagne parfaitement le malaise qui s’installe au fur et à mesure.

Enfin, la photographie est sublime. Plusieurs scènes sont aussi superbes qu’esthétiques, aidées d’une réalisation qui fait la part belle à ses séquences intenses en émotion. La lumière joue un rôle important, car beaucoup de plans se retrouvent dans une obscurité qui rend l’ambiance encore plus palpable. Cette noirceur rappelle celle que le « héros » a enfouie 17 ans auparavant et celle qui, peut-être, s’est réveillée sans qu’il en ait conscience.

Un scénario mené tambour battant, des personnages aussi touchants que réalistes, un suspense haletant et une fin qui ne laisse pas le spectateur indifférent, cette adaptation cinématographique est une réussite.

Fiche technique

Sortie : 13 avril 2018

Durée : 137 minutes
Nom original : Memoir of a Murderer
Avec : Seol Kyeong-gu, Shin Ki-joon, Nam-Gil Kim…
Genres : Thriller
Distributeur : E-Cinéma.com