E-ciné : The Land – Avis +

Présentation officielle

Quatre adolescents passent l’été à errer dans les rues de Cleveland en espérant atteindre un jour leur rêve : devenir skateurs professionnels. Mais lorsqu’ils tombent dans les filets de trafiquants locaux, la drogue et l’argent faciles vont mettre à l’épreuve leur amitié.

Avis de Chris

The Land est un film sur les conséquences des choix que l’on fait à travers un sujet moult fois évoqué : la drogue. Pour le premier film de Steven Caple Jr., on y suit quatre adolescents désoeuvrés dont la vie n’a jamais fait de cadeaux. Cependant, ils ne s’interdisent pas de rêver. Devenir skateurs professionnels est leur objectif afin de sortir des quartiers défavorisés de Cleveland. Mais pour que des sponsors s’intéressent à eux, ils doivent concourir lors d’une compétition où le prix d’entrée est de 150$ par personne, argent qu’ils n’ont pas. « Par chance », à la suite du vol d’une énième voiture, ils vont tomber sur la poule aux œufs d’or. Commence alors pour eux une aventure dont ils n’en ressortiront pas indemnes.

La drogue est un sujet repris des centaines de fois, parfois avec utilité, parfois sans que ça en soit nécessaire. Sur ce film, même s’il reprend les codes basiques du faste à la déchéance, il ne rentre pas dans le pathos. Pourtant, utiliser des protagonistes très pauvres, vivants dans des situations parfois miséreuses, ne rend pas ce film larmoyant. Au contraire, la bienveillance des adolescents envers leur amitié et leur passion gagne le spectateur avant même de pouvoir les prendre en pitié.

Et c’est en cela que le film est fort. On entre dans la vie de Cisco, Junior, Patty Cake et Boobie comme si nous les connaissions depuis toujours. La caméra joue un rôle important à cet effet, puisque à différents moments, les plans deviennent amateurs. Il s’agit là de ce que les jeunes ont filmé, comme si leur amitié primait sur tout, sur les problèmes, sur les tragédies, sur la réalisation-même du film !

Les acteurs de ces quatre dealers en herbe, pour la plupart habitués aux seconds rôles, crèvent l’écran. Même les personnages secondaires sont incarnés avec brio. Entre la famille de Cisco, complètement inconsciente de ces actes et déstructurée, le dealer fou, hors de contrôle, et « Maman », cette femme qui cache son jeu, tout le panel de protagonistes est ici incarné avec vérité. Seul Patty Cake et ses proches semblent plus transparents, mais c’est sans doute lié à l’écriture de leurs scènes, peu démonstratives.

Quant à la bande originale, elle colle parfaitement aux situations, à l’instar de la scène où Cisco se rend compte des conséquences de ses actes, dans le coffre d’un pick-up. Cette séquence musicale explique tous les sentiments qui lui traversent l’esprit, devenu, pour ainsi dire, adulte. C’est le moment où l’innocence et la bienveillance ont disparu au profit de la violence et de la maturité. D’ailleurs, ce contraste est d’autant plus visible, esthétiquement parlant, car le film joue beaucoup sur le clair-obscure. En effet, la majorité du film se déroule la nuit, mais les événements liés au skate, se passent en journée. C’est un peu le contraste, là encore, entre l’innocence et la violence.

Pour conclure, même si ce long-métrage sombre aborde un thème classique, la mise en scène, la réalisation et l’esthétique des scènes, permettent à ce film de sortir des sentiers battus.

Fiche technique

Sortie : 8 juin 2018
Durée : 104 minutes
Avec : Moisés Arias, Rafi Gavron, Jorge Lendeborg, Ezri Walker…
Genres : Intense
Distributeur : E-Cinéma.com