Présentation officielle
Pour la première fois en France, cette exposition relate l’histoire illustrée des femmes artistes dans le cadre exceptionnel de la Grande Halle du Château de Chamerolles. Au travers de plus de 200 œuvres et 150 documents l’exposition nous révèle la vie des femmes d’influence, des couples d’artistes mythiques, mais aussi des muses et des modèles du 17e siècle à nos jours.
Au total, près de 65 femmes artistes, parmi lesquelles Berthe Morisot, Camille Claudel, Marie Laurencin, Rosa Bonheur, sont réunies aux côtés de 53 hommes artistes dont Rodin, Modigliani, Fragonard, Picasso ou Christo.
L’avis d’Artemis
Onirik a eu l’immense honneur de visiter l’exposition avec Sylvie Buisson, commissaire de Femmes artistes. Passion, muses et modèles. Celle-ci a beaucoup hésité avant de se lancer dans cette aventure : une exposition sur les femmes artistes, ne serait-ce pas un aveu de faiblesse ? Les femmes artistes auraient-elles besoin d’une exposition pour être vues et reconnues ? Mais ce sujet passionnant a eu raison des doutes de Sylvie Buisson, pour le grand bonheur des spectateurs.
Cette spécialiste de Fujita et ancienne conservatrice du musée du Montparnasse souligne que les femmes sont souvent les précurseurs : Camille Claudel avec Rodin par exemple, où l’on voit les thèmes émerger chez Claudel avant d’être repris par Rodin. Ce phénomène l’a beaucoup intriguée et l’a convaincue de continuer sa réflexion sur les femmes artistes.
L’exposition traverse donc l’histoire de l’art, le tableau le plus ancien étant celui de Clara Peeters où l’artiste, dans cette nature morte, crée un dialogue entre les objets, ceux-ci n’étant plus séparés les uns des autres. Le parcours de l’exposition passe par toutes les grandes périodes : entre autres Lumières, académisme, impressionnisme, et jusqu’à l’art abstrait.
Mais ce thème des femmes artistes n’a pas qu’une dimension artistique. Elle s’accompagne nécessairement d’une couleur sociopolitique. En effet, les premières revendications des femmes s’expriment dans l’autoportrait, comme on peut le voir chez des artistes telles que Mme Vigée-Lebrun ou Artemisia Gentileschi. A ne pas manquer, la reconstitution de l’atelier de Rosa Bonheur, première femme à recevoir la légion d’honneur, c’est-à-dire la première femme à être reconnue par le pouvoir comme égale aux hommes.
N’oublions pas que les femmes ne pouvaient se mélanger aux hommes dans les académies, et qu’il y avait donc des académies de femmes ! Plus tard, l’académie Julian, au XIXe siècle, crée l’émulation dans son atelier en montrant aux hommes la meilleure œuvre des artistes femmes et inversement (hommes et femmes travaillant chacun à un étage différent).
Un autre axe de l’exposition est le dialogue entre les couples ou familles et leurs œuvres respectives : sculptures de Claudel mises aux côtés de Rodin. Ou encore aux côtés de la Vague bleue abstraite d’Yves Klein (1957-1990), il est donné à voir au spectateur des tableaux de sa femme, de sa mère et de son père, dans des styles parfois fort différents !
Il serait trop long de citer tous les tableaux retenus. Il faut les voir ! Cette exposition est superbe, le parcours très bien construit dans l’ordre chronologique, ce qui fait qu’elle peut aussi se visiter comme un parcours à travers l’histoire de l’art. Et même si nombre de peintres peuvent être inconnus au spectateur, peu importe ! Cela n’est en rien une gêne pour profiter de la visite.
Car certains tableaux sont marquants : les regards des sujets sont perçants, expressifs, et ne laissent jamais indifférents, que ce soit l’autoportrait de Louise-Catherine Breslau, de France Leplat ou de Mela Muter. Un énorme coup de cœur est à signaler pour l’extraordinaire intensité des œuvres de Camille Claudel, que ce soit la Valse ou l’Implorante. Prenez le temps de vous arrêter, de les observer, de tourner autour.
L’exposition est accessible à tous, et les enfants trouveront facilement leur bonheur, selon leurs goûts, dans les paysages impressionnistes, ou encore dans la dernière partie de l’exposition retraçant l’art au XXe siècle, avec des œuvres très colorées. Un livret enfant aidera petits et grands à profiter au mieux de la visite.
Quant aux grands, justement, ils y trouveront ce qu’ils cherchent : le plaisir de voir des œuvres remarquables, un voyage à travers l’histoire de la peinture, un retour et une réflexion sur la place des femmes dans l’histoire et la société, la découverte d’artistes qui donnent envie d’en apprendre plus à leur sujet…
Et après avoir votre visite de l’exposition dans la Grande Halle du Château de Chamerolles, sauvée de la démolition en 2009, n’oubliez pas de visite le musée des parfums au château de Chamerolles, puis vous promener dans ses jardins !
Fiche technique
Lieu : Château de Chamerolles, 45170 Chilleurs-aux-Bois (Loiret)
Dates : du 16 juin au 19 août 2012
Horaires : tous les jours de 10h à 18h (fermé le mardi en juin)
Prix : 6€ (inclut la visite du château et l’accès au parc), tarif réduit 3€
Plus d’informations : www.chateau-chamerolles.com
Crédit photos : Artemis pour Onirik