Exposition Romy Schneider – Avis +

Présentation officielle

Après le succès de l’exposition consacrée à l’icône Brigitte Bardot, le musée des années 30 rend de nouveau hommage à l’une des grandes figures du cinéma français : Romy Schneider.

Une exposition qui retrace, en partenariat avec la cinémathèque de Berlin, le parcours d’une actrice qui a su incarner et accompagner l’évolution des mœurs français.

L’histoire d’une femme complexe et fragile, au passé parfois sombre. Romy Schneider fut une étoile filante du cinéma qui a connu la célébrité grâce au personnage de Sissi, qu’elle incarna à plusieurs reprises au cinéma.

Avis de Claire

Jean Cocteau disait d’elle que « son regard est d’un bleu qui possède la violence de l’orage… ». Les portraits de l’actrice choisis pour illustrer cette merveilleuse exposition en témoignent, d’une beauté fulgurante, ses yeux hypnotisent d’emblée le visiteur.

Née Rosemarie Magdalena Albach-Retty, le 23 septembre 1938 à Vienne, Romy n’a pas une enfance facile. Petite fille charmante, en pensionnat chez les soeurs anglaises, elle souffre du divorce de ses parents alors qu’elle n’a que cinq ans. Sa mère est proche du pouvoir en place, Romy aura à cœur plus tard d’exorciser ce démon, en particulier avec La Passante du Sans-Souci (1982), son dernier film.

Sur ses cahiers d’écolière, qui s’arrêtent en 1952, une écriture fière et soignée dévoile une petite fille sage et obéissante. Un an plus tard, elle incarne, auprès de sa mère, son premier rôle au cinéma dans Lilas Blancs, s’en est fini de la vie simple. Issue d’une tradition familiale de comédiens, il ne pouvait en être autrement.

Les portraits de la mère et de la fille n’interviennent plus dans la sphère privée, elles sont Romy et Magda, actrices, de mère en fille… Comme si le lien cinématographique était plus fort que le lien familial. Pendant près de huit films, Magda va régenter sa vie, un peu à l’image de la célèbre Sissi avec sa belle-mère, dont elle a magnifiquement incarné le destin.

Rétrospectivement, il est facile de trouver de nombreux points communs entre les vies des deux femmes. C’est pourquoi Jean-Pierre Lavoignat a choisi de consacrer une thématique particulière à Sissi, que Romy a également incarnée devant la caméra amoureuse de son ami Luchino Visconti. C’est avec émotion que l’on découvre d’ailleurs le costume qu’elle portait dans ce film sublime, Ludwig ou le Crépuscule des dieux (1972)[[ A ce sujet ne manquez pas de lire la très complète biographie de Elisabeth Reynaud]].

Autre thématique, la période « Alain Delon », on apprend qu’elle l’a choisi sur photo dans un catalogue de jeunes premiers pour la « bluette » Christine (1958) [[remake de la Libelei (1933) de Max Ophüls dans lequel Magda Schneider tenait la vedette]]. Au coup de foudre, succéderont passion et tragédie, mais l’homme restera un ami fidèle.

Nombreux sont les trésors que l’acteur a prêté pour cette exposition, notamment le costume de scène de Romy dans Dommage qu’elle soit une putain de John Ford, sa première expérience théâtrale en 1961, mise en scène par Luchino Visconti. Une alcôve zébrée de reflets bleutés est également consacrée au film mythique La Piscine (1969), monument de sensualité entre les deux comédiens[[ Le film sera d’ailleurs projeté en version restaurée au cinéma le Pathé de Boulogne Billancourt, le 24 novembre à 19h15, en présence de Alain Delon et de la veuve de Jacques Deray]].

Dernière thématique et non des moindres : l’univers de Claude Sautet. Avec lui, Romy a trouvé son Pygmalion, avec elle, il a trouvé sa muse. Il va la sublimer dans cinq films et la faire entrer définitivement dans le cœur du public français. Sarah Biasini a généreusement prêté la robe du personnage de Rosalie, du film César et Rosalie (1972).

Mais cette exposition est également une invitation au voyage au pays du septième art, avec Romy, on touche à tous les styles, tous les genres. Elle a travaillé aussi à Hollywood, affronté le grand Orson Welles, Jean-Pierre Lavoignat a précisé que c’est Romy elle-même qui a convaincu le réalisateur de jouer dans son propre film, Le Procès (1962). Elle y interprète le rôle de sa maîtresse.

Entre des documents de travail jamais montrés, des objets personnels (comme la bague en ébène offerte par Visconti, qu’il tenait de sa mère), des souvenirs professionnels (ses deux César ou encore le chapeau de Clara dans Le Vieux fusil), des lettres (celle écrite après la mort de Visconti est bouleversante), des photos de collections privées (notamment celle de Alain Delon), des extraits de films et des témoignages se dessine le parcours d’une femme passionnée et passionnante.

Pour conclure, nous ne pouvons que rapporter les mots de Jean-Pierre Lavoignat, commissaire de l’exposition : « Nous voulons que cette exposition soit à la hauteur de ce qu’a été Romy Schneider, de ce qu’elle est, de ce qu’elle représente. Nous voulons que les visiteurs en sortent bouleversés par sa grâce et sa beauté, par la vie qui se dégage d’elle malgré les drames qui l’ont frappée, par l’évidence de son talent, par la richesse de son parcours et de ses rencontres. Nous voulons la montrer belle, vivante, contemporaine. »

Fiche pratique

Adresse : Musée des Années 30 – Espace Landowski 28 avenue André Morizet
Boulogne Billancourt

Téléphone : 01 55 18 53 00

Horaires : du mardi au dimanche de 11h à 18h

Métro : Marcel Sembat-ligne 9

Tarif : de 10 à 13 €