Frontière sanglante : tome 3 – Avis +

Résumé de l’éditeur

Depuis qu’elle a quitté la police, Vicki Nelson travaille à son compte. Mais sa prochaine mission se fait attendre et ses comptes sont dans le rouge. Enfin son ex-collègue, ami et rival de toujours, Michael Celluci, la contacte : on signale deux morts suspectes au Musée Royal de l’Ontario. Le conservateur et un employé ont tous deux eu un arrêt cardiaque inexpliqué.

Le seul fait notable est l’arrivée récente au département d’Egyptologie d’un sarcophage qui, selon les chercheurs était vide. Pourtant une créature s’en est échappée, une créature maléfique dévoreuse d’âmes, qui rôde désormais dans les rues de Toronto et dont la prochaine victime pourrait bien être Henry Fitzroy, l’amant de Vicki. Momie contre vampire…cette fois encore, Vicki ne va pas chômer !

Avis de Domino

Troisième roman et troisième manière ! Après l’ambiance citadine, quasi crépusculaire du premier opus Le prix du sang, l’ambiance campagnarde baignée de lumière du second Piste sanglante où malgré les évènements tragiques, c’étaient la vie et l’optimisme qui régnaient, où une énergie quasi-vitale sourdait à chaque page, dans ce troisième tome Frontière sanglante, c’est le désespoir glacé qui domine et terreur est le maître mot du roman.

A l’inverse des deux premières aventures où le sang coulait à flot, ici pas de trace d’hémoglobine. C’est à un assassin « propre » que nos héros sont confrontés. Propre et terrifiant ! Ne vous laissez pas leurrer par le terme de « momie » employé dans le résumé de l’éditeur ! Ne vous attendez pas à voir une momie semant ses bandelettes pourrissantes dans Toronto et répandant la terreur par la ville ! Oh non, l’auteur n’est pas tombé dans le piège du grand guignol de cinéma de bas étage. C’est un monstre froid et sans pitié que nous avons en face de nous ! Tellement humain et d’autant plus effrayant que rien ne le distingue de la masse, si ce n’est son charisme ! C’est peut-être cette absence de sang, de violence qui rend ce roman aussi terrifiant. Il nous renvoie à nos peurs enfantines quand nous frissonnions d’effroi en écoutant ces contes peuplés d’ogres dévoreurs d’enfants. Le monstre est en effet un ogre qui dévore non pas physiquement les personnes mais qui absorbe leur âme, leur « ka » et les laisse, vides, telles des poupées désarticulées. Il est le mal absolu. L’horreur monte graduellement en puissance car le monstre ne vise pas sa seule survie, mais surtout la prise de contrôle de la ville et pourquoi pas ensuite du monde et pour atteindre son objectif il ne recule devant rien. L’intrigue progresse telle une nasse et vient se rabattre sur les héros, les emprisonnant dans son piège mortel. On le voit se refermer de façon inexorable sur eux et jusqu’au dernier moment on se demande qui va triompher.

Contrepoint réjouissant à l’atmosphère glaçante de l’intrigue, les amours de Vicki. Elle a deux amants et l’assume très sereinement. Même si chacun de ses amants aimerait bien être le seul, il accepte l’autre car s’insurger c’est perdre à coup sûr la jeune-femme. Ce triangle amoureux et les tensions qu’il génère fait souffler, paradoxalement, un air frais sur cette histoire passablement désespérée. Si pour sa part Vicki vit ses amours de façon décomplexée, il n’en va pas de même pour ses partenaires qui doivent accepter de partager avec un autre la femme qu’ils aiment. C’est une situation assez inhabituelle, totalement hors des schémas classiques de ce type de roman et qui donne une tonalité particulière et sa légèreté à l’ensemble. D’autant plus que Vicki, loin d’être la petite chose fragile ayant besoin d’être protégée, après tout n’est-elle pas en train de perdre la vue, revendique un statut de femme autonome et refuse d’être mise sur la touche quand la situation devient périlleuse. A cet égard, la scène finale et les dernières répliques sont particulièrement réjouissantes.

Cerise sur le gâteau, accessoirement, le roman propose une réflexion intéressante sur le rapport qui lie les hommes aux dieux. Et si les dieux qui ont créé les hommes, avaient besoin d’eux pour exister ? Alors dans ce cas, que devient un dieu sans prêtre ni fidèle ? Quand un dieu « meurt »-il et peut-il renaître ? Arrivé à ce point, peut-être les plus anciens se souviendront-ils alors d’un vieux livre de Science- Fiction Le Livre de Ptath de A.E. Van Vogt qui proposait déjà cette thématique. Il est étrange de constater comme l’évocation de certains thèmes fait resurgir immédiatement certains livres oubliés sur les étagères poussiéreuses de la mémoire !

Au final, ce troisième roman de Tanya Huff est une authentique réussite ! Si l’angoisse et la terreur sont votre tasse de thé, jetez-vous sur ce livre pour le dévorer…en attendant le prochain !

Fiche Technique

Format : poche
Pages : 313
Editeur : J’ai Lu
Collection : Mondes mystérieux
Sortie : 15 août 2007
Prix : 6,50 €