Géricault, Etudes inédites sur le Radeau de la Méduse – Avis +

Présentation officielle

Le musée d’Art Roger Quilliot (le MARQ) de Clermont-Ferrand propose une exposition consacrée à la redécouverte, dans les réserves du musée, d’une extraordinaire Tête d’expression, Le Radeau de la Méduse.

C’est alors l’occasion de rassembler plusieurs oeuvres de Théodore Géricault (dessins et peintures, parfois inédits) et de s’interroger sur l’histoire de la fabrication et le processus de création d’un tableau qui marqua, en France, la naissance du Romantisme.

Avis de Claire

Onirik a eu la chance d’être invité au vernissage d’une des plus importantes expositions de la saison estivale, Géricault, Etudes pour Le Radeau de la Méduse, au cœur de la création romantique. Point de départ de cette magnifique exposition clermontoise, une Tête d’étude, oubliée dans les archives du Musée d’art Roger Quilliot et réattribuée, après moult péripéties, à Géricault en 2009, grâce au travail du spécialiste géricaldien Bruno Chenique, corroboré par le laboratoire Lumière-technology fondé par Pascal Cotte et Jean Pénicaut [[Avec une caméra multispectrale révolutionnaire capable de numériser un tableau avec une qualité macrophotographique de 240 millions de pixels jusqu’alors jamais atteinte, ultime solution de la numérisation picturale]].

Cette tête, représentant l’un des modèles favoris du peintre, son ami Gerfant, présent également dans le fameux Radeau de la Méduse (1818-1819), est la pièce maîtresse de cet évènement exceptionnel. Si le célèbre tableau n’a pas quitté le Louvre, une éclairante reproduction accueille néanmoins le visiteur au seuil de l’exposition.

Celle-ci, finement pensée et organisée, dans une salle aux doux tons blancs et orangés, s’articule autour de cinq thématiques pour retracer le parcours du processus de création du Radeau de la Méduse : les études préparatoires, la politique des corps, des portraits variés, des études de cadavres, et enfin des fragments de l’artiste.

Proposant une interprétation inédite du tableau de Gericault, Bruno Chenique, spécialiste de Géricault et commissaire général de l’exposition, confirme que l’on peut aujourd’hui qualifier de « Manifeste du Romantisme » ce chef d’oeuvre universel. L’expert rappelle aussi que contrairement à ce que l’on a toujours cru, Le Radeau de la Méduse n’a pas connu un échec à sa première exposition, simplement, les historiens d’art n’avaient pas pris la peine de consulter et de se référer aux articles de l’époque. Cette erreur est à présent réparée.

Victime d’une historiographie tardive, très peu d’archives demeurent sur Géricault, et malgré ce que l’on sait déjà le lui, l’homme reste très mystérieux. Mort en 1824, à 32 ans dans de terribles souffrances, d’une tuberculose osseuse, le peintre se met en scène jusqu’au bout, on peut admirer sa main gauche moulée quelques heures avant avant sa mort, où l’artiste a écrit « A tous ceux que j’aime, adieu« . Emouvant. De même, un masque mortuaire de Géricault nous laisse entrevoir la souffrance physique qui a été la sienne, qui n’est pas sans rappeler certains visages du Radeau de la Méduse.

C’est impossible face à ce tableau d’évoquer seulement l’art pour l’art. La mort, la souffrance, la déchéance… Il y a un sujet fort et universel. Mais c’est surtout très politique. En reprenant ce célèbre fait divers, Géricault a exprimé son sentiment anti-napoléonien, il s’est placé du côté des opprimés, des vaincus, analyse Bruno Chenique.

Au delà de la représentation picturale de ce fait divers tragique[[ Le 2 juillet 1816, La Méduse s’échoue sur le banc d’Arguin, à 160 kilomètres de la côte mauritanienne, un radeau de fortune amarré à une des chaloupes est laissé à la dérive, sur 149 passagers, seuls 15 seront retrouvés vivants]], le tableau de Géricault apparaît comme une allégorie de la France, vampirisée par l’Empire, insufflant à l’oeuvre une connotation résolument politique, qui se manifeste notamment par l’image d’un passager du radeau, noir, étreignant les mains d’un compagnon d’infortune, blanc.

Une exposition majeure sur cet artiste, donc, qui fera date à plusieurs titres, notamment parce que c’est la première fois qu’autant d’oeuvres sont réunies dans un même musée pour retracer le processus créatif d’un tableau (qui paradoxalement, n’est pas physiquement présent), dont certaines (issues de collections particulières) n’avaient jamais été montrées au public. D’autre part, c’est également l’occasion de (re)découvrir cette fameuse Tête d’expression, désormais pièce maîtresse du Musée Roger Quilliot, dont elle rejoindra la collection permanente à l’issue de l’exposition.

Amis auvergnats ou visiteurs de passage, si vous avez l’occasion de visiter le merveilleux Musée Roger Quilliot [[Architectes Adrien Fainsilber et Claude Gaillard sur des bâtiments classés Monuments historiques, initialement crées vers 1557]], qui fête cette année ses 25 ans, n’hésitez pas, de même une escale clermontoise ne vous décevra pas ! [[Le restaurant La Fleur de Sel vaut particulièrement le détour et ravira vos papilles avec des spécialités régionales raffinées]]

Onirik tient tout particulièrement à remercier le personnel de la mairie de Clermont-Ferrand, en particulier Monsieur Alaphilippe, ainsi que toute l’équipe du Musée Roger Quilliot, et surtout sa conservatrice en chef, Madame Roux, Bruno Chenique et Jean Pénicaut, mais également pour sa très grande gentillesse et son sens inné de l’organisation, madame Leclerc, de l’agence Cassiopée.

Crédit photo : Musée Quilliot/©Onirik

Informations pratiques

Musée d’Art Roger-Quilliot
Place Louis-Deteix
Quartier historique de Montferrand
63000 Clermont-Ferrand
04 73 16 11 30

Du mardi au vendredi de 10h à 18h
Samedi, Dimanche de 13h à 18h
De 5 à 3 €