Gloria Mundi – Avis +

Présentation officielle

Daniel sort de prison où il était incarcéré depuis de longues années et retourne à Marseille. Sylvie, son ex-femme, l’a prévenu qu’il était grand-père : leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria.
Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie…
En venant à la rencontre du bébé, Daniel découvre une famille recomposée qui lutte par tous les moyens pour rester debout. Quand un coup du sort fait voler en éclat ce fragile équilibre, Daniel, qui n’a plus rien à perdre, va tout tenter pour les aider.

Avis de Marielle

Gloria Mundi est un beau film sombre.

Le film débute par une magnifique scène de naissance. Celle d’une petite fille que ses parents, Mathilda et Nicolas, prénomment Gloria.
Toute la famille se réunit autour du bébé, sa tante, Aurore et Bruno, le mari de cette dernière, ses grands-parents, Sylvie et Richard père supplétif de Mathilda et père d’Aurore.

Après ce superbe moment de cinéma, vient le retour à la réalité.

Il manque à ce tableau du cercle de famille Daniel, le père biologique de Mathilda, en prison pour meurtre. Sylvie l’informe de cette naissance.
A sa sortie, il fait la connaissance de sa petite fille, et entrevoit ce qu’est la vie de cette famille. Les jeunes adultes sont les uns écrasés par l’ubérisation de la société, les autres, plus cyniques, profitent de la misère environnante et de l’obsolescence programmée pour réussir.

Sylvie est femme de ménage pour plusieurs entreprises dont un hôpital et des paquebots. Ses collègues la pressent de faire grève, mais elle a baissé les bras depuis longtemps. La grève est pour elle un produit de luxe, sa priorité est la survie.
Richard, son mari, est conducteur d’autobus et doit faire face à des difficultés.
Même si la vie leur a fait renoncer aux idéaux de leur jeunesse, tous les deux sont d’une générosité magnifique et ne comprennent pas la génération montante qu’ils trouvent égoïste, eux pour qui le mot entraide a un sens.

La seule personne qui semble avoir la tête hors de l’eau est Daniel qui, pour échapper à la morosité et l’ennui, écrit des haïkus, redécouvre les plaisirs simples. Pour sauver cette famille d’une situation terrible, il fait preuve d’une grandeur d’âme admirable.

Robert Guédiguian a voulu par ce film montrer le monde tel qu’il est actuellement et l’abandon de l’esprit de partage qui animait les luttes ouvrières. Dans l’acte final, il laisse entrevoir qu’il n’a quand même pas perdu tout espoir.

On ne peut pas dire qu’il renouvelle beaucoup son casting, mais, comme d’habitude, ils sont tous excellents et d’une grande justesse. Ils habitent si bien leurs personnages qu’on oublie les avoir si souvent vus dans le cinéma de Robert Guédiguian.
Ariane Ascaride a reçu le prix de la meilleure interprétation lors de la Mostra de Venise.

La musique originale est superbe. Le choix d’un requiem par le réalisateur pour accompagner la naissance de l’enfant au début du film en dit long sur sa vision pessimiste du monde ! Mais le résultat est majestueux.

Un beau film sombre donc, très émouvant. Ne pas oublier ses mouchoirs.

Fiche technique

Sortie : 27 novembre 2019

Durée : 107 minutes

Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Anaïs Demoustier

Genre : drame