Présentation officielle
Flaubert, dans un coup de sang tonique, dénonce la médiocrité de la société, pourfend le conformisme, revendique sa conception de l’amour. Propos d’une formidable actualité, d’où l’on ressort rincé et d’aplomb !
Un anarchiste dans un corps de bourgeois, une hypersensibilité corsetée dans une apparente convenance sociale font de Flaubert un immense personnage de théâtre, toujours proche de l’éruption. Sa correspondance, par sa colère, ses affirmations comme des coups de poings, sa truculente santé est en elle-même un formidable texte dramatique.
À notre époque où le conformisme et le consensus gangrènent la société dans une uniformisation mortelle, il est bon et salutaire d’écouter la rage d’un homme qui tenait la gageure de vivre en bourgeois et de penser en demi-dieu. Il est bon et salutaire de l’écouter pourfendre, avec jubilation, la médiocrité de ses contemporains, s’indigner contre les fausses valeurs, vomir conformisme et étroitesse d’esprit.
C’est une colère terriblement actuelle, pleine d’énergie et de joie, jusque dans ses pires détestations. C’est une parole en liberté, jamais contrainte, honnête dans son adresse et sa démesure, sans notion de postérité, ce qui la rend rare et indispensable à écouter.
Avis d’Artémis
Que vous soyez passionné par ce grand auteur français qu’est Flaubert ou que vous en ayez de mauvais souvenirs d’école, peu importe ! Cette pièce s’adresse à tous, et nous présente un personnage haut en couleurs, passionné, fidèle à ses principes et qui ne laisse aucun spectateur indifférent.
Cette pièce, très bien équilibrée, alterne les thèmes, les émotions. Elle est servie par une mise en scène soignée de Jacques Weber, avec un décor sobre mais évocateur, dégageant une atmosphère particulière avec ses hauts murs, son grand espace, le radiateur nu, la grande table en bois…
Il faut souligner également la mise en lumière et le bruitage qui soutiennent cette ambiance créée sur scène : on s’imagine parfaitement le froid qui s’infiltre en cet automne (les citrouilles sont en train d’être ramassées), avec l’orage et la pluie qui s’abat sur le bâtiment.
Tous les éléments de mise en scène s’imbriquent parfaitement jusqu’aux plus petits détails. Il ne s’agit pas de reproduire fidèlement un intérieur du XIXe siècle, mais on est vraiment dans l’évocation et la sensation dégagée par l’ensemble. Car on n’a pas l’impression comme parfois d’être devant un acteur récitant un texte, mais le spectateur fait une véritable plongée dans le monde de Gustave Flaubert.
Jacques Weber incarne Gustave Flaubert dans ce texte d’Arnaud Bédouet, avec toute son énergie, son intelligence, sa finesse et son animalité. Dans ce dialogue à une voix avec Eugène (formidable Philippe Dupont au rôle muet, à un mot près), Gustave raconte sa déception amoureuse, ses désirs, son exigence d’écriture mais aussi sa révolte contre le succès de Lamartine ou de Musset. Quel moment mémorable que le discours imaginaire de Gustave face à l’Académie française, applaudi par le public !
Ce Gustave est un grand moment de théâtre, fascinant, intelligent et abouti et Jacques Weber montre ici encore qu’il est bien un des plus grands comédiens français.
Informations pratiques
Adresse : Théâtre de l’Atelier – 1, place Charles Dullin – 75018 Paris
Pièce d’Arnaud Bédouet, mise en scène de Jacques Weber
Avec Jacques Weber et Philippe Dupont
Représentations jusqu’au 25 juillet 2015, du mardi au samedi 20H30, le dimanche à 15H30
Tarif unique/placement libre : 34.10 €
Page Facebook du Théâtre de l’Atelier (avec des photos de la pièce)