Hannibal Lecter – les origines du mal – du livre au film – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Pourquoi un petit garçon comme les autres devient-il un monstre? Après le mythique silence des agneaux, Thomas Harris révèle enfin dans son nouveau roman, le secret des origines d’Hannibal Lecter, le criminel le plus fascinant du thriller moderne, incarnation absolue du Mal.

Thomas Harris a créé dans Dragon rouge, le silence des agneaux et Hannibal, le héros le plus effrayant et le plus fascinant du thriller contemporain : Hannibal Lecter, véritable incarnation du mal.

Avis de Cécilia

Ce roman permet de cerner l’identité d’un psychopathe notoire. Dans l’imaginaire collectif, certes aidé par l’interprétation classieuse d’Anthony Hopkins, Hannibal Lecter n’est pas homme à s’embarrasser des conventions sociales et autres règlements moraux en vigueur.

Esprit cultivé, curieux, intelligent et brillant dès son plus jeune âge, il ignore volontairement les tabous. C’est un homme extraordinaire dans le sens premier du terme. À savoir qu’il sort de l’ordinaire, qu’il est hors norme en quelque sorte. Or, Hannibal Lecter, les origines du mal dont l’adaptation cinématographique sort sur les écrans français le 07 février 2007 montre un enfant puis un jeune homme à l’esprit vif et acéré, à l’intellect très développé mais qui semble chétif, physiquement malingre, presque timide et effacé.

En résumé, à 10 000 lieux de l’image que l’imagination peut concevoir à son sujet. Dans cette optique, le jeune Lecter rappelle Jean-Baptiste Grenouille, le héros du Parfum, histoire d’un meurtrier. Bien sûr, ce sont deux tueurs en série. Mais, ils semblent tous les deux très insignifiants, comme invisibles aux yeux de la société qui les a vus grandir. Cette société qui semble ne pas se rendre compte que ces deux “petits” deviendront des meurtriers sanguinaires.

Paradoxalement, Hannibal Lecter peut être considéré comme admirable car il n’est pas entravé par les codes. Il est immoral [[Sans morale. À ne pas confondre avec immoral signifiant contre la morale.]]. En effet, il est très dur d’être complètement soi, de ne pas être “entravé” par les interdits et les préjugés de la culture dont un individu est issu. Nous parlons bien d’un cannibale [[Un cannibale mange sa propre espèce alors qu’un anthropophage mange des êtres humains. Hannibal Lecter est donc cannibale et anthropophage.]]. Malgré son esprit brillant, le livre montre une personne très simple. Dans le sens où Hannibal Lecter n’est pas compliqué. Il suit sa route sans se préoccuper de contingence comme ce que son entourage pense de lui. Après lecture, on comprends mieux la colère et la violence qui couvent sous la froideur de son apparence. Il est conscient de ses capacités intellectuelles et en tire une immense fierté. Loin d’être schizophrène [[Pathologie psychiatrique qui rend difficile la perception de la réalité.]], motivé par la vengeance, il prend goût à ce qu’il a entrepris.

Généalogiquement, on apprend que notre héros issu d’une famille fortunée de grande noblesse à priori stable est le huitième descendant d’Hannibal le Sombre (1365-1428) qui n’est pas sans évoquer un certain Vlad. La bataille de Zalgiris est évoquée. Il est donc possible de supposer la nationalité lituanienne du clan. Simonetta, la maman, est originaire d’Italie, ce qui expliquerait sa fuite vers Florence dans Hannibal et sa passion pour la Renaissance italienne. Il a une petite sœur prénommée Misha (approx. 1935 – 1940). Le Comte Lecter, son père, a un frère (Robert Lecter) et une belle-sœur (Dame Murasaki) d’origine japonaise . 1930 reste l’année présumée de sa naissance à deux ans près.

Ce roman est d’une fluidité stupéfiante. On accroche à la première phrase pour ne le lâcher qu’au point final sans accroc, ni heurt. La construction grammaticale très simple des phrases y est pour beaucoup. Par ailleurs, les mots choisis sont sobres, sans fioriture, comme évidents. Ils définissent à la perfection les descriptions, les dialogues, les sentiments. Pourtant l’impression d’inaccessibilité persiste. Comme si nous ne faisions qu’effleurer, que survoler l’explication d’une existence et la naissance d’un autre Lecter suite à sa tragédie personnelle en 1945.

Thomas Harris n’approfondit jamais réellement l’histoire et les motivations du héros. Il refuse l’entrée d’un monde labyrinthique, complexe, vaste et riche par paresse. Beaucoup trop de détails sont sous-entendus ou passés sous silence. Certes, cela aurait pu permettre à notre imagination de travailler. Mais, l’auteur en dit trop ou pas assez. Il nous laisse le cul entre deux chaises à force de ne pas se décider. Ce survol volontaire laisse définitivement le lecteur sur sa faim.

Il est également regrettable que ces origines du mal ne laisse pas deviner quel mondain amateur de beau Lecter deviendra. De plus, le film est écrit comme un synopsis cinématographique et le rapprochement entre la sortie du roman et celle du film confirme cette impression. Cette campagne marketing détestable gâche le plaisir de la lecture et du visionnage d’un film.

Fiche Technique

Éditeur : Albin Michel

Date de parution : janvier 2007

Format : broché

Prix : 21,50 €

Titre original : Hannibal Rising