I, robot

« Un homme avait tout compris ». Cet effet d’annonce censé accrocher le quidam pour l’inviter à voir ce film était visible sur les affiches. Ce qui n’était pas précisé c’est que « Un homme avait tout compris » mais qu’il s’agissait de Will Smith.

Certes le voir en tête d’affiche le laissait comprendre mais par contre nul ne pouvait s’attendre à une si piètre performance. Son rôle se rapproche tant dans le jeu que dans le schéma psychologique de Schwarzenegger dans La fin des temps. Il prend donc son bel air de flic perdu qui en veut au monde entier et tout particulièrement aux robots pour quelque chose qu’il n’a pas su maitriser. Symbole même de la stupidité, il en veut à une machine logique d’agir logiquement et s’énerve dès qu’un robot lui mouche le nez par trop d’humanisme.

En même temps qu’attendre de plus d’un homme qui de son propre aveu dans une interview attend avec « impatience chaque nouvelle version de windows ». De même qu’un disciple de panurge qui se plaint dès qu’un écran bleu ou un virus paralyse sa machine, l’ami Will s’emporte et sort son flingue faute de pouvoir tenir une discussion longue de plus de deux phrases.

Au final quand on le voit on en vient à aimer d’autant plus le robot, véritable héros de l’histoire, qui faisant preuve de plus d’intelligence tant émotionnelle que cognitive s’attire la sympathie de l’assemblée pendant que Will continue avec son membre bionique hérité de L’homme qui valait 3 milliards de jouer les gros bras. Son personnage se résume à cette simple phrase de son chef qui lui dit d’un air grave : »Tu es la preuve qu’il vaut mieux être chanceux que futé ».

Certains pourront dire qu’il s’agit d’un effet de style destiné à justement infléchir le jugement du spectateur pour que le conflit robot/humain soit plus intéressant par une déshumanisation de l’homme et une personnifcation des robots. Nul besoin non plus de nous prendre pour des imbéciles, mettre Will Smith était appuyer trop fort du mauvais côté de la balance et le spectateur en arrive à souhaiter une colonisation rapide des machines pour en finir une fois pour toute.

C’est d’ailleurs ce qu’ils se proposent de faire aussi Will, qui à quand même réussi à encanailler le robot humain et une laborantine de salon, prend son bras bionique, son revolver, ses blagues miteuses qui tombent à plats, pour aller débrancher le méchant ordinateur qui est arrivé à la conclusion que pour protéger les humains il fallait les protéger d’eux mêmes. Cette décision ne pouvant avoir lieu sans dommages collatéraux – qui consistent au massacre de robots stupides par les robots intelligents et en un mattage d’une pathétique rébellion humaine – Will s’insurge et finira par sauver la planète.
Au passage il aura enseigné au robot à faire des clins d’oeil pour attirer la gazelle et aura appris à serrer la paluche à une machine.
Malgré la très belle photographie de l’ensemble et une très bonne réalisation, le film s’embourbe donc dans les bons sentiments où tout le monde finit par se taper sur le ventre en rigolant tout en buvant de la bière ou de l’huile, au choix.