Il Divo – Avis +

Résumé

Il divo (la Diva) est l’un des nombreux surnoms du président du conseil, élu sept fois (!) à la tête du gouvernement italien, Giulio Andreotti. Le film commence au début de son septième mandat. Il est usé et raide, il prend de l’aspirine pour tenir le coup, mais il n’est pas fini ! Il mélange la politique et la religion et a le soutien d’une partie de l’église, très puissante en Italie.

Il est à la tête de la Démocratie Chrétienne, et, pour se maintenir au pouvoir, il tisse des liens secrets avec Cosa Nostra (la mafia sicilienne). Le film se termine sur le procès intenté contre lui pour ses liens supposés avec la mafia et pour avoir commandités des crimes politiques. Dès lors, celui qu’on croyait usé, se redresse. Il traite tous les accusateurs de menteur avec une énergie telle qu’il est finalement blanchi.

Avis de Luc

C’est Toni Servillo qui lui donne les traits de ce personnage hors du commun, sorte de Nosferatu effrayant. La performance d’acteur est associée à un travail de cinéaste qui a valu au réalisateur Paolo Sorrentino le Prix du jury à Cannes l’an dernier, très mérité. Sorrentino a choisi un ton satirique, donnant à la bande d’Andreotti (un des nombreux courants de la Démocratie Chrétienne) des allures de monstres issus de film d’horreur. C’est effrayant et drôle (par son aspect satirique), bien que les assassinats politiques, filmés avec un réalisme saisissant, soient dramatiques. Est-ce Andreotti qui les a commandités ? Le film ne répond pas à cette question, laissant à ce personnage hors du commun tout son mystère, ce qui est frustrant pour le spectateur, mais est une des nombreuses qualité du spectacle.

Le film s’inscrit dans la tradition du grand cinéma politique italien très en vogue dans les années 1970 dites les « années de plomb » pendant lesquelles l’autre président du conseil Aldo Mauro a été enlevé et assassiné par les Brigades Rouges (thème du film Boengiorno Notte de Marco Bellocchio que j’avais adoré à sa sortie il y a trois ans). En voyant ces deux films, on constate avec bonheur que cette tradition de fils politiques italiens est vivace, ce qui fait encore plus regretter l’absence de films politiques contestataires ici. La France se contente de financer ces films (ce qui n‘est déjà pas si mal, la télévision berlusconienne refusant d‘y participer), comme également Le caïman de Nani Moretti sur le portrait d’un autre président du conseil, Silvio Berlusconi, actuellement en place. On a du mal à imaginer un film satirique français sur Sarkozy ! Nous sommes décidément très frileux. C’est d’autant plus dommage que la fin de deuxième mandat de Bush a inspiré beaucoup de films contestataires américains, ce qui (contrairement à l’Italie), n’était pas dans la tradition américaine.

Fiche technique

Genre : biographie

Durée : 110 minutes

Sortie en salle : 31 décembre 2008

avec Toni Servillo, Giulio Bosetti, Anna Bonaiuto, Paolo Graziosi, Piera Degli Esposti et Fanny Ardant