Interview d’Elizabeth Hoyt – VF

Onirik : vous avez commencé à publier récemment et le succès semble immédiat. Mais écrivez vous depuis longtemps et qu’est-ce qui vous a amené à l’écriture ?

Elizabeth Hoyt : j’ai commencé à écrire à trente-cinq ans et je viens d’en avoir quarante-deux donc cela veut dire que j’écris depuis sept ans. Avant, j’étais à la maison et je m’occupais de mes deux enfants. J’ai décidé d’essayer d’écrire quand mon plus jeune enfant est entré à la maternelle et que j’ai réalisé que je devrais rapidement avoir un emploi rémunéré ! Bien sûr, écrire ne m’a pas rapporté pendant les cinq premières années avant que je signe un contrat.

Onirik : comme je viens de le dire, vous avez écrit trois romans mais vos livres montrent déjà une grande maîtrise digne d’auteurs d’une importante bibliographie. Comment expliquez vous cette aisance ?

Elizabeth Hoyt : et bien, merci! C’est un beau compliment. J’ai toujours lu avec voracité et je pense que ça m’a apporté une grande aide pour écrire mais je pense que les meilleurs écrivains ont un talent naturel pour raconter une histoire, ils savent comment trousser une intrigue.

Onirik : vous avez choisi la période géorgienne dans votre première série. Est-ce une période particulière pour vous ? Envisagez vous de persévérer dans cette époque ?

Elizabeth Hoyt : j’ai bien l’intention de continuer à écrire dans la période géorgienne mais je suis tout à fait disposée à évoluer vers d’autres époques dans l’avenir. Je pense que la période édouardienne est très intéressante et si je peux, je n’hésiterais pas à écrire une romance médiévale ou élisabéthaine. Mais j’adore vraiment cette période géorgienne et je pense que c’est dû à ces films hollywoodiens brillants que j’ai vus à la télévision quand j’étais petite. Je pense particulièrement à Scaramouche et The scarlett pimpernel (Le mouron rouge). Cela m’a toujours paru une période très romantique : les dames avec leurs vastes et élégantes jupes, les messieurs en culottes et portant l’épée. Je trouve toujours ça très romantique !

Onirik : vos romans utilisent tous une sorte de fil rouge : un conte de fée qui se superpose à l’histoire principale et qui est racontée par l’un des héros. D’où provient cette très bonne idée ? Aimez vous particulièrement les contes de fée ? En êtes-vous l’auteur ?

Elizabeth Hoyt : j’ai toujours adoré les contes de fées et les légendes. Quand j’étais enfant, l’un de mes livres préférés était The wonder clock de Howard Pyle. C’est un recueil de contes de fées victoriens (un pour chaque heure de l’horloge) illustrés par les gravures préraphaélites d’Edward Pyle. Terriblement romantique ! Je pense qu’il était alors évident, que je mêle un conte à l’intrigue principale quand j’ai écrit mon premier livre. Je les compose vraiment tous dans mes livres même s’ils sont basés de façon évidente sur des contes bien connus (The raven prince, par exemple est une variante de la légende de Psyche et Cupidon). Et j’ai ensuite continué à en écrire des contes pour mes livres suivants y compris dans celui qui sort en Mai : To taste temptation.

Onirik : les histoires que vous racontez sont toutes tumultueuses et passionnées avec des sentiments souvent exacerbés. Vous n’hésitez pas à placer vos héros dans des situations violentes (Simon Iddesleigh joue avec la mort par exemple) ou extrêmes. Est-ce, selon vous, absolument nécessaire pour emporter le lecteur ?

Elizabeth Hoyt : en tant que lectrice, j’aime lire des histoires où l’on va dans des émotions extrêmes (des pertes qui brisent le coeur, un amour si puissant que les personnages veulent en mourir, et même un homme si décidé à se venger qu’il met en péril jusqu’à son âme). Si je n’aime pas lire des émotions ordinaires. Pourquoi en écrirais-je ?

Onirik : vos histoires semblent à la fois très classiques : elles reprennent les grands thèmes de la romance (un méchant qui veut nuire aux héros, un couple que tout sépare au début…) mais aussi très modernes. Cherchez vous à renouveler ce genre littéraire ?

Elizabeth Hoyt : (éclat de rire) ! Je ne connais rien au “renouvellement”! J’écris juste des histoires que j’aimerais moi-même lire.

Onirik : un élément important dans vos romans sont les scènes très sensuelles voire légèrement érotiques entre les héros. Elles sont d’ailleurs particulièrement travaillées et réussies. Est-ce pour vous indispensable à la réussite de vos romans ?

Elizabeth Hoyt : je ne sais pas si la sensualité est nécessaire dans le succès d’un livre mais je pense que ça aide. Je suis toujours étonnée quand je lis un livre et que l’auteur ferme la porte de la chambre. Comment se termine la scène d’amour ? Oui, c’est une romance donc a priori tout est bien qui finit bien mais la façon dont une personne fait l’amour révèle tellement sur son personnage ! L’héroïne est-elle timide ou si empressée qu’elle surprend le héros ? Le héros a t-il assez de contrôle pour de longs préliminaires (et est-il adepte des préliminaires ?) ou est-il si bouleversé qu’il ne peut tenir bien longtemps ? Ce sont des questions auxquelles je veux des réponses et je pense que mes lectrices aussi.

Onirik : vos romans montrent tous une grande qualité d’écriture et de construction des intrigues mais vous y ajoutez en plus, une sorte d’ironie discrète ou des pointes d’humour au moment où on ne s’y attend pas. Est-ce une façon de faire un clin d’œil au lecteur ? D’apporter une touche de légèreté dans un contexte tendu ?

Elizabeth Hoyt : je pense qu’il me serait difficile d’écrire un livre entier sans aucun humour. Je trouve qu’il y a tellement de chose drôles ou ironiques dans la vie. Parfois, je dois même modérer mon humour, je dois faire un effort pour me souvenir que j’écris un scène sérieuse et que le héros ne peut pas glisser sur une peau de banane en plein milieu !

Onirik : la publication de votre prochaine série est attendue pour le printemps. Pouvez vous nous donner quelques informations sur cette nouvelle aventure ?

Elizabeth Hoyt : oui ! Je commence une nouvelle série de quatre livres avec un livre qui parle des vétérans des guerres françaises et indiennes en Amérique (c’est comme ça que nous appelons cette guerre ici, en Grande Bretagne, c’est la guerre de sept ans et je suis sûre que c’est un nom complètement différent en France !). De toute façon, les héros de ces livres appartenaient tous à un régiment tragique qui a été pris dans une embuscade et a été presque éliminé. Le premier livre est To taste Temptation et voici le résumé de la quatrième de couverture :

Même la plus raffinée des dames…
Lady Emeline Gordon est un modèle de sophistication dans la haute société londonienne, toujours à la mode et parfaitement bien élevée. Ainsi, elle est le parfait chaperon pour Rebecca, la jeune sœur d’un brillant homme d’affaire de Boston et ancien soldat colonial.
Peut désirer follement un homme peu civilisé…
Samuel Hartley est peut être riche, mais il a les manières peu civilisées dignes de l’Amérique sauvage où il a été élevé. Qui porte des mocassins à un grand bal ? Son irrespect arrogant des règles de bonne éducation exaspère Emeline, même si sa hardiesse l’excite…
Pour libérer sa passion…
Mais sous son aspect d’homme mal élevé, Samuel est hanté par une tragédie. Il est venu à Londres pour régler une dette, pas pour tomber amoureux. Et bien qu’ Emeline se languit de sentir les mains audacieuses de cet homme sur elle, de goûter à cette bouche qui a l’habitude de la taquiner, elle doit se retenir. Elle n’est pas libre. Mais certaines choses dépassent le contrôle d’une dame…

Onirik : aucun de vos livres n’est actuellement traduit en France et j’espère que cet interview contribuera à donner envie de les traduire ! Mais savez-vous si c’est déjà prévu ?

Elizabeth Hoyt : je suis heureuse de vous annoncer que The raven Prince sera publié en français aux Editions J’ai lu au printemps 2009.