Nancy : Bonjour Christy. Comment vas-tu ?
Christy : Je vais bien. Peut-être un peu fatiguée ces temps-ci, mais rien de bien méchant (on va dire que je fais une poussée de croissance).
Nancy : On va commencer soft, par des questions basiques. Comment t’es venue l’idée et l’envie d’écrire des nouvelles érotiques ?
Christy : L’idée m’est venue tout simplement par défi. J’avais écrit en 2010 deux petits romans contemporains dits « de gare » avec quelques scènes sensuelles suggestives et une personne de mon entourage proche m’avait aidée pour les corrections. Il se trouve que cette personne a qualifié l’un des deux romans de « pornographique »… J’ai pris la mouche et j’ai dit : OK, bah maintenant je vais vraiment écrire une histoire érotique avec des scènes sulfureuses sans tabou toutes les dix pages
Nancy : Où trouves-tu l’inspiration ? Plus dans des livres que tu lis ou dans ton quotidien ?
Christy : Un peu des deux, en fait. Je suis mariée depuis 16 ans (au même homme, je précise) et je n’ai pas inventé l’eau chaude. Forcément oui, il y a du vécu dans ce que j’écris, mais il est évidemment hors de question que je donne un indice de pourcentage pour savoir dans quelle mesure je puise dans ma petite vie de femme moderne. Par ailleurs, je suis une grande lectrice et j’affectionne particulièrement la romance « pimentée » qu’elle soit contemporaine, historique et encore paranormale. Les deux éléments mis ensemble et mon imagination se dévergonde 🙂
Nancy : Peux-tu nous parler de ton parcours éditorial ? Es-tu épanouie chez Numeriklivres ?
Christy : Mon parcours éditorial est très commun. J’ai écrit des textes, en ai proposé certains à l’édition, ai essuyé pas mal de refus pour finalement tenter l’auto-édition. C’est une amie qui m’a un jour parlé des éditions Numeriklivres. Je leur ai posé quelques questions autour de leur collection 45 min – SeXtasy, ils m’ont encouragée à leur soumettre un texte et voilà.
Mon entrée chez Numeriklivres est toute récente, donc je n’ai pas encore beaucoup de recul pour parler d’épanouissement, mais je suis effectivement enchantée de l’accueil qui m’a été fait et de la facilité de communication et d’échanges au sein de cette maison, que ce soit avec mon éditeur Jean-François Gayrard, la directrice littéraire Anita Berchenko ou même avec certains auteurs comme Marie Potvin qui est une nana vraiment très sympa.
Nancy : Tes personnages, au-delà du fait d’être célibataires et en quête d’amour, sont souvent des écorchés vifs ou ayant des blessures plus ou moins profondes. Pourquoi tous ces handicaps au départ ?
Christy : D’abord par souci de crédibilité, parce que la vie n’est pas totalement rose ni merveilleuse et que rien ne nous tombe jamais tout cuit dans le bec. Mais j’ai aussi voulu faire passer un message qui est vrai pour tous : quelque soit notre nature profonde ou nos convictions en terme de relations sentimentales, nous avons tous un potentiel exploitable. Il suffit simplement de le voir ou de laisser d’autres nous le montrer.
Nancy : Tu bouscules les préjugés et donnes un coup de fraîcheur aux stéréotypes. Tu n’hésites pas à accentuer les différences qui gênent la ‘bonne société’, est-ce une façon aussi de faire passer un message ?
Christy : Absolument. Je suis foncièrement tolérante et je trouve triste que cette chère société bien pensante contraigne trop de gens parfaitement « normaux » et « libérés » à grand renfort de préjugés que ce soit au sujet de la différence d’âge dans le couple, des plaisirs très variés que peuvent s’offrir un homme et une femme, des relations homosexuelles ou encore de pratiques dites « sales et perverses » (et je n’ai pas encore abordé le BDSM dans mes récits érotiques). L’amour et la sexualité n’ont de frontière que celle que l’on s’impose soi-même.
Nancy : Alors, venons-en aux choses sérieuses. Toutes les scènes sensuelles et charnelles sont si réalistes, si incroyablement chargées de tension sexuelle, qu’on est en droit de se poser la question : les as-tu toutes réalisées pour s’y bien les décrire ?
Christy : Tu veux savoir si j’ai réglé mon plombier par chèque ou si mon kiné m’a replacé quelques vertèbres ? lol Je ne peux décemment pas répondre à cette question comme s’il s’agissait de choisir un nouvel évier pour ma cuisine, mais comme je le dis sans m’en cacher, je suis une femme passionnée et j’aime mon mari plus que tout. (sourire)
Nancy : Ton mari, lit-il tes nouvelles ? En parlez-vous ensemble ? Et si oui, comment cela finit-il une fois qu’il les a lues ? Comme dans les livres ? Oui, je suis curieuse !
Christy : Euh, tu es curieuse, oui ^^ Mon mari lit tout ce que j’écris et mes histoires érotiques aussi. Nous en parlons, nous élaborons parfois des détails littéraires ensemble dans un souci de crédibilité essentiellement, mais aussi parce que ça nous amuse beaucoup. Chaque nouveau projet est l’occasion d’un mini débat sur « mes idées farfelues » et sur » la source de mes fantasmes ». Quand nous lisons ensemble ce type de récit, pas forcément les miens d’ailleurs, eh bien ça finit… toujours très bien. (tu n’espérais quand même pas des détails, si ?)
Nancy : J’imagine que tu as lu plusieurs fois le Kamasutra. Les termes spécifiques à certaines parties du corps ne sont pas forcément connues de tous, tu as donc fait des recherches. Cet aspect était-il aussi intéressant que l’écriture ? Et est-ce simple de les appliquer dans un texte ?
Christy : Je me suis renseignée dans des bouquins en bibliothèque, sur le net surtout et j’ai aussi tendu l’oreille au cours de discussions « entre amis ». Les recherches sont en générales intéressantes et on découvre même parfois des choses nouvelles. Mais soyons clairs, le Kamasutra n’est pas fait pour tout le monde.
Les positions sont souvent impossibles à réaliser ou tellement acrobatique que c’en est risible (l’allusion à Houdini dans « Soins à domicile » n’est pas fortuite), par contre, c’est vraiment très marrant et à défaut de donner du plaisir, ça fait fonctionner des muscles dont on ignorait l’existence.
Quant aux termes spécifiques aux corps, eh bien la langue française est quand même très riche et j’ai horreur des termes crus et creux. Parler de cyprine et non de mouille me semble plus joli, de même qu’évoquer un pénis, un sexe, un membre, un vagin ou un anus au lieu de dire bite, queue, chatte et j’en passe des plus exotiques est, arrête-moi si je me trompe, nettement plus sensuel.
Parler cru pendant l’amour au sein d’un couple est tout à fait normal, mais quand il s’agit d’écrire une romance, même ponctuées de scènes torrides, je préfère m’en tenir aux véritables noms des choses. Il est d’ailleurs beaucoup plus facile d’écrire que les personnages « font l’amour » que de s’écorcher les yeux avec « ils baisent ».
Nancy : Comptes-tu continuer dans le genre érotique ? Et si oui, as-tu déjà des scénarios tout faits ?
Christy : Oui, je compte continuer dans ce genre parce que je m’y sens bien. Quant aux scénarios ou idées déjà posées, il y en a plusieurs et je suis justement en train de plancher sur un nouveau texte mettant en scène un jeu de séduction passant par la lecture numérique. J’ai aussi un gros projet en plusieurs épisodes qui a été en partie élaboré l’année dernière et qui se rapprochera de l’univers de Malko Linge dans les SAS de Gérard de Villiers… en version féminine.
Nancy : Quels autres styles de textes, de romans as-tu écris et/ou envisages-tu d’écrire dans un avenir proche ?
Christy : J’ai écris et publié en maison d’édition deux romans contemporains (un peu maladroits, je débutais). J’ai commencé une série Romance paranormale, Kolderick (mais dire bit-lit, ça le fait aussi), où des vampires, des mages et des créatures hybrides très méchantes se croisent. Le premier tome devrait paraître en début d’année 2013 aux éditions Rebelle. J’écris aussi actuellement le premier tome d’une série Urban-fantasy YA intitulée After Death qui parlera d’une jeune fille dont la vie sera complètement bouleversée après sa mort… parce que l’être venu la chercher pour l’emmener dans l’Au-Delà va tout bonnement la ressusciter.
J’ai d’autres petites idées tout style confondu, certains textes sont même déjà entamés, mais pour l’instant je préfère me focaliser sur Kolderick et After Death.
Nancy : Merci Christy !
Christy : Merci à toi !