Interview de Gayle Wilson – VF

Je voulais encore vous remercier d’avoir accepté de répondre à ces quelques questions.

Onirik: Vous avez commencé votre carrière en publiant votre premier livre en 1994 et depuis vous avez obtenu un RITA award et un grand nombre des récompenses diverses. Il existe même aujourd’hui un prix portant votre nom. Comment expliquez-vous ce formidable succès ?

Gayle Wilson : Je ne suis pas sûre que je qualifierais de formidable le succès que j’ai eu le bonheur de connaître. J’ai gagné deux RITA dont je suis très fière. Les membres de RWA (Romance writers of America) m’ont élue présidente en 2006. J’ai été profondément honorée quand un antenne locale de la RWA a choisi mon nom pour leur concours. Et je suis très reconnaissante que la plupart des histoires que j’ai écrites aient été publiées. Mais ce que je veux dire, c’est que je n’ai jamais été dans la liste des best-sellers du New York Times, par exemple. Cependant je suis heureuse d’avoir pu faire quelque chose que j’aime autant durant toutes ces années. C’est vraiment gratifiant.

Onirik: Vous avez exercé des fonctions importantes dans le cadre de Romance writers of America. Pourriez-vous nous parler un peu de votre travail dans ce cadre ?

Gayle Wilson : La RWA est l’organisation d’écrivains la plus grande du monde avec près de 10000 membres. J’ai travaillé avec les dirigeants de la RWA durant trois années avant d’être élue présidente. A ce poste, j’ai eu le privilège de pouvoir parler avec des personnes qui écrivent et lisent ce genre de romans. J’ai été d’une certaine façon la porte-parole de la romance, un rôle que j’ai beaucoup apprécié et qui m’a honorée. J’ai aussi travaillé avec Nora Roberts pendant la cérémonie des RITA Awards de 2006 et j’ai eu le privilège de remettre une récompense pour l’ensemble de son oeuvre à Susan Elizabeth Phillips. J’entretenais des relations plutôt prestigieuses à cette époque !

Onirik: Vous avez écrit au début de votre carrière des romances historiques, des romances contemporaines, puis des romantic suspenses mais depuis plusieurs années, vous vous concentrez essentiellement sur ce dernier genre. Pensez-vous revenir à la romance historique ou est-ce définitivement terminé ?

Gayle Wilson : En fait, je suis en train de bâtir une romance historique. C’est un élément d’une série (les histoires sont liées) que j’écris avec cinq autres auteurs. Chaque écrivain écrit son propre livre, bien-sûr, mais il y a des éléments communs. Bien que je ne connaisse pas encore le titre de la série ni celui de ma propre histoire, je sais qu’ils seront publiés chez Mills and Boon en 2010. J’espère que vous les lirez parce que j’ai vraiment éprouvé du plaisir à écrire dans le contexte de la Régence, comme lorsque j’ai débuté ma carrière.

Onirik: Vos héros sont souvent menés par un profond sens du devoir qui les conduits à prendre des décisions difficiles (Griff dans Men of Mystery dirige une équipe qui peut être amenée à éliminer des hommes, par exemple). Pensez-vous comme certains d’entre eux qu’il faut parfois – pour la raison d’état ou pour protéger les siens – accepter d’aller très loin ?

Gayle Wilson : Le devoir a joué un grand rôle dans mon existence, sans aucun doute. Ça n’a jamais été dans les situations de menace sur ma vie comme celles que rencontrent mes héros. On m’a appris petite qu’on avait un devoir envers Dieu, ses parents, sa famille et son pays. Mon mari est un ancien militaire et a fait deux missions au Vietnam en tant que pilote d’hélicoptère de combat. Quelle que soit l’opinion que l’on a de cette guerre, on peut certainement admettre que ceux qui se sont sacrifiés durant ce conflit l’ont fait par sens de devoir et par amour de leur pays. Pour beaucoup d’Américains, participer à cette guerre ou non a été une très difficile décision donc je suppose que beaucoup de mes héros sont à l’image de ma propre expérience sauf que c’est plus à travers l’action de mon mari que de la mienne.

Et en ce qui concerne la protection de ceux qui nous sont proches, je pense que nous sommes tous capables d’aller très loin s’ils sont menacés, n’est-ce pas ? Il y aussi des histoires que j’aime beaucoup écrire, celles où des femmes voient leurs enfants menacés.

Onirik: De la même façon, vos héros sont souvent capables d’aller jusqu’au sacrifice, d’oublier leurs désirs pour une cause ou une autre personne. Est-ce une qualité qui vous paraît essentielle chez un héros ?

Gayle Wilson : Tout à fait ! Mes héros doivent être capables de sacrifice pour ceux qu’ils aiment ou pour ceux qu’ils sont censés protéger. Les gens biens font ça tous les jours de leur vie. Nous nous sacrifions pour nos parents âgés, pour satisfaire les besoins de nos enfants, pour nos familles et nos amis et également pour d’autres personnes par l’intermédiaire de bénévolat ou de donations à des organisations caritatives. Pour moi, le sacrifice de soi-même est vraiment héroïque. Les hommes qui mettent en danger leur propre vie pour celle des autres comme les soldats, les policiers, les pompiers et beaucoup d’autres sont mes héros de la vraie vie.

Onirik : Un grand nombre de vos personnages masculins sont diminués par des blessures voire un handicap (Griff Cabot mais aussi Dominic Maitland ou Ian Sinclair…). Qu’apporte de plus un tel élément dans l’intrigue ? Ces hommes font tout pour cacher et dépasser leur handicap. Cela lui ajoute-t-il encore plus de noblesse ?

Gayle Wilson : Je pense que les personnes les plus intéressantes sont celles qui ont dépassé des obstacles. Ils ont été éprouvés soit physiquement soit psychologiquement et ont traversé ces expériences avec leur courage et leur honneur intacts. Ils ont pu être blessés mais ils continuent à se battre et à vivre à fond. Comme je l’ai déjà dit pour moi , ils sont plus intéressants que ceux qui n’ont jamais été confrontés à des difficultés. Ces hommes font de leur mieux pour cacher leur handicap. Est-ce que cela ne renforce pas la noblesse du héros ?

Je pense que oui, dans la mesure où aucun d’entre-eux n’a baissé les bras. Ils continuent leur vie et dans le plupart des cas continuent leur devoir. Ils n’utilisent certainement pas leur handicap pour obtenir un traitement de faveur. Ils veulent plutôt être considérés comme tout un chacun et agir comme ils le souhaitent.

Onirik : Un grand nombre de vos intrigues historiques ou dans les romantic suspenses se déroulent dans le milieu de l’espionnage. Est-ce un cadre riche pour vos intrigues ? Vous intéresse-t-il tout particulièrement ?

Gayle Wilson : Je pense que c’est vraiment un milieu intéressant parce qu’il est mystérieux et que nous le connaissons fort mal pour la plupart d’entre-nous. Ces hommes servent leur pays sans uniforme ou fanfare et ont très peu de reconnaissance de la part du public pour les risques pris. Ce sont vraiment des héros méconnus. Ils ne sont pas différents dans mes livres, ils ne recherchent pas la gloire ou la célébrité mais agissent pour l’amour de leur pays. C’est ce que j’admire.

Onirik : Vous avez été professeur notamment pour des élèves surdoués. Qu’est-ce que cela a apporté à vos romans (en plus d’une héroïne qui exerce justement ce métier dans The suicide club) ?

Gayle Wilson : Bien que j’écrive depuis plus de quinze ans, je me considère toujours comme un professeur. J’ai passé beaucoup de temps dans une salle de classe et j’en ai adoré chaque minute. J’ai enseigné au lycée (pour des enfants âgés de 14 à 18 ans) ce qui peut être très fatiguant au fil des années. Pourtant j’adore cette tranche d’âge. J’ai beaucoup apprécié être avec eux et les initier à la littérature et à l’histoire. Et puis enseigner à des surdoués est un vrai bonheur ! La chance de pouvoir former et influencer nos plus grands esprits et les plus brillants a été le meilleur moment de ma vie.

Onirik : Vous inspirez sans doute beaucoup de jeunes auteurs aujourd’hui, mais quelles ont été vos propres sources d’inspiration, les lectures qui ont marqué votre vie ?

Gayle Wilson : Je suis diplômée en littérature anglaise et j’ai ainsi été au contact de ce qui se faisait de meilleur. Je ne pourrais pas citer tous les auteurs qui m’ont influencée. Mon écrivain préféré est une Écossaise nommée Dorothy Dunnett. J’adorerais dire qu’elle a inspiré mon écriture mais elle était si douée que je n’oserais pas me réclamer d’elle. Mais je peux peut-être dire que j’ai toujours voulu écrire comme elle donc, dans un sens, on peut considérer qu’elle m’a influencée.

Mon père était également un grand conteur d’histoire. Il adorait en inventer pour distraire ses enfants, surtout avec des histoires de fantômes, des légendes et autres contes. Je me suis toujours considérée comme une conteuse d’histoires, car pour moi c’est ce qui est le plus important dans un livre, plus important que le style ou le choix des mots ou ce genre de choses. Ce qui arrive aux gens et les conséquences que cela entraîne pour eux sont mon sujet de prédilection.

Onirik : Pourriez-vous nous donner quelques indices sur votre prochain livre et sur vos projets pour 2009 ?

Gayle Wilson : Je n’ai pas de livre prévu pour 2009 aux États-Unis, mais je ne suis pas sûre de ce qui sortira en France pendant cette période. L’historique sur lequel je travaille en ce moment sera publié en 2010 mais je n’ai pas encore le titre. Cela se passe pendant la Régence anglaise comme mes autres historiques et l’héroïne est une guérisseuse gitane. Le héros, bien sûr est l’un de ses soldats blessés que j’aime tant. J’espère vraiment que vous pourrez le lire l’année prochaine.