Interview de Merline Lovelace

Onirik : Vous créez des livres dans un genre (romantique) qui est très apprécié et reconnu dans les pays anglo-saxons et au Canada (mais moins bien vus en France) avec un style et une maîtrise de l’écriture excellente. Savez-vous pourquoi certains déprécient ce genre ?

Merline Lovelace : La critique dénigre trop souvent les romans sentimentaux (comme le roman policier ou de science-fiction ou tout genre populaire) parce qu’ils sont écrits dans le but de distraire. Ils présument que tout ce qui est destiné au public en général (surtout au public féminin) ne peut pas avoir de valeur artistique. Mais ils oublient que des écrivains comme Alexandre Dumas et même William Shakespeare ont écrit pour le commun des mortels et d’ailleurs étaient considérés comme des gratte-papier en leur temps. Personnellement, j’ai suffisamment d’occasions de m’attrister en regardant les journaux télévisés, le soir. Lorsque je m’installe pour lire un roman, je veux être divertie. Je veux également que les gentils gagnent et que l’héroïne trouve l’élu de son coeur.

O : Chacun de vos livres font preuve d’une observation historique très pointue. Prenez-vous beaucoup de temps pour faire vos recherches ou est-ce une préparation permanente ?

ML : La plupart de mes livres prennent naissance à partir d’un endroit que je visite ou d’une personne rencontrée ou d’un évènement qui accroche mon intérêt. Alors, pendant que je rassemble des informations précises sur le sujet, le fil conducteur évolue dans ma tête. Puis, si je décide de concrétiser mon histoire, je passe ensuite des semaines à sérieusement me documenter. Je dévore biographies, journaux intimes, livres médicaux, politiques et socio-économiques, n’importe quoi qui me fera ressentir l’époque dans laquelle je vais m’immerger. En général, ces recherches tournent autour d’événements ou faits historiques qui permettent un retournement de situation intéressant. Par exemple, L’enlèvement (A savage beauty – disponible dans la collection des Historiques) se déroule peu de temps après que les États-Unis ont acheté le territoire de la Louisiane à la France. Pendant mes recherches pour ce livre, je suis tombée sur le major-général James Wilkinson. Il a réellement existé et était une crapule pire que ce que vous pouvez imaginer. Il était le parfait méchant pour mon récit !

O : Est-ce que les éléments historiques de vos romans sont véridiques ?

ML : Certainement ! Dans In the Captain’s woman, par exemple, j’ai souhaité écrire sur les femmes qui ont servi comme infirmières au sein de l’Armée américaine pendant la guerre hispano-américaine de 1898. Mon travail incluait une tonne d’informations sur Clara Barton, qui a fondé la Croix-Rouge américaine et Teddy Roosevelt qui a dirigé les Rough Riders (NDLT : « les durs à cuire », il s’agissait d’un régiment de cavalerie à la tête duquel Theodore Roosevelt fit ses armes et en devint un héros. Il fut le 26e président des États-Unis). Je les ai donc incorporés comme seconds rôles dans le roman et construit mon récit autour des véritables éléments de cette guerre.

Un autre livre que je meurs d’envie de concrétiser concerne les femmes américaines de langue française qui ont servit avec le Géneral Pershing comme opératrices téléphoniques pendant la Première guerre mondiale. Leur histoire est fascinante de part le partenariat que cela implique entre nos deux pays et aussi parce qu’elles ont combattu avec les soldats dans les tranchées ou dans les airs de l’Europe.

O : Combien de temps prenez vous pour préparer un ouvrage ?

ML : Les romans historiques et les romans contemporains avec une intrigue prennent en général 3 à 4 mois. Les romans sentimentaux plus courts prennent entre 2 et 3 mois.

O : Qu’est ce que vous préférez dans la rédaction d’un livre : la création des personnages, de l’intrigue, du paysage historique ?

ML : Je préfère m’occuper des recherches et développer la trame. Les personnages prennent forme au fur et à mesure que l’intrigue évolue.

O : Quels sont les livres que vous avez en préparation. Pouvez-vous nous les présenter ?

ML : J’écris 3 livres supplémentaires dans ma série Code Name Danger (NDLT : aucun disponible en France pour l’instant). Ce sont des romans sympas mélangeant action et aventure dont les héroïnes sont fortes et indépendantes et les héros… très sexys ! Ils doivent sortir en 2006.

D’ailleurs, je vous précise que deux des romans de la série (Code Name Danger) déjà édités se déroulent en France. Undercover Man prend place à Cannes et To Love a Thief à Nice. Comme vous pouvez le constater par vous même : j’adore le sud de la France !

O : Vous êtes venue en France lors de déplacements pour votre travail, que pouvez-vous dire à vos lecteurs français ?

ML : J’ai vécu 3 ans à Etain au début de ma carrière, puis à Verdun et Metz. Ces années ont été magnifiques et me laissent avec un amour durable pour tout ce qui est français : la gastronomie, l’histoire, la culture et particulièrement les Français !

Mon mari et moi retournons aussi souvent que possible là-bas. Il est tout aussi charmé que moi par les châteaux de la Loire, les ruines romaines de Nîmes, la forteresse de Carcassonne, les plages de Normandie et le fier Mont Saint-Michel. J’ai d’ailleurs en tête une intrigue qui se déroule entièrement au Mont Saint-Michel… je dois juste trouver le temps de l’écrire !

O : Quel est le roman que vous avez écrit que vous préférez ? Quel autre auteur (de romans sentimentaux) appréciez-vous ?

ML : Hum, choix difficile ! J’ai aimé effectuer des recherches et écrire Sweet song of love, un roman médiéval se déroulant en Bretagne. Je suis complètement intriguée par la lignée des Plantagenêt et j’ai trouvé que Constance de Bretagne était un personnage fascinant.

Parmi mes romans contemporains, j’apprécie Dark side of Dawn parce que c’est un thriller militaire se déroulant dans une base que j’ai eu à commander. Je ne me suis pas sentie dans mon assiette lorsque j’ai fait exploser la base, à la fin du récit. Mais c’était nécessaire. J’espère tout de même qu’après ça, on m’y laissera y retourner !

Mes auteurs favoris sont Nora Roberts que j’adore pour ses héroïnes fortes et Janet Evanovitch pour son merveilleux sens de l’humour.

O : Vous excellez dans la rédaction de récits dont le héros est un militaire ou un vétéran. Vous êtes-vous basée sur des hommes que vous avez rencontrés lors de vos missions ?

J’ai passé 43 ans de ma vie dans l’armée de métier – les premières vingt années comme gosse de l’Air Force, j’ai grandi dans les bases du monde entier, et les 23 années suivantes comme officier – et je me sers fortement de mon expérience militaire pour modeler les personnages de mes livres. Ils sont dotés d’un fort sens de l’action, savent prendre des risques que ce soit dans leur vie ainsi qu’avec leur coeur. C’est grand de mettre en contact deux forts caractères, les voir s’affronter et voir les étincelles naître.

O : Dans ce cas, avez-vous des numéros de téléphone ou des adresses à nous communiquer ?

ML : Justement, j’ai eu connaissance de cet attirant jeune lieutenant célibataire….

Merline

Bibliographie complète (anglais)

Bibliographie en français

PS : merci à Fabiola, Micol, Cesy et toutes les autres qui ont eu la gentillesse de relire et fignoler cette interview