J’accuse – Avis +

Présentation Officielle

Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier.

Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées.

A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.

Avis de Valérie

Lorsqu’on entend que l’affaire Dreyfus a partagé la France, on peut difficilement le comprendre à notre époque où la multitude d’avis n’a d’équivalent que la volonté farouche d’individualité. Pourtant, l’antisémitisme de l’époque faisait l’unanimité, sur des bases iniques et injustes. Et avant même le procès pour haute trahison, sans réelles preuves, le capitaine Dreyfus était le coupable idéal, le bouc émissaire que tous désiraient voir derrière les barreaux.

L’affaire Dreyfus comportait une donnée personnelle qui n’a pas aidé le capitaine. C’était un homme empesé, droit, tout dévoué à sa vocation, l’armée. Si la justice avait été vraiment aveugle, sa personnalité, comme sa religion, n’auraient pas dû entrer en ligne de compte. Il a souvent été dit que s’il n’avait pas été le condamné lui-même, il aurait été anti-dreyfusard.

J’accuse s’attaque, enfin, à cette histoire dont les éléments sont le traître, le coupable idéal, l’injustice du tribunal et l’orgueil démesuré de l’armée. On attendait depuis longtemps un film à la hauteur du fait divers, et l’ambition de la production permet d’espérer un vrai traitement historique. 

En elle-même, la réalisation n’est pas parfaite ni totalement harmonieuse. Choisir de suivre l’affaire par le biais du colonel Picquart permet certes une distanciation que le spectateur appréciera, mais révèle également avec plus d’acuité la mocheté de la République française d’alors, et fait l’impasse sur Alfred Dreyfus que finalement on voit peu, ni sa famille qui a tant lutté à ses côtés.

Jean Dujardin, quoiqu’il soit un bon acteur, n’a pas ici le jeu qui nous empêcherait de voir quelques réminiscences de OSS 117, dans ses prises de positions très vieille France. Face à lui, des acteurs bien plus intuitifs, dont Louis Garrel, totalement méconnaissable, rendent le film très crédible.

La reconstitution historique est brillante, belle et engageante. La fin du XIXe siècle est immergeante et fait rendre compte de l’ambiance de l’époque. Le réalisateur se permet un caméo et une image forte avec l’autodafé de l’exemplaire de l’Aurore avec en une le célèbre J’accuse de Emile Zola, et la dégradation de vitrines de boutiques tenues par des Israélites qui renvoient à un événement tragique qui se déroulera moins de quarante-cinq ans plus tard.

C’est donc un film incroyable, dont la qualité première est la superbe reconstitution historique et l’interprétation, cependant le choix du réalisateur de faire le focus sur le colonel Picquart plutôt que sur le capitaine Dreyfus surprend, mais sans gâcher l’histoire. 

Cet épisode de la France moderne est à voir absolument pour la mémoire, et pour ne pas avoir à refaire de telles injustices. Sa manière d’être traité comme une enquête est passionnant !

Fiche technique

Sortie : 13 novembre 2019

Durée : 132 minutes

Avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner…

Genre : drame historique

Nationalités : Britannique, Polonais, Français