J’aurais pu faire pire – Avis +/-

Présentation de l’éditeur

Dans cette autobiographie l’auteur nous raconte son incroyable parcours, celui d’un titi parisien qui découvre le cinéma au cours de la seconde guerre mondiale grâce à une maman résistante. A travers son récit tendre et truculent, qui fourmille d’anecdotes sur quelques unes des grandes figures du cinéma français, Henri Guybet revient notamment sur l’incroyable aventure du Café de la Gare dont il fut l’un des membres fondateurs aux côtés de Coluche, Romain Bouteille ou encore Patrick Dewaere, un phalanstère artistique dont sont issus Gérard Depardieu, Renaud, Miou-Miou, Josiane Balasko, Gérard Lanvin, etc.

Henri Guybet fait également revivre l’âge d’or de la comédie française des années 70-80 à travers ses relations avec Bébel, Fufu, Pierre Richard et quelques monstres sacrés du cinéma. Conteur doté d’une immense autodérision, Henri Guybet s’arrête également sur ses plus beaux nanars, les coulisses du théâtre de boulevard et ceux de sitcoms comme Classe mannequin, Sous le Soleil et Caméra Café ou encore sur ses doublages improbables pour 1001 pattes, Toy Story et Chicken Run. Les très riches heures d’un comédien talentueux et… heureux !

Avis de Marnie

C’est vrai qu’il y a beaucoup de tendresse et de sensibilité dans ce récit et c’est ce qui en fait principalement son charme. S’ajoute une bonne dose d’humilité fort bien venue qui rend cet homme bien attachant, tout comme ses coups de gueule contre l’ordre établi ainsi que sa réflexion sur le temps qui passe. Le bémol, c’est tout de même un manque assez frappant d’anecdotes.

Nous comprenons que cette retenue, cette absence de jugement (il ne cite que les personnes « admirables » par le talent ou par la gentillesse) est due à un excès de pudeur, l’envie de ne surtout pas tomber dans l’amertume ou une nostalgie plombante.

En effet, Henri Guybet s’attarde sur sa petite enfance (excellent passage qui se lit comme un roman) qui méritait bien cette longue analyse joyeuse, plus douce qu’amère malgré quelques aspects dramatiques. Cependant, voir ce petit garçon si heureux de se retrouver quelques fois en pleine nuit dans une bouche de métro, alors que les sonneries d’alerte de bombardements fusent… nous fait irrémédiablement penser à Hope and glory (la guerre à sept ans) de l’anglais John Boorman, où le gamin hurle à la fin un grand merci à Hitler lorsque son école est détruite !

Si vous ne vous souvenez de cet acteur que pour son excellente performance face à De Funes dans Rabbi Jacob, ne pensez pas qu’il n’a que peu de films à son actif, c’est tout de même cruellement juger une carrière très intéressante.

Peut-être trop impressionné par son aventure au mythique TNP[[le théâtre de Jean Vilar, l’homme qui créa aussi le festival d’Avignon, où les plus grands ont commencé leur carrière : Gérard Philipe, Noiret, Rochefort, Charles Denner, Maria Casarès, Silvia Monfort, Georges Wilson, etc.]] où il joue Brecht, il s’efface derrière tous ces grands noms et ne formule que son admiration et le fait de savoir qu’il vit un des moments forts de son existence.

Suit ce qui sera pour le lecteur un passage tout à fait passionnant, la création du Café de la Gare (Romain Bouteille, Miou-Miou, Coluche, Dewaere…). Nous sommes en 68 : révolution sexuelle, émancipation de la femme, idées libertaires alors que les médias sont muselés.

Si Henri Guybet est marié (et que son épouse fait sagement bouillir la marmite… une union de plus de cinquante ans !) il a du mal à comprendre qui est avec qui, autour de lui. Commence la période cinématographique et nous passerons de chefs d’oeuvres en nanars, ce dont le comédien ne rougira jamais.

Qu’importe la raison de tourner, puisque ce qui compte c’est l’expérience humaine, où la rencontre avec un personnage. Quant au théâtre de boulevard… c’est le respect dû au public qui prime, l’envie de faire rire et de faire partager le plaisir de jouer.

Cette philosophie positive et chaleureuse, Henri Guybet ne l’a jamais quittée. Il regarde les grands ‘mythes’ travailler, tout comme il se liera avec certains ‘jeunes’. Lui-même issu de la classe ouvrière, pour lui « populaire » n’est pas un gros mot. C’est ce sourire sincère et pas naïf qu’il offre au spectateur ou au lecteur et que l’on ressent tout au long de cette courte mais fort sympathique autobiographie.

Fiche Technique

Format : broché
Pages : 206
Editeur : Jean-Claude Gawsewitch
Collection : Documents
Sortie : 24 novembre 2011
Prix : 19,90 €