J’avais un beau ballon rouge – Avis +

Présentation officielle

La trajectoire fulgurante de Margherita Cagol, alias Mara, épouse de Renato Curcio, fondateur et idéologue des célèbres Brigades Rouges.

Un passionnant face à face qui met aux prises l’aveuglement d’une fille pour son engagement politique et l’amour d’un père.

Le « Palmarès du Théâtre » a décerné en 2013 le prix « Coup de cœur du Théâtre public » à Richard Bohringer et Romane Bohringer pour leur interprétation dans ce spectacle.

Avis d’Artémis

Voici une pièce plutôt exigeante, avec un sujet que l’on n’a pas forcément envie d’explorer en cette période hivernale pendant laquelle certains ont plus envie de divertissement… Et pourtant, quelle erreur ! Car les deux comédiens vous saisissent dès les premières répliques et ne vous lâchent plus le temps de la pièce.

Richard Bohringer et Romane Bohringer, père et fille à la ville, donnent chair à Margherita Cogol et à son père. Par leur interprétation, la mise en scène pertinente et la scénographie travaillée, ils embarquent sans plus tarder les spectateurs dans leurs parcours, celui d’un père et de sa fille, qui grandit…

Romane Bohringer commence en effet son personnage par la voix off d’une petite fille, qui a du mal à s’endormir et qui s’interroge sur les gens méchants… De scène en scène (l’évolution étant marquée notamment par des dates projetées sur le décor), avec beaucoup de fluidité, la jeune étudiante devient une doctorante engagée puis une femme indignée.

Face à un père qui vit dans le respect des valeurs, la tradition et qui recherche une vie tranquille, Margherita se révolte face aux inégalités, à la violence sociale, ou à la guerre du Vietnam. On ne perçoit pas de moment charnière où la jeune femme idéaliste tombe dans le combat armé : est-ce la rencontre avec Renato Curcio (fondateur des Brigades Rouges) qui la mène sur ce chemin ? Sans lui aurait-elle été aussi loin ?

Le fait est qu’on est bousculé par son évolution progressive vers la violence. Si son envie de faire bouger la société est légitime et audible, son glissement progressif vers une violence que l’on ne voit pas mais que l’on comprend devient dérangeante, choquante, révoltante. Car n’oublions pas, la liberté de chacun commence là où s’arrête celle des autres… Et on fait alors face à la détresse de ce père, qui aime sa fille malgré tout, mais qui se sent impuissant à l’aider ou à la comprendre.

C’est une pièce terriblement humaine, bouleversante par ce face-à-face. Romane Bohringer fait admirablement évoluer son personnage de l’enfance à la femme affirmée avec une justesse remarquable. Son père, quant à lui, arrive à donner une cohérence et une homogénéité à son personnage, qui reste fidèle à lui-même, dans son quotidien, sans chercher à s’impliquer plus avant dans des problématiques notamment sociales ou politiques.

Une pièce captivante et admirable. A voir.

Fiche technique

Adresse : Théâtre de l’Atelier – 1, place Charles Dullin – 75018 Paris

Texte : Angela Dematté (Italie)
Mise en scène : Michel Didym
Avec : Romane Bohringer et Richard Bohringer

Représentations à partir du 27 novembre 2015, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h

Tarifs : de 24 € à 37 €

Informations complémentaires et réservations sur le site officiel du Théâtre de l’Atelier

Copyright photos : Eric Didym – Théâtre de l’Atelier