J’irai danser (si je veux) – Avis +

Présentation de l’éditeur

Diane danse comme une enclume, aime les chats, se trouve moche et déteste les mariages. Surtout le sien. Elle vient de se faire plaquer pour « quelqu’un d’autre » (sexe non-identifié mais prévisible, genre « jeune pétasse »)…

Désagrégée ou presque, Diane est secouée par sa meilleure amie. Celle-ci lui suggère de se remettre au plus vite sur le marché de la séduction, en commençant tout doux par le « frenchage », le flirt. Ji-Pi, le charmant comptable du quatrième étage, marié, devrait faire l’affaire. Enfin, normalement…

Avis de Valérie

Diane est une femme mariée qui découvre que celui qu’elle pensait être sien pour toujours, du moins jusqu’à la fin, en aime une autre et la quitte. Au-delà de se retrouver seule, à un âge où il n’est pas facile de se remettre sur le marché de l’amour, elle perd tout repère.

Comme elle le comprend, on se définit majoritairement grâce au regard de celui qui nous aime, s’il nous rejette, que reste-t-il ? Heureusement, elle est soutenue par ses enfants, adultes, et surtout par son amie et collègue de travail Claudine, elle-même divorcée. Celle-ci veut la pousser à se découvrir telle qu’elle est en réalisant ses envies.

On assiste à la reconstruction de cette femme qui comprend qu’elle est devenue suffisamment ennuyeuse pour ne plus susciter l’amour et doit retrouver confiance en ce qu’elle est. Et Claudine lui propose de réaliser un pari, frencher[[soit pratiquer le french kiss, chose qui répugnait son ex]], non pas par caprice, mais pour oser s’affirmer !

Cette femme, c’est nous, à n’importe quel moment de notre vie. C’est pour ça qu’elle nous touche autant, car elle est profondément honnête avec elle-même, ce qui nous révèle à nous-même. Mais elle est aussi drôle, maladroite, et franche. Si c’est bourré de vitalité, on n’oublie pas qu’il s’agit du passage délicat d’une vie à une autre. Et Marie-Renée Lavoie est si juste dans son analyse qu’on n’arrive pratiquement pas à croire que c’est un roman fictionnel. On ne peut s’empêcher de penser qu’elle a vécu chaque moment, formé chaque réflexion.

Le rythme est rapide, mais chaque émotion est bien posée. L’intelligence du texte ne fait pas d’ombre à sa fluidité, ni même d’ailleurs, les expressions québécoises utilisées dans les dialogues ne ralentissent pas notre lecture. En effet – et c’est aussi l’un des atouts du texte – la narration est parfaitement cadrée et très lisible. Ce sont les dialogues qui sont rendus très vivants par l’utilisation d’expressions typiques, d’une manière naturelle et familière, qu’on finit vite par intégrer. On tombe en amour devant le charme de nos grandes-cousines !

Le petit plus est qu’on ne sait jamais ce qui va suivre. Diane veut enfin vivre pour elle. De fait, elle expérimente certaines choses sans qu’on puisse le deviner à l’avance. Elle passe à la rénovation de son chez elle (à coup de masse), à l’envie de ne plus être « plate » (ennuyeuse en québécois, ce qui renvoie au titre original : Autopsie d’une femme plate). On poursuit notre lecture avec l’envie de découvrir ce que l’héroïne nous réserve, et on tourne les pages rapidement, toujours surprise par ses aventures !

Quel beau texte, avec une héroïne attachante et vivante qui n’est pas sans nous rappeler celle que l’on voit tous les matins dans notre miroir ! Marie-Renée Lavoie transforme une histoire banale de trahison en renaissance. On salue l’audace de l’éditeur qui sort de son cadre habituel, et c’est très bien ! Il nous propose un roman féminin ne rentrant pas obligatoirement dans les moules connus, mais bourré de vie et d’émotions. Un régal…

Une très belle réussite qui inaugure le nouveau label des éditions J’ai Lu : LJ !

Fiche Technique

Format : semi-poche
Pages : 251
Editeur : J’ai Lu
Collection : LJ
Sortie : 16 mai 2018
Prix : 11,90 €