Jacques Prévert, Paris la Belle – Avis +

Jacques Prévert et sa poésie sont indissociables de Paris. Il était donc évident pour que la capitale lui consacre une exposition. Depuis le 24 octobre 2008, à la salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville, nous pouvons découvrir ou redécouvrir la vie et l’oeuvre du très éclectique et anticonformiste écrivain… Populaire ici est un signe de qualité !

Du 4 février 1900, jour de sa naissance, après un passage rapide à Toulon, nous revoici à Paris. Grands-parents et parents, de portraits en bulletins de classe, du certificat d’études au service militaire, nous voici soudain au coeur du sujet, en 1920, lorsque Jacques Prévert se lie d’amitié avec le traducteur Marcel Duhamel (futur créateur de la « Série noire » en 1945) et avec le peintre Yves Tanguy. Une communauté d’artistes en tous genres, soit le mouvement surréaliste va soudain s’installer près de Monparnasse. Photos et témoignages sonores surgissent à nos oreilles pour raconter cette époque méconnue. Agacé par l’autoritarisme d’André Breton, Prévert quittera l’endroit…

En 1930, il écrit des petites pièces contestataires. Le groupe Octobre est né… une petite compagnie théâtrale qui trouve son nom en référence à la révolution bolchévique de 1917. De superbes photos où l’on aperçoit Raymond Bussières, Marcel Mouloudji, Maurice Baquet, Annette Poivre, Jean-Paul le Chanois, Yves Allégret et autres… viennent ponctuer cette époque pleine d’espoir et d’idéaux. La séparation de ce célèbre groupe va amener notre poète à se consacrer entièrement au cinéma.

Un excellent montage des films les plus emblématiques (et des moins connus) dialogués par lui, se laisse regarder avec nostalgie, cinéphilie, amusement, et émotion… De son premier scénario écrit pour son frère Pierre, L’affaire est dans le sac en 1932, jusqu’à Drôle de drame, Les visiteurs du soir ou encore les Enfants du paradis, la richesse du cinéma français d’avant-guerre défile devant nos yeux attendris grâce aux oeuvres de Marcel Carné bien-sûr, mais aussi celles de Jean Grémillon, Paul Grimault et Christian-Jacque. Parallèlement, les chansons nous accompagnent dans cette visite, glorifiées par Yves Montand, les Frères Jacques, Juliette Gréco mais aussi Nat King Cole et autres stars internationales, avec une attention particulière bien évidemment aux Feuilles mortes

Nous passons à ses écrits poétiques, où la simplicité cache une vraie recherche du mot, de sa sonorité, de sa prononciation, de l’ambiguité de ses sens. Mais l’écriture n’est pas la seule passion de Jacques Prévert. La photographie le suivra tout au long de sa vie. Brassaï, Edouard Boubat, Robert Doisneau, Dora Maar et les photographes les plus connus de la ville lumière témoignent non seulement par la mise en perspective des portraits recueillis (certains font partie de collections privées) mais aussi grâce à leurs autres oeuvres, de la richesse culturelle d’avant et d’après-guerre. Le 13e arrondissement est mis à l’honneur avec un court-métrage qui nous parle d’endroits disparus, transformation inévitable de l’urbanisme soulignée par l’oeuvre du poète.

Certaines éditions originales écrites, des portraits privés, des brouillons, des lettres, des pages raturées, des ébauches de dessins et autres tentatives plus ou moins abouties rythment cette recherche artistique, qui nous font découvrir un homme sans cesse tourné vers la création. Une nouvelle passion va entrer dans la vie de Jacques Prévert en 1957. Que dire des collages surréalistes basés sur le détournement d’aphorismes et d’expressions populaires ? Joyeux clins d’oeils, rejets de l’église, de l’armée, des juxtapositions plus noires et même sanguinolentes, le tout empreint d’un non-conformisme le poursuivront jusqu’à la fin de son existence. Plus discrètes mais évidentes, certaines amitiés vont naître : Picasso, Miro, Chagall… Cet aspect, comme celui de l’homme privé moins démonstratif mais chaleureusement aimant envers ses proches, se dessine peu à peu sous nos yeux.

Si vous ne connaissez que le poète, le dialoguiste, le personnage qui se joue du surréalisme… et même si vous appréciez toutes les facettes de Jacques Prévert, courrez vous replonger dans le Paris rêvé des grands boulevards, de Saint-Germain-des-Prés, et des petites rues de quartiers, Nostalgie, charme, art, tout est à notre portée ! Atmosphère…

Fiche Technique

Tarif : gratuit

Horaires : tous les jours sauf dimanches et jours fériés de 10H à 19H

Adresse : Hôtel de ville – Salle Saint-Jean – 15, rue Lobau – Paris 4e