Joann Sfar naît le 28 août 1971 à Nice, dans une famille moitié séfarade moitié ashkénaze, où on lui raconte toutes sortes de mythes et d’histoires. Dès qu’il sait par quel bout tenir un crayon, il se met à dessiner. Vers quinze ans, il commence à expédier aux éditeurs un projet de BD par mois, qu’on lui refuse au même rythme. C’est aussi vers cet âge qu’il rencontre ses mentors, Fred, Baudoin et Pierre Dubois (le modèle du Minuscule Mousquetaire). « Ils m’ont mis dans la tête des trucs sains. Tout ce que je fais, c’est pour leur plaire. ». Au début des années 80, armé d’une maîtrise de philo mention TB obtenue pour faire plaisir à son père, il entre aux Beaux-Arts à Paris où il suit les cours du département de morphologie et dessine des natures mortes vraiment très mortes, comme les enfants à deux têtes et autres monstres de la collection de Geoffroy Saint-Hilaire, au Museum d’histoire naturelle. Il assiste même à des autopsies avec un copain légiste et dessine toutes sortes de boyaux. Ce qu’il tire finalement de cette expérience, c’est le plaisir de dessiner un être vivant, habillé, qui marche dans la rue. À 23 ans, surprise. Le même mois, Dargaud, Delcourt et l’Association répondent favorablement à ses envois. Depuis, il n’arrête plus. « La BD est quelque chose de compulsif, on doit en faire beaucoup. Et comme disait Charlier, c’est plus facile de mener dix histoires de front qu’une seule. » D’où un foisonnement d’univers dont la cohérence est assurée par un cocktail très personnel de sentiment, d’humour et d’intelligence — sans oublier un charme graphique à tomber par terre.
Prix et récompenses :
1999 : Prix Petit Robert au festival Quai des Bulles de Saint-Malo.
2002 : Prix Jacques Lob à BD Boum (Blois) et Yellow Kid du festival de Lucca (Italie).
2003 : Prix œcuménique de la bande dessinée à Angoulême et prix des Fondateurs pour le 30e anniversaire d’Angoulême.
Présentation de l’éditeur
Le mari de Zlabya a commandé des livres, et voilà que c’est un Russe qui débarque. Tout blond, qui parle en cyrillique, un vrai russe, sauf qu’il est juif, quand même. Et peintre. Forcément, ça fait des histoires. Surtout que personne ne comprend rien à son charabia. Sauf le chat, qui ne se fait pas mieux entendre. Heureusement, la très minuscule communauté russe d’Alger compte un certain Vastenov, Russe aussi mais du genre blanc, vieux, et sanguinaire. Et ce Russe blanc là s’ennuie. Ça tombe bien : l’artiste ashkénaze a envie de voir du pays. D’ailleurs, s’il a atterri à Alger, c’est par erreur. Lui visait Jérusalem, en Éthiopie. Si les bolcheviques disent qu’elle existe, c’est que c’est vrai : ces gens-là sont bien renseignés, surtout quand ils projettent d’exiler leurs juifs sous d’autres latitudes. Va pour Jérusalem d’Afrique. À bord d’une autochenille Citroën, les Russes, le rabbin, son chat et le cheikh Sfar, qui passait par là, s’embarquent pour un périple qui leur fera, entre autres, croiser des bédouins un peu à cheval sur les principes religieux, un reporter belge féru d’hygiène et une jolie serveuse.
Avis de Cécilia
Le principe du chat narrateur m’a beaucoup plus lorsque j’ai lu le premier tome de la série. Et puis, adapter des épisodes bibliques en bande dessinée me paraît très original, l’auteur assumant sa judéité sans fierté ni honte. De ce fait, il partage son passé historique humblement. Cela dit, les trames de chaque épisode, indépendantes les unes des autres, sont limpides et fluides comme de l’eau de source. Et les dessins sont rigolos.
Fiche Technique
Série : Le chat du rabbin
Titre : Tome 5 – Jérusalem d’Afrique
Scénariste et Dessinateur : Joann Sfar
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 8 décembre 2006
Prix : 12,50 €