Jeux de miroirs – Avis +

Présentation officielle

Un agent littéraire, Peter Katz, reçoit un manuscrit intitulé Jeux de miroirs qui l’intrigue immédiatement. En effet, l’un des personnages n’est autre que le professeur Wieder, ponte de la psychologie cognitive, brutalement assassiné à la fin des années quatre-vingt et dont le meurtre ne fut jamais élucidé. Se pourrait-il que ce roman contienne des révélations sur cette affaire qui avait tenu en haleine les États-Unis ?

Persuadé d’avoir entre les mains un futur best-seller qui dévoilera enfin la clef de l’intrigue, l’agent tente d’en savoir plus. Mais l’auteur du manuscrit est décédé et le texte inachevé. Qu’à cela ne tienne, Katz embauche un journaliste d’investigation pour écrire la suite du livre. Mais, de souvenirs en faux-semblants, celui-ci va se retrouver pris au piège d’un maelström de fausses pistes.

Et si la vérité n’était qu’une histoire parmi d’autres ?

Avis d’Artémis

Voilà un livre pour lequel le terme page turner est adéquat. En effet, une fois Jeux de miroirs entamé, vous ne pourrez plus le lâcher avant de connaître le fin mot de l’histoire. Il répond exactement au cahier des charges du roman policier : une intrigue prenante dès les premières pages (à la page 2, on est déjà plongé dedans !), un sujet de fond intriguant (le rapport à la mémoire), une enquête qui brouille les pistes et un dénouement au dernier moment grâce à tous les indices semés au fil des pages.

Avec une couverture argentée et réfléchissante faisant écho au titre, Jeux de miroirs est un roman à plusieurs voix et commençant par un récit enchâssé. Cette structure dynamise le roman : les personnages se donnent en quelque sorte la parole les uns après les autres, après avoir accompli leur mission et s’être passé le relais. Le procédé est astucieux et fonctionne bien. E. O. Chirovici évite le superflu et joue avec différents narrateurs, donc différents styles.

Peter Katz est agent littéraire et c’est lui qui lance l’histoire. Au-dessus de son épaule, le lecteur découvre avec lui la lettre d’un auteur, un certain Richard Flynn, qui l’interpelle par son originalité. Sa curiosité éveillée, il se lance dans la lecture de l’extrait de manuscrit joint à la lettre, intitulé Jeux de miroirs. On plonge avec lui dans le récit puisque ce roman dans le roman constitue le premier tiers de l’ouvrage, et on commence à perdre ses repères. Richard Flynn est romancier mais semble rapporter des événements qui se sont réellement déroulés dans son passé… Y a-t-il une part de fiction ? Les événements sont lointains, sa mémoire ne lui joue-t-elle pas des tours ?

A l’université de Princeton, en 1987, Richard Flynn est alors étudiant. Il se retrouve au cœur d’une affaire de meurtre : celle du professeur Wieder, psychiatre travaillant notamment sur la mémoire et la formation des souvenirs. Il avait rencontré cet universitaire réputé peu de temps auparavant grâce à sa nouvelle colocataire, Laura Baines, jeune femme mystérieuse dont il tombe sous le charme. L’assassinat du professeur surprend tout le monde, et l’enquête n’est jamais élucidée, malgré plusieurs pistes étudiées.

On s’arrête brutalement : ce n’est qu’un extrait de manuscrit qui a été envoyé à un agent littéraire. Bien sûr, Peter Katz a envie de lire la suite (et nous aussi !), mais impossible de contacter l’auteur. Après une petite enquête, il apparaît que Richard Flynn était gravement malade et il s’éteint sans que Peter Katz ait pu apprendre quoi que ce soit ni obtenir le manuscrit complet. Impossible d’en rester là ! Peter Katz fait donc appel à un journaliste pour enquêter.

C’est au tour de John Keller de prendre en charge la narration. Alors qu’il accepte cette enquête avant tout car il a besoin de travail, il est intrigué et se prend au jeu. Il plonge dans le passé pour essayer de reconstituer le fil des événements, de mieux comprendre les personnalités impliquées, de dénouer le vrai du faux du texte de Richard Flynn. Au cours de ses recherches, il tombe sur Roy Freeman, policier à la retraite qui s’est occupé de l’affaire à l’époque. C’est lui le narrateur de la dernière partie.

Les pages s’enchaînent toutes seules : le récit est mené avec maîtrise, les informations distillées au fur et à mesure. On ne se perd pas dans des digressions accessoires, le style est net et précis, mais l’auteur prend le temps de présenter ses personnages, de les construire avec une histoire personnelle qui les rend plutôt attachants et qui enrichit le roman. Un petit regret toutefois, le traitement de la vie personnelle de John Keller semble traitée un peu rapidement, on reste légèrement sur notre faim.

E. O. Chirovici était jusqu’à présent un inconnu en France : Jeux de miroirs est son premier roman traduit en français. N’hésitez pas à lire la Note de l’auteur qui clôture le livre, elle permet de le découvrir. Il confie aussi au lecteur comment lui est venue l’idée du livre. On espère découvrir bientôt d’autres romans de cet auteur !

Si vous n’êtes pas (encore !) convaincu, l’éditeur, Les Escales, vous propose de lire les premières pages du roman sur son site officiel (cliquez ici)[[L’extrait se trouve tout en bas de la page web.]], alors n’hésitez pas ! Bonne lecture !

Fiche technique

Format : broché
Pages : 304
Editeur : Les Escales
Sortie : 26 janvier 2017
Prix : 21,90 €