La Muse – Avis +

Présentation de l’éditeur

« — Miss Siddal, ne vous a-t-on jamais dit que vous aviez incontestablement été créée par les dieux pour être peinte ? Quoi qu’il en soit, si vous ne croyez pas que votre beauté transcende les époques, vous vous sous-estimez. »

Avec son teint diaphane et sa longue chevelure cuivrée, Lizzie Siddal n’a rien de l’idéal victorien aux joues roses. À l’atelier de chapellerie où elle travaille, Lizzie assemble des coiffes somptueuses destinées à de jeunes élégantes fortunées. Un jour, elle attire l’attention du peintre et poète préraphaélite Dante Gabriel Rossetti.

Envoûté à la fois par sa beauté sublime et ses dons artistiques, celui-ci l’entraîne dans l’univers scintillant des salons et des soirées bohèmes. Mais incarner la muse que tous les artistes rêvent d’immortaliser se révélera bien plus cruel que tout ce que la jeune femme pouvait imaginer.

Avis de Claire

Lizzie Siddall (c’est son nom de naissance, car c’est Rossetti qui l’affranchira du second -l) fabrique des chapeaux dans un atelier de modiste connu à Londres. Elle s’abîme quotidiennement doigts et yeux pour un salaire de misère. La jeune fille vient d’une famille éduquée mais pauvre. Comme dans le roman de Charles Dickens Bleak House (La Maison d’Âpre-Vent) et le fameux procès « Jarndyce contre Jarndyce », son père s’est ruiné en frais d’avocat pour essayer de retrouver une supposée splendeur passée.

Lizzie possède une honnêteté et une vertu à toute épreuve. Ce sont pour elle ses biens les plus précieux. Un jour, le regard d’un peintre voit en elle ce qu’elle ignore : son incroyable beauté. Auréolé d’une chevelure rousse qui la pare d’un halo lumineux, son visage a la pureté de l’ange. Elle ne correspond pas aux canons de beauté de cette époque victorienne, qui célèbre la jolie blonde aux joues roses. Lizzie est pâle, presque androgyne, et pourtant profondément féminine.

Le peintre, c’est Walter Deverell, l’ami intime du sulfureux Dante Gabriel Rossetti. Les deux hommes sont bien évidemment amoureux, mais la morale veut que l’on ne fréquente pas son modèle, quand on est un gentleman. Dante n’a pas de tels scrupules, d’ailleurs les amateurs du mouvement préraphaélite connaissent l’impact que ce couple maudit a eu sur ce mouvement et combien il a révolutionné l’art. L’amour entre Lizzie et Dante sera tout aussi dévastateur que créatif.

Rita Cameron brode autour de cette thématique et comble les trous de l’histoire, en rendant justice à cette femme artiste, qui bien au-delà de l’inspiratrice ou de l’amante, a été une peintre extrêmement douée et sensible, qui a appris en observant. Si elle a été modèle de centaines d’oeuvres, elle n’a jamais vraiment connu la notoriété en tant que peintre, à l’instar de ses amies artistes Anna Howitt (1824 – 1884) et Barbara Leigh Smith (1827 – 1891), chefs de file des premiers mouvements féministes.[[La National Gallery de Londres a récemment organisé une grande exposition consacrée aux femmes peintres et muses du préraphaélisme.]]

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à aller consulter le site internet de Rita Cameron, malheureusement pas mis à jour. Enfin, on regrette que l’édition française n’a pas conservé la très belle première de couverture originale, la peinture de John Millais Ophelia, pour laquelle Elizabeth Siddal a presque perdu la vie, et qui donne d’ailleurs son titre au roman dans la version originale.

Fiche technique

Format : broché
Pages : 554
Éditeur : Milady
Sortie : 17 octobre 2018
Prix : 18,20 €